mardi 31 décembre 2013

CRISES AGRICOLES

Crises agricoles

Les sciences agronomiques cherchent actuellement à nourrir l'homme, avec une plus grande sécurité, une bonne gestion des ressources naturelles et un respect pour l'environnement. Les fonctions économiques, environnementales et sociales de l'agriculture sont aujourd'hui au cœur d'un vaste débat de société. De récentes crises (vache folle, organismes génétiquement modifiés, en Allemagne bactéries mortelles sur les graines germées bio (2011)), ont bien montré la complexité et l'importance de ce débat, en mettant notamment en évidence le lien entre recherche agronomique et intérêts économiques : association extrêmement efficace pour accélérer l'innovation mais posant problème dès lors qu'il convient de l'évaluer objectivement. En effet, les spécialistes, impliqués dans des programmes industriels peuvent se retrouver juges et parties. C'est le problème plus général du conflit d'intérêt étendu aux chercheurs.

Compte tenu des importantes difficultés économiques du monde agricole et paysans au cours des années 1980-90 marquée par une chute constante du prix des matières agricoles, certains agronomes estiment indispensable de mettre à jour les mécanismes explicatifs de l'évolution de l'agriculture en les reliant à l'évolution de la demande sociale. L'approche agronomique purement locale est enrichie et complétée par une approche qui vise à replacer l'agriculture et les systèmes de production mis en place dans le contexte mondial. À l'heure de la mondialisation des échanges, il paraît impossible d'interpréter correctement les stratégies agricoles sans connaître les politiques agricoles et les accords internationaux notamment dans le cadre de Organisation mondiale du commerce qui conditionne le prix des matières premières et donc la rentabilité des productions.

lundi 30 décembre 2013

LA SANTE PUBLIQUE COMME INDICATEUR A LONG-TERME DE LA GESTION DE LA BIODIVERSITE



PLAN DE TRAVAIL
PREMIER CHAPITRE : I NTRODUCTION
1.1. Historique
1.2. Définition des Concepts Clés
DEUXIEME CHAPITRE : PLACE DE LA GESTION DES RESSOURCES NATURELLES EN SANTE PUBLIQUE
2.1.  Impact  de la dégradation de l’environnement sur la santé
2.2. Relation entre biodiversité et la santé Publique
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES























PREMIER CHAPITRE : I NTRODUCTION
1.1.  Historique
                                   L'expression biological diversity a été inventée par Thomas Lovejoy en 1980[     tandis que le terme biodiversity lui-même a été inventé par Walter G. Rosen en 1985 lors de la préparaion du National Forum on Biological Diversity organisé par le National Research Council en 1986 ; le mot « biodiversité » apparaît pour la première fois en 1988 dans une publication, lorsque l'entomologiste américain E.O. Wilson(1988) en fait le titre du compte rendu de ce forum[]. Le mot biodiversity avait été jugé plus efficace en termes de communication que biological diversity.
                                   Depuis 1986, le terme et le concept sont très utilisés parmi les biologistes, les écologues, les écologistes et les dirigeants des organismes les plus divers, publics ou privés. L'utilisation du terme coïncide avec la prise de conscience de l'extinction d'espèces au cours des dernières décennies du XXe siècle.
                                   En juin 1992, le sommet planétaire de Rio de Janeiro a marqué l'entrée en force sur la scène internationale de préoccupations et de convoitises vis-à-vis de la diversité du monde vivant. Au cours de la Convention sur la diversité biologique qui s'est tenue le 5 juin 1992, la diversité biologique a été définie comme :« La variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes. »

                             Si dans l’esprit de la plupart des gens la santé est l’absence de maladie, les spécialistes en santé publique  s’entendent pour lui conférer une signification beaucoup plus large. Peu après la deuxième guerre mondiale, l’OMS avait proposé une définition de la santé qui fait maintenant partie de sa charte.
                            
                                Selon Nielsen (1999), le monde est sujet aux influences d’une multitude de facteurs complexes qui affectent la santé de tous les êtres vivants, et qui ne peuvent être résolus uniquement par l’approche réductionniste médicale, malgré toute la sophistication de cette dernière.
                            
                              Au cours de 30 dernières années, plusieurs approches écologiques globales ont été proposées pour permettre une meilleure compréhension des relations complexes entre le cadre de vie et la santé humaine (VanLeeuwen et coll., 1999).Essentiellement, ces modèles globaux qui ont largement influencé le domaine de la santé publique reposent sur 4 grandes composantes ayant un impact sur la santé des individus et des communautés :le milieu biophysique(environnement),les facteurs sociaux(incluant les aspects économiques et structuraux),les aspects comportementaux des individus(style de vie) et leur bagage génétique(composante biologique)(Blum,1974,Lalonde,1974,Dever,1976) .

                             Il est toutefois indéniable que les praticiens de la Santé Publique reconnaissent que les interactions entre ces facteurs  peuvent être la cause directe de la maladie, tout comme ils peuvent agir en modulateurs des agents infectieux ou de particularités du génome de chaque individu et ainsi  affecter leur bien être (VanLeeuwen et coll., 1999 ; Fielding, 1999).
                                   La biodiversité joue un rôle prépondérant dans le bien-être humain, notamment à travers son impact sur la santé et la fourniture de matières premières. Or, les activités humaines entraînent bien souvent des pertes irréversibles en termes de diversité de vie sur Terre, pertes qui ont été plus rapides au cours de ces 50 dernières années qu’à n’importe quelle autre période de l’histoire humaine (Rachel Wynberg, Biowatch  2000).
                                   L'exercice de gestion des ressources naturelles dans la plupart des pays d'Afrique subsahariens constitue une réponse à la crise de développement intervenue à partir des années 1960.La prise de conscience du caractère structurel et global de la crise environnementale a conduit à plusieurs assises internationales. Le Sénégal, en signant la convention internationale sur la diversité biologique à Rio en Juin 1992 est venu offrir un cadre formel qui devrait permettre de confirmer et d'harmoniser des traditions répandues et une politique gouvernementale de conservation des ressources naturelles (Souleymane KOUTOUDIO ,2005)
                                   Les indicateurs dans le monde de la biologie sont très variés. Certains d’entre eux permettent de définir l’état d’un milieu en fonction de la présence et de la santé des espèces animales ou végétales qui y vivent. C’est par exemple le cas de l’état des truites dans les réservoirs d’eau, qui indique sa potabilité ; ou bien le chant des rossignols dans les mines de charbon, qui renseigne sur la teneur de l’air en grisou (méthane) ; ou encore l’état physiologique des foies de poissons, signe de la pollution chimique globale de l’eau de mer...

                                   D’autres indicateurs servent à apprécier « l’état de santé » de la biodiversité. Cependant, une grande partie de celle-ci reste encore inconnue. En effet, même si plus de 1,7 million d’espèces(1) ont été découvertes jusqu’à maintenant, certains scientifiques estiment plusieurs millions le nombre total d’espèces sur Terre.
                                   Il faut souligner que l’état de la biodiversité ne « se mesure pas » comme on mesure une distance. De nombreux paramètres interviennent (nombre d’espèces, maintien ou baisse de la diversité génétique au sein d’une même espèce, de la taille des populations ; interactions entre populations et habitats ; position dans la chaîne alimentaire, etc.) et les scientifiques ne peuvent pas définir un indicateur unique de la biodiversité regroupant tous ces paramètres. C’est pourquoi plusieurs indicateurs sont nécessaires pour mesurer son érosion (Lecointre .G. Le Guyader H., 2006).
© CNRS Photothèque  /  GRAILLE Roland

Indice d’abondance

Palmiers à huile (Costa Rica)L’indice d’abondance résulte de l’inventaire du nombre d’espèces et de leur abondance en un lieu donné. Quand le milieu est petit, on relève l’ensemble des organismes présents et l’indicateur d’abondance est dit absolu. Mais comme ce cas est rarissime, on échantillonne la plupart du temps les espèces sur une petite parcelle de terrain pour obtenir un indicateur relatif. Cette méthode, renouvelée régulièrement, permet de mettre en évidence :© Bruno Locatelli (www.locatelli1.net)
  • Réserve de La Selva (Costa Rica)la différence de diversité entre tous les écosystèmes qui composent le milieu étudié ;© Bruno Locatelli (www.locatelli1.net)
Ces différents niveaux de diversité permettent - lorsqu’ils peuvent tous être mesurés - de caractériser précisément la biodiversité d’une région.

Rédaction :

Renan Aufray et Manuelle Rovillé

Validation scientifique :

Harold Levrel (cadre de recherche à l’Ifremer)

Sources de l'article

  • M. N. de Casamajor. Indicateur d’abondance civelle. (Ifremer)

Le taux d’extinction

Toute espèce a une durée de vie limitée qui est de l’ordre de cinq à dix millions d’années. A partir de l’espérance de vie des espèces et de leur nombre, il est possible de calculer un taux d’extinction global. Celui-ci correspond au nombre d’espèces qui disparaissent en un temps donné. Il est principalement lié au nombre d’individus. Ainsi, plus le nombre d’individus au sein d’une espèce est faible, plus les risques de disparition de cette dernière sont importants du fait de faibles capacités d’adaptations pour faire face aux changements environnementaux.
Au cours des 65 derniers millions d’années, le taux d’extinction moyen a tourné autour d’une extinction par an pour un million d’espèces. Aujourd’hui, ce taux serait entre «  50 et 560 fois supérieur au taux d’extinction attendu pour une biodiversité stable » mais beaucoup affirment que ce taux serait en fait 100 fois plus important et qu’il continue d’augmenter. Tout cela va dans le sens de l’hypothèse d’une sixième crise d’extinction des espèces, liée à l’apparition de l’espèce humaine et à son extraordinaire expansion.
Le taux d’extinction global des espèces que compte la Terre est aujourd’hui l’indicateur de biodiversité le plus emblématique et le plus controversé. Cet indicateur est très imparfait pour suivre ou gérer la biodiversité mais il s’agit d’un bon indicateur pour communiquer sur les risques qui touchent la biodiversité aujourd’hui. Il répondait à un besoin spécifique : tirer la sonnette d’alarme à propos de l’évolution de l’état de la biodiversité. Il n’a pas pour objectif de fournir un outil de suivi efficace sur la biodiversité mais de mobiliser l’opinion publique sur les menaces qu’elle subit.

Rédaction :

Harold Levrel (cadre de recherche à l’Ifremer)

Sources de l'article

L’indice «  Liste Rouge »

Oiseau marin (Costa Rica)La liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) est une liste des espèces en danger sur Terre.
Elle permet d’établir un Indicateur liste rouge (ILR) qui traduit une amélioration ou une détérioration du statut d’une espèce dans le temps. Cet indicateur est facile à calculer puisqu’il suffit qu’une espèce ait été relevée dans la liste rouge à deux moments différents. L’évolution de son statut dans la liste rouge indique donc si elle est en régression ou en augmentation. En intégrant le nombre d’espèces dans chaque catégorie ainsi que l’évolution de leurs statuts, l’ILR permet de montrer une évolution globale dans le temps d’un groupe faunistique.
Pour les oiseaux par exemple, l’ILR a permis de montrer que leur biodiversité avait diminué dans toutes les régions du monde ces vingt dernières années.© Bruno Locatelli (www.locatelli1.net)

Rédaction :

Renan Aufray et Manuelle Rovillé


Validation scientifique :

Harold Levrel (cadre de recherche à l’Ifremer)

Sources de l'article

  • site «  Liste rouge » UICN

Les indicateurs «  Oiseaux communs »

http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/content/medias/videos/miniatures/V1ChriststocCD_125.jpgvideoPanama city (Panama)Les indicateurs «  Oiseaux communs » se basent sur la variation relative de l’abondance de leurs populations et sont une application de l’Indice d’abondance. Leur enjeu : rassembler des informations quantitatives sur la distribution et l’évolution numérique des populations des espèces d’oiseaux les plus communes (environ 120 espèces en France). Ces indicateurs sont très utiles pour le suivi de la biodiversité.
(STOC : Suivi Temporel des Oiseaux Communs)
(Interview de Christian Kerbiriou)
Extrait du DVD "Quelle nature voulons-nous ?
Observatoires et conservation de la biodiversité"
Anne Teyssèdre © MNHN 2007
© Bruno Locatelli (www.locatelli1.net)

Mésange bleue (Parus caeruleus)Tout d’abord, les oiseaux communs occupent une large gamme d’écosystèmes, y compris les écosystèmes urbains. Leurs indicateurs sont construits à partir d’une source d’information facilement accessible et répartie de manière relativement homogène sur le territoire. Ainsi, un réseau d’observateurs bénévoles sur les oiseaux communs a pu être mis en place et générer un grand nombre de données ces dernières années.© Frédéric Jiguet
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/content/medias/videos/miniatures/V1baguageCD_125.jpgvideoLes populations d’oiseaux communs sont par ailleurs constitués de grandes quantités d’individus – à l’inverse des espèces rares caractérisées par une faible abondance – et contribuent donc le plus au fonctionnement des écosystèmes et à leurs évolutions. Des indicateurs issus de ces populations offrent donc des outils efficaces pour évaluer le fonctionnement des écosystèmes.
(STOC : Suivi Temporel des Oiseaux Communs)
Baguage et captures
(Interview de Romain Julliard et Christian Kerbiriou)
Extrait du DVD "Quelle nature voulons-nous ?
Observatoires et conservation de la biodiversité"
Anne Teyssèdre © MNHN 2007
Pouillot fitis (Phylloscopus trochilus)D’autre part, ces populations - situées à un niveau élevé dans la chaîne alimentaire - sont indirectement sensibles aux perturbations que subit l’ensemble des composants de l’écosystème. Leur évolution offre donc un indicateur qui permet de mesurer l’état de santé des écosystèmes.© Frédéric Jiguet

http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/content/medias/videos/miniatures/V1romainCD_125.jpgvideoEnfin, la biologie des oiseaux communs, le rôle de ces derniers dans le fonctionnement des écosystèmes et les causes de leur déclin sont relativement bien connus, à la différence de la plupart des autres éléments de la biodiversité. C’est pourquoi l’évolution des indicateurs oiseaux communs est relativement facile à interpréter.
(STOC : Suivi Temporel des Oiseaux Communs)
Succès de reproduction, taux de survie
(Interview de Romain Julliard)
Extrait du DVD "Quelle nature voulons-nous ?
Observatoires et conservation de la biodiversité"
Anne Teyssèdre © MNHN 2007
Fauvette grisette (Sylvia communis)Mais leur avantage décisif est qu’ils sont fondés sur le suivi de populations dont la taille est très sensible aux changements environnementaux à court terme, ce qui permet de produire des indicateurs dont l’évolution d’une année sur l’autre a un sens précis. Ceci explique pourquoi ils peuvent fournir des outils d’évaluation efficaces, notamment pour mesurer les avancées liées aux objectifs des politiques en matière d’environnement.© Frédéric Jiguet
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/content/medias/videos/miniatures/V1fredCD_125.jpgvideoEn France les calculs montrent qu’entre 1989 et 2001, les 89 populations d’oiseaux communs prises en compte auraient globalement régressées de 14%. Ces données soulignent que 27 espèces sont en déclin, 14 sont à surveiller, 40 sont stables et 8 augmentent (1).
(STOC : Suivi Temporel des Oiseaux Communs)
(Interview de Frédéric Jiguet )
Extrait du DVD "Quelle nature voulons-nous ?
Observatoires et conservation de la biodiversité"
Anne Teyssèdre © MNHN 2007
Pinson des arbres (Fringilla coelebs)Les indicateurs Oiseaux communs ont également été utilisés pour évaluer les changements globaux liés à l’évolution de l’état de santé des habitats. Afin de produire ces indicateurs, les espèces communes ont été regroupées en fonction de leur degré de spécialisation vis-à-vis de certains habitats – milieux forestiers, agricoles et bâtis. © Frédéric Jiguet
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/content/medias/videos/miniatures/V1JBaptisteCD_125.jpgvideoCe niveau de spécialisation est mesuré par l’abondance des différentes espèces dans les différents habitats. Le critère retenu pour qualifier une espèce commune de «  spécialiste » est que son abondance dans un habitat spécifique est au moins deux fois supérieure à son abondance moyenne dans les autres habitats. A l’inverse, les espèces généralistes sont celles dont l’abondance varie peu d’un habitat à l’autre.
(STOC : Suivi Temporel des Oiseaux Communs)
(Interview de Jean-Baptiste Crouzier)
Extrait du DVD "Quelle nature voulons-nous ?
Observatoires et conservation de la biodiversité"
Anne Teyssèdre © MNHN 2007
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/content/medias/videos/miniatures/V2fredCD_125.jpgvideoCes indicateurs permettent de fournir une information sur l’évolution des habitats, l’impact de cette évolution sur les oiseaux (l’avifaune) et la vulnérabilité de certaines espèces vis-à-vis des changements actuels ou passés tels que l’intensification agricole.
(STOC : Suivi Temporel des Oiseaux Communs)
(Interview de Frédéric Jiguet )
Extrait du DVD "Quelle nature voulons-nous ?
Observatoires et conservation de la biodiversité"
Anne Teyssèdre © MNHN 2007
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/content/medias/videos/miniatures/V2pierreyvesCD_125.jpgvideoLes résultats (pour la période 1989-2003) montrent que les espèces spécialistes subissent un déclin plus important que les espèces généralistes (seulement 3% de baisse entre 1989 et 2003). D’une part, ils soulignent le déclin des espèces agricoles (- 25%) et des espèces forestières (- 18%) et d’autre part, la relative stabilité des espèces spécialistes des milieux exploités par les humains (- 9%).
(STOC : Suivi Temporel des Oiseaux Communs)
(Interview de Pierre-Yves Henry)
Extrait du DVD Quelle nature voulons-nous ?
Observatoires et conservation de la biodiversité
Anne Teyssèdre © MNHN 2007
Variation d'abondance des oiseaux spécialistes en Francehttp://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/content/medias/videos/miniatures/V2romain1CD_125.jpgvideo© Couvet et al. (2004)
(STOC : Suivi Temporel des Oiseaux Communs)
(Interview de Romain Julliard)
Extrait du DVD "Quelle nature voulons-nous ?
Observatoires et conservation de la biodiversité"
Anne Teyssèdre © MNHN 2007


Rédaction :

Harold Levrel, Renan Aufray et Manuelle Rovillé

Validation scientifique :

Harold Levrel (cadre de recherche à l’Ifremer)

Sources de l'article

  • Programme STOC
1.2. Définition des Concepts Clés
Biodiversité, contraction de « diversité biologique » désignant la variété et la diversité du monde vivant. Dans son sens le plus large, ce mot est quasi synonyme de « variété du monde vivant ». On parle de biodiversité fonctionnelle pour décrire les capacités adaptatives des écosystèmes et assemblages d'organismes aux variations des conditions environnementales (abiotiques et biotiques), aux échelles de la population et de la communauté. Cette approche s'intéresse aux raisons et conditions qui font que la biodiversité influence fortement le fonctionnement, la stabilité et la productivité des écosystèmes y compris et notamment dans les écosystèmes marins  dont les limites physiques sont parfois moins perceptibles que sur terre. Les anglophones parlent volontiers de patron ou pattern de biodiversité pour décrire la manière dont la diversité des espèces varie et se répartit quantitativement et qualitativement, aux échelles mondiales à locales ; travail bien avancé sur terre, mais qui ne fait que débuter pour la biodiversité marine.

Selon la définition proposée par le bureau européen de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1994 lors de la conférence d’Helsinki, « la santé environnementale (environnemental health) comprend les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. Elle concerne également la politique et les pratiques de gestion, de résorption, de contrôle et de prévention des facteurs environnementaux susceptibles d’affecter la santé des générations actuelles et futures ».
Il s’agit donc à la fois d’une pratique et d’une science dont les frontières s’avèrent extrêmement difficiles à délimiter tant les domaines couverts sont potentiellement vastes et susceptibles d’interférer les uns avec les autres.
                        De surcroît, selon que l’on privilégie une entrée sanitaire -donc santé publique- ou une entrée environnementale -au sens du développement durable- la terminologie et sa connotation peuvent varier sensiblement. Il n’est pas anodin de constater la difficulté à qualifier cette notion d’environmental health en français : santé-environnement, environnement-santé, santé environnementale voire hygiène de l’environnement selon les traductions officielles pourtant récentes de l’OMS


Ø  Santé Publique
                  C’est l’art, la science de prévenir les maladies, d’améliorer, de prolonger la vie, la santé et la vitalité mentale, physique des individus par le moyen d’une action collective concertée visant à :
Ø  Assainir le milieu ;
Ø  Lutter contre les maladies qui présentent une importance sociale ;
Ø  Enseigner à l’individu les règles d’hygiène personnelle ;
Ø  Organiser les services médicaux, infirmiers, en vue du diagnostic précoce et du préventif des individus
Ø  Mettre en œuvre des mesures sociales propres à assurer à chaque individu un niveau de vie compatible avec le maintien de sa santé (Nyamugabo.M.N, 2012).




















DEUXIEME CHAPITRE : PLACE DE LA GESTION DES RESSOURCES NATURELLES EN SANTE PUBLIQUE

                                   La biodiversité offre de nombreux bienfaits fondamentaux aux humains qui vont au delà de la simple fourniture de matières premières. La perte de biodiversité a des effets néfastes sur plusieurs aspects du bien-être humain, tels que la sécurité alimentaire, la vulnérabilité face aux catastrophes naturelles, la sécurité énergétique et l’accès à l’eau propre et aux matières premières. Elle touche également la santé, les relations sociales et la liberté de choix.
                                    La société a généralement plusieurs objectifs concurrents, dont beaucoup dépendent de la biodiversité. Lorsque l’être humain modifie un écosystème pour en améliorer un des services, cela se traduit généralement par des changements dans d’autres services fournis par les écosystèmes. Par exemple, les mesures prises pour accroître la production d’aliments peuvent conduire à une diminution de la quantité d’eau disponible pour d’autres usages. A cause de telles contreparties négatives, de nombreux services ont été dégradés. C’est le cas notamment des stocks de poisson, de la fourniture d’eau et de la protection contre les catastrophes naturelles. À long terme, la valeur des services perdus pourrait largement dépasser les profits à court terme engendrés par la transformation des écosystèmes.
                                   Contrairement aux biens achetés et vendus sur les marchés, bon nombre de services fournis par les écosystèmes ne sont pas échangés sur les marchés à des prix directement observables. Cela signifie que les marchés financiers ignorent l’importance de la biodiversité et des processus naturels en tant que source de bienfaits pour les humains. On utilise actuellement de nouvelles méthodes pour attribuer des valeurs monétaires aux bienfaits tels que les loisirs ou l’eau potable. La dégradation des services fournis par les écosystèmes pourrait être considérablement ralentie, voire inversée, si la valeur économique totale de ces services était prise en compte dans les processus de prise de décision.
                                   Au cours du siècle dernier, si certaines personnes ont bénéficié de la conversion d’écosystèmes naturels et d’une croissance du commerce international, d’autres ont souffert des conséquences de la perte de biodiversité et d’un accès restreint aux ressources dont ils dépendent. Les changements dans les écosystèmes nuisent à bon nombre de personnes parmi les plus pauvres au monde, qui sont les moins à même de s’adapter à ces changements.(Green Facts, 2005)
                                     La biodiversité diminue rapidement en raison de facteurs tels que les changements dans l’affectation des sols, le changement climatique, les espèces envahissantes, la surexploitation et la pollution. Ces facteurs de changement, qu’ils soient naturels ou induits par l’homme, ont tendances à interagir et à s’amplifier mutuellement.
                                   Alors que les changements dans la biodiversité sont plus clairement liés aux facteurs directs comme la perte d’habitat, ils sont également liés aux facteurs indirects qui sont à la base de nombreux changements dans les écosystèmes. Les facteurs indirects sont les changements dans la population humaine, l’activité économique, et la technologie, de même que les facteurs sociopolitiques et culturels.
 Au cours des 50 dernières années, différents facteurs directs ont eu une importance capitale dans différents écosystèmes. Par exemple, dans les écosystèmes terrestres, le facteur principal a été la modification de la couverture terrestre, comme la transformation de forêts en terres cultivables. Dans les systèmes marins, par contre, ce sont la pêche, et en particulier la surpêche, qui sont les principaux facteurs de perte de biodiversité.
                                    Globalement, les principaux facteurs conduisant directement à la perte de biodiversité sont: la transformation des habitats (par exemple la fragmentation des forêts), les espèces étrangères envahissantes qui s’établissent et se répandent hors de leur zone de distribution normale, la surexploitation des ressources naturelles et la pollution, en particulier celle due à l’usage excessif d’engrais qui conduit à des trop-pleins de nutriments dans les sols et dans l’eau.
 Les changements climatiques récents ont déjà eu de sérieux impacts sur la biodiversité et les écosystèmes dans certaines régions. A mesure que le changement climatique va s’aggraver, on s’attend à ce que les conséquences néfastes sur les services fournis par les écosystèmes l’emportent sur les avantages éventuels (par exemple une saison de croissance plus longue) dans la plupart des régions du monde. On s’attend à ce que le changement climatique aggrave les risques d’extinction, d’inondations, de sécheresses, de réduction des populations, et d’épidémies.
                                    De nombreux facteurs de changement exercent aujourd’hui une pression plus forte sur la biodiversité que par le passé. Qui plus est, ceux-ci agissent simultanément. Étant donné qu’une espèce exposée à une menace est bien souvent plus vulnérable face à une autre menace, des menaces multiples peuvent avoir des impacts considérables inattendus sur la biodiversité. Les facteurs d’extinction peuvent agir à différentes échelles géographiques, allant du niveau local au niveau mondial, et avoir des effets immédiats ou à long terme. Par exemple, la disparition d’espèces suite à une perte d’habitat peut être rapide pour certaines espèces et prendre des centaines d’années pour d’autres. (Green Facts, op.cit)
.
                                   Dans l’ensemble, selon ces quatre scénarios, les terres agricoles vont s’étendre au détriment du couvert forestier, en particulier dans les pays en voie de développement. Cela conduira à une diminution continue de la biodiversité locale et mondiale, principalement suite à la perte d’habitat. Des approches plus proactives de la gestion de l'environnement pourront ralentir ces tendances plus efficacement.  On s’attend à ce que la biodiversité aquatique et certaines populations de poissons diminuent en raison de facteurs tels que des niveaux excessifs de nutriments, la surexploitation, l’envahissement par des espèces étrangères et la pollution.
                                    La perte de biodiversité nuira au bien-être humain à la fois directement et indirectement. Les effets directs comprennent un risque accru de changements environnementaux abrupts, comme les effondrements de stocks de pêche, les inondations, les sécheresses, les feux de forêts et les maladies. Les changements toucheront également le bien-   être humain indirectement, par exemple sous la forme de conflits liés à la raréfaction des ressources de nourriture et d’eau. Bien que tous les scénarios prévoient une hausse du revenu moyen par personne, cela peut masquer une inégalité croissante notamment en termes de sécurité alimentaire. Des décisions majeures devront aborder les compromis entre objectifs concurrents, par exemple entre la production agricole et la qualité de l’eau, ou bien entre l’utilisation de l’eau et la biodiversité aquatique. Les politiques qui préservent plus de biodiversité favorisent également un meilleur bien-être humain global en préservant les multiples bienfaits que procurent les écosystèmes.

2.1. Impact  de la dégradation de l’environnement sur la santé
                                   Les activités humaines perturbent la structure et les fonctions de l’écosystème et modifient la biodiversité originelle. Ces perturbations entraînent la raréfaction de certains organismes et la multiplication d’autres organismes, modifient les interactions entre les différents organismes et les interactions de ces organismes avec leur environnement physique et chimique et influent sur les caractéristiques des maladies infectieuses.
                                   Certains facteurs importants ont une influence sur les réservoirs d’agents infectieux et la transmission des maladies. C'est le cas de la déforestation, l’aménagement du territoire, la gestion de l’eau, la résistance aux pesticides chimiques utilisés pour lutter contre certains vecteurs de maladies, le changement climatique, les migrations, les voyages internationaux et le commerce international, ou encore l’introduction accidentelle ou intentionnelle d’agents pathogènes par l’homme.
                        La biodiversité joue un rôle essentiel dans la nutrition en raison de son influence sur la production agroalimentaire dans le monde, dans la mesure où elle assure la productivité durable des sols et fournit les ressources génétiques pour les cultures, les animaux d’élevage et les espèces marines comestibles. L’accès à une nourriture nutritive et variée en quantité suffisante est essentiel pour la santé.
                                   La nutrition et la biodiversité sont liées à de nombreux égards : l’écosystème permet de produire des denrées alimentaires et il renferme de nombreuses espèces génétiquement très diverses. La composition nutritionnelle de chaque aliment et des variétés ou cultivars d’un même aliment est extrêmement variable, ce qui a des répercussions sur la disponibilité des micronutriments dans l’alimentation. Pour que les régimes alimentaires locaux soient sains et suffisamment riches en nutriments, le niveau de biodiversité doit rester élevé.
                                   L’agriculture intensive, qui repose sur l’irrigation, l’utilisation d’engrais, la protection des végétaux (par le recours aux pesticides) ou l’introduction de variétés de culture et de systèmes de culture, a une incidence sur la biodiversité et donc sur la nutrition et la santé partout dans le monde. La simplification des habitats, la perte d’espèces et la succession des espèces rend souvent les populations plus vulnérables face aux maladies.



2.2. Relation entre biodiversité et la santé Publique

                              Selon la définition proposée par le bureau européen de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1994 lors de la conférence d’Helsinki, « la santé environnementale (environnemental health) comprend les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. Elle concerne également la politique et les pratiques de gestion, de résorption, de contrôle et de prévention des facteurs environnementaux susceptibles d’affecter la santé des générations actuelles et futures ».
                                   Il s’agit donc à la fois d’une pratique et d’une science dont les frontières s’avèrent extrêmement difficiles à délimiter tant les domaines couverts sont potentiellement vastes et susceptibles d’interférer les uns avec les autres.

                                    De surcroît, selon que l’on privilégie une entrée sanitaire -donc santé publique- ou une entrée environnementale -au sens du développement durable- la terminologie et sa connotation peuvent varier sensiblement. Il n’est pas anodin de constater la difficulté à qualifier cette notion d’environmental health en français : santé-environnement, environnement-santé, santé environnementale voire hygiène de l’environnement selon les traductions officielles pourtant récentes de l’OMS
                         L'ONU rappelle dans son rapport GEO-4 que sa dégradation « compromet le développement et menace les progrès futurs en matière de développement »(...) et «  menace également tous les aspects du bien-être humain. Il a été démontré que la dégradation de l'environnement est liée à des problèmes de santé humaine, comprenant certains types de cancers, des maladies à transmission vectorielle, de plus en plus de zoonoses, des carences nutritionnelles et des affectations respiratoires » (Rapport GEO-4, PNUE, 2007 )
Ce même rapport rappelle que l'environnement fournit l'essentiel des
ressources naturelles vitales de chacun (eau, air, sol, aliments, fibres, médicaments, etc.) et de l'Économie ;
                        « Presque la moitié des emplois mondiaux dépendent de la pêche, des forêts, ou de l'agriculture. L'utilisation non-durable des ressources naturelles, englobant les terres, les eaux, les forêts et la pêche, peut menacer les moyens d'existence individuels ainsi que les économies locales, nationales et internationales. L'environnement peut grandement contribuer au développement et au bien-être humain, mais peut tout aussi bien accroître la vulnérabilité de l'homme, en engendrant de l'insécurité et des migrations humaines lors de tempêtes, de sécheresses, ou d'une gestion écologique déficiente. Les contraintes écologiques encouragent la coopération, mais elles contribuent aussi à la création de tensions ou de conflits » (Rapport GEO-4, PNUE, 2007) [].
                                   Les dégradations de l'environnement ont des effets importants, sur la santé humaine et la qualité de vie des populations (Bénédicte Gastineau et Frédéric Sandron. 2006) comme en attestent les études sur le sujet et les différents organismes chargés d'étudier la relation entre la santé et l'environnement. La qualité de l'environnement — notamment dans les régions fortement peuplées —, est devenue un véritable problème de santé publique.
                                    Le lien entre santé et environnement a pris toute son importance depuis le sommet de la Terre de Rio en 1992 ; la protection de l'environnement est alors apparue comme une étape incontournable des politiques de santé publique mondiales. Ce lien est généralement désigné par le terme santé-environnement, et il est étudié par la médecine environnementale et le domaine des risques sanitaires ( l'agenda 21 élaboré à Rio en 1992).
Les domaines de l'environnement pour lesquels la pollution peut avoir les conséquences les plus néfastes sur les populations sont l'eau et l'air ressources indispensables à la vie. La pollution des sols peut aussi générer, à plus long terme, des problématiques sanitaires. L’eau et l'air peuvent être vecteurs de produits toxiques, CMR, non-biodégradables, allergisants ou eutrophisants mais aussi de virus, bactéries et autres agents pathogènes ayant des effets pathologiques directs, à court, moyen ou long terme, sur les organismes vivants[( l'agenda 21 élaboré à Rio en 1992).
                                   La biodiversité et la santé publique  sont intrinsèquement liées, les interactions entre biodiversité et santé publique sont multiples (Wittmer H., Berghöfer A., Keune H., Martens P., Förster J. and Almack K. Forthcoming 2012). Tout d’abord, la biodiversité est garante de la qualité de nos aliments, de l’air que nous respirons et de l’eau que nous utilisons quotidiennement. La biodiversité est aussi une ressource primordiale pour les médecines traditionnelles et moderne en tant que réservoir de substances actives, mais également grâce aux bénéfices qu’elle procure à son contact (rétablissement après une maladie, diminution du stress, stimulation des liens sociaux et des performances physiques ou intellectuelles, etc.).

                                    La biodiversité favorise aussi le contrôle des maladies infectieuses (par exemple, en Europe, l’hantavirus, la maladie de Lyme, le virus West Nile, Chikungunya, la leishmaniose), et réduit par ailleurs l’impact des catastrophes naturelles (inondations, sécheresses).La récente médiatisation d’une découverte permettant de relier la diversité des micro-organismes à la santé humaine (Arumugam M., Raes, J., et al. 2011),  impliquant des chercheurs belges, illustre la pertinence et l’intérêt du sujet pour la société. Et comme le dit  MC Michael A.J. (2009),  «La santé de la population humaine devrait être le critère central, et est le meilleur indicateur à long terme, de la façon dont nous gérons l’environnement ». Ainsi, l’Evaluation des Ecosystèmes pour le Millénaire (2001-2005) et l’Organisation Mondiale de la Santé ont consacré un rapport (WHO ,2006) à la relation entre la biodiversité, les écosystèmes et la santé humaine. La santé publique est de plus l’un des défis prioritaires de notre société identifiés dans la stratégie européenne pour la  recherche et l’innovation «Horizon 2020» (European Commission ,2011).

                                   La biodiversité et la santé publique en Belgique : constitue un domaine en émergence. Les liens entre la biodiversité et la santé publique constituent un domaine de recherche émergent qui n’a reçu à ce jour que peu d’attention en Belgique. Le sujet étant au carrefour de diverses disciplines scientifiques, telles que les sciences naturelles, les sciences médicales, ou les sciences sociales, l’interdisciplinarité s’impose. Promouvoir la collaboration entre ces nombreuses disciplines pour proposer ensemble de nouveaux projets de recherche appropriés doit devenir une priorité de la politique scientifique.

                                    L’expertise découlant de cette recherche interdisciplinaire a une valeur ajoutée très nette, notamment pour la conceptualisation et l’élaboration de décisions politiques. Offrir l’opportunité aux experts de différentes disciplines de travailler ensemble sur la biodiversité et la santé publique pourrait permettre à la Belgique d’atteindre certains objectifs de sa stratégie nationale sur la biodiversité, tels que maximiser les bénéfices de la biodiversité pour la santé humaine, ou l’élargir la collaboration entre organisations intéressées et services publics.

                                   Le 30 novembre 2011, la Plateforme Belge de la Biodiversité a organisé la première conférence belge sur la biodiversité et la santé publique (European Commission – DG Environment ,2011). Ce meeting a réuni 81 experts belges. 68% d’entre eux étaient des scientifiques (universités et instituts scientifiques; organisations gouvernementales liées à la santé, l’écologie et les sciences sociales) et 16% étaient des représentants politiques (du l’élaboration de politiques de santé, politiques environnementales et politiquesd’aménagement du territoire).Les autres participants étaient des consultants (conseillers politiques, éco thérapeutes, professionnels de l’éducation), des personnes impliquées dans des ONG (protection de la nature, l’aménagement du paysage, l’écologie et le jardinage) ou dans les médias.


                                   Lors de cette conférence, les discussions ont abouti à l’identification de plusieurs priorités d’action concrètes en termes de recherche. Néanmoins, un besoin global a été exprimé: celui de créer un réseau d’experts sur le sujet, nécessitant un suivi des activités et la mise en place d’une structure adéquate. Cela permettra à la recherche de répondre de manière adéquate aux défis de sociétés posés par les liens entre biodiversité et santé publique.

                                   La médecine traditionnelle joue encore un rôle essentiel dans le cadre des soins, notamment des soins de santé primaires. On estime que 60% de la population mondiale ont recours à des médicaments traditionnels et que, dans certains pays, ces médicaments font partie intégrante du système de santé public. Partout dans le monde, la médecine traditionnelle et complémentaire repose le plus souvent sur l’utilisation de plantes médicinales, qui sont récoltées dans la nature ou cultivées.
                                   De nombreuses communautés utilisent, à des fins médicales et culturelles en plus de la nourriture, des produits naturels provenant de l’écosystème. Bien qu’il existe des médicaments synthétiques pour de nombreux usages, les produits naturels restent utilisés comme produits médicaux ou pour des travaux de recherche biomédicale sur des plantes, des animaux ou des micro-organismes, destinés à mieux comprendre la physiologie humaine et à mieux connaître et traiter les maladies.
Plus de 90% de l’alimentation en Afrique subsaharienne est produite à l’aide de pratiques agricoles traditionnelles fondées sur les cultures multiples, la conservation des semences par les agriculteurs, la faible quantité d’intrants chimiques, la pluviométrie, et la sélection des cultures sur le terrain. La propriété des ressources, des semences, des connaissances et des technologies est généralement collective, partagée avec fierté et disséminée comme un grand honneur».
                                   Par contre, l’agriculture industrielle repose sur l’achat de semences, une forte quantité d’intrants chimiques, l’irrigation, la mécanisation, et la monoculture, et produit essentiellement des cultures de rente pour l’exportation telles que le café, le coton, le cacao, le tabac, le thé et la canne à sucre (Rachel Wynberg, Biowatch,  2000)..
                                   L'empreinte écologique - indicateur environnemental qui mesure l'impact des activités humaines sur l'environnement - dépasse d'environ 25% la capacité biologique de la terre contre 21% dans le précédent rapport daté de 2004. L'humanité consomme donc trop et hypothèque les ressources naturelles des générations futures. Au rythme actuel, il faudrait l'équivalent biologique de deux planètes en 2050 pour satisfaire à la demande mondiale si nous ne changeons pas nos modes de consommation et de développement. Les Etats-Unis et l'Europe consomment à l'excès des ressources naturelles qu'ils n'ont pas.
                                    En effet, un habitant de la planète devrait utiliser au maximum 1,8 hectare « global » (évaluation moyenne par habitant de la superficie disponible biologiquement productive) compte tenu des capacités de régénération des ressources naturelles. Or, un Américain utilise 9,6 ha ; un Français 5,6 ha. Nous sommes donc débiteurs par rapport à tous ceux qui exploitent moins de 1,8 ha comme c'est le cas d'un Indien, d'un Vietnamien, d'un Péruvien ou d'un Soudanais. Selon Bernard Cressens, Directeur des Programmes WWF-France, « l'empreinte écologique de la France compte parmi les douze plus mauvaises sur les 147 pays référencés.
                                   C'est notre consommation énergétique (énergie fossile et nucléaire) qui pèse le plus lourdement dans notre empreinte (+ de 50%). »Pour le WWF, il est encore temps de faire des choix cruciaux. Le rapport Planète Vivante 2006 propose un scénario de sortie de crise d'ici 2050 permettant à la fois un développement durable et une restauration progressive de la biocapacité (Green Fa cts.2005).
« Nous vivons au dessus de nos moyens et ce sont les choix que chacun de nous fera aujourd'hui qui détermineront les possibilités des générations qui nous suivront » James P.Leap, Directeur général WWF-International.








CONCLUSION
Ø  La biodiversité et la santé publique  sont intrinsèquement liées, les interactions entre biodiversité et santé publique sont multiples, Tout d’abord:
Ø  La biodiversité est garante de la qualité de nos aliments, de l’air que nous respirons et de l’eau que nous utilisons quotidiennement.
Ø   La biodiversité est aussi une ressource primordiale pour les médecines traditionnelles et moderne en tant que réservoir de substances actives, mais également grâce aux bénéfices qu’elle procure à son contact (rétablissement après une maladie, diminution du stress, stimulation des liens sociaux et des performances physiques ou intellectuelles, etc.
Ø  Et réduit par ailleurs, l’impact des catastrophes naturelles (inondations, sécheresses). «La santé de la population humaine devrait être le critère central, et est le meilleur indicateur à long terme, de la façon dont nous gérons l’environnement ».
Ø   La santé publique est de plus l’un des défis prioritaires de notre société identifiés dans la stratégie européenne pour la  recherche et l’innovation «Horizon 2020» (European Commission ,2011).
Ø  Le rapport Planète Vivante 2006 propose un scénario de sortie de crise d'ici 2050 permettant à la fois un développement durable et une restauration progressive de la biocapacité (Green Fa cts.2005).
Ø  « Nous vivons au dessus de nos moyens et ce sont les choix que chacun de nous fera aujourd'hui qui détermineront les possibilités des générations qui nous suivront » James P.Leap, Directeur général WWF-International
Ø  Des décisions majeures devront aborder les compromis entre objectifs concurrents, par exemple entre la production agricole et la qualité de l’eau, ou bien entre l’utilisation de l’eau et la biodiversité aquatique. Les politiques qui préservent plus de biodiversité favorisent également un meilleur bien-être humain global en préservant les multiples bienfaits que procurent les écosystèmes.
      
                         





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