jeudi 16 janvier 2014

COMMENT PROMOUVOIR L’AGRICULTURE DURABLE DANS LE CONTEXTE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE



INTRODUCTION
L’agriculture est une activité  économique consistant à produire des ressources alimentaires pour l’alimentation des êtres vivants. Aujourd’hui dans le monde nous assistons à une baisse de production agricole par rapport à la croissance démographique. La population mondiale est passée de 6.6milliards   de 2005 à 6.678 milliards à 2006 (Marie-Pascal et al, 2009) qu’il faut nourrir ; malheureusement  1,4 milliard de personnes continuent à vivre dans l’extrême pauvreté, luttant pour subsister avec moins de  1,25 USD par jour (FIDA, 2011). Plus des deux tiers d’entre elles résident dans les zones rurales des pays en développement. L’agriculture joue un rôle capital dans la plupart des pays, plus de 80% des ménages ruraux pratiquent l’agriculture sous une forme ou sous une autre, et les ménages les plus pauvres sont, en général, ceux qui dépendent  le plus de l’exploitation familiale et du travail salarié agricole. Thomas Malthus  économiste britannique affirme que la famine, les maladies, et les guerres sont des conséquences inévitables de la croissance démographique.  
Selon le rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter déclare à marge du sommet du 16 décembre 2009-‘Le changement climatique est une bombe à retardement pour la sécurité alimentaire>>. Or le réchauffement climatique a débuté il y a plusieurs décennies mais la plupart des gouvernements ont refusé de s'attaquer à la racine et aux  causes du problème .Ce n’est que récemment ,dès lors que les compagnies transnationales ont  pu mettre en place des mécanismes financièrement hyper rentables ,que des solutions possibles ont fait leur apparition ,sous forme de propositions définies et contrôlées par ces grandes entreprises et soutenues par les gouvernements. Partout dans le monde, les paysans et paysannes s’associent avec d’autres mouvements sociaux, organisations pour lutter contre la faim en protégeant l’environnement. (Le Rapport 2011 sur la pauvreté rurale du FIDA – Nouvelles réalités, nouveaux défis: de nouvelles chances pour la prochaine génération).
Les pays industrialisés et l’industrialisation de l’agriculture sont les plus grandes sources d’émission de gaz à effet de serre. Mais les agriculteurs et les communautés rurales et plus particulièrement les petits agriculteurs et les communautés rurales des pays en voie de développement  sont les premiers à pâtir du changement climatique. Les changements du climat génèrent des sécheresses inhabituelles, des inondations  tempêtes, qui s'accompagnent de maladies et des nuisibles inconnus détruisant les récoltes, les sols, le bétail, et les fermes. De plus, les espèces végétales et animales continentales ou sousmarines, sont menacées ou disparaissent à une vitesse sans précédent en raison des effets combinés du réchauffement et des modes d’exploitation industriels. La vie est largement mise en danger par la diminution des ressources. Les conséquences du changement climatiques vont au-delà des impacts directement tangibles. En principe l’agriculture doit améliorer les conditions de vie  de gens et protéger l’environnement pour la gestion durable de ressources naturelles, l’agriculture peut aussi contribuer à réduire l’effet de serre par des pratiques qui permettent de stocker du CO2 et qui réduisent considérablement l’utilisation d’énergie sur les fermes. Il n’a jamais été aussi important de combattre la pauvreté rurale dans les pays en développement. Il est probable que la sécurité alimentaire mondiale et le changement climatique feront partie des grands défis du XXIe siècle. En leur qualité de producteurs agricoles et de gardiens d’une grande partie des ressources naturelles du monde, les ruraux pauvres ont donc un rôle essentiel à jouer, en contribuant non seulement à la sécurité alimentaire et à la croissance économique mondiales, mais aussi à l’atténuation du changement climatique. C’est principalement aux gouvernements qu’il incombe de leur donner les outils nécessaires pour qu’ils puissent réaliser leur potentiel. Les parties prenantes nationales et la communauté internationale du développement ont elles aussi un rôle important à jouer en apportant leur soutien.
 L’investissement insuffisant dans le secteur de l’agriculture, les politiques inadaptées, les marchés étriqués et non concurrentiels, les infrastructures rurales défaillantes, les services productifs et financiers inadéquats et la détérioration des ressources naturelles sont autant de facteurs qui ont contribué à créer un environnement dans lequel il est fréquemment risqué, voire non rentable, pour les petits agriculteurs de participer aux marchés agricoles. Aujourd’hui, la hausse des cours mondiaux des produits agricoles contribue à créer un nouvel environnement dans lequel les petits agriculteurs doivent évoluer et qui pourrait les inciter davantage à s’insérer dans les marchés pour en tirer des bénéfices. Toutefois, pour parvenir à cette situation, l’environnement national doit également s’améliorer. Dans bon nombre de pays, il est urgent d’élaborer des politiques adaptées, d’adopter ou d’élargir les approches performantes et d’investir davantage et mieux dans le secteur agricole et dans les zones rurales. Un environnement favorable à l’agriculture doit non seulement aplanir les questions et problèmes de longue date, mais aussi tenir compte des réalités plus récentes. Les ressources naturelles sur lesquelles repose l’agriculture  en particulier la terre et l’eau  se dégradent progressivement et font l’objet d’une compétition toujours plus âpre.








CONTENU DU TRAVAIL

INTRODUCTION
I.                    AGRICULTURE FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE DANS LE MONDE
I.1 Responsabilité de l’agriculture dans les émissions de gaz à effet de serre
I.2 Impact de changement climatique sur l’agriculture
     a. Culture végétal
     b. Elevage
     c. La production végétale et les sols agricoles entant que puits de carbone
                    I.3 Les questions qui se posent aujourd’hui
                         a. Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole ?
                          b. Comment l’agriculture peut-elle s’adapter au changement climatique

II.                          AGRICULTURE FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE EN AFRIQUE
                 II.1  Changement climatique et productivité  agricole
                 II.2   L’insécurité alimentaire et la crise de 2008
                  II.3   Les dimensions sociopolitique de la crise alimentaire
III.               AGRICULTURE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE EN RDC
                       CONCLUSION

                









I.                   AGRICULTURE FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE DANS LE MONDE
Les changements climatiques sont avérés et la température moyenne à la surface de la Terre a déjà augmenté de 0,6°C au 20e siècle. Selon les modèles climatiques et les hypothèses d'évolution des émissions de CO2, le réchauffement mondial sera compris en moyenne entre 1,4 et 5,8°C au 21e siècle, avec une modification de la pluviométrie et un accroissement de la fréquence des évènements climatiques extrêmes. L'hémisphère Nord tend à se réchauffer d'avantage que l'hémisphère Sud. Tous les secteurs d'activités émettent des gaz à effet de serre (GES) et l'agriculture n'est pas en reste, puisqu'elle représentait 19,4% des émissions françaises en 2003, se plaçant ainsi en 3e position derrière les transports et l'industrie (sans compter le transport de produits agricoles et la fabrication d'engrais). Si le climat évolue (températures, pluviométrie…), l'agriculture sera évidemment une des principales activités à en subir les conséquences, en France comme dans le reste du monde (RAF, 2005)(1)

        I.1  Responsabilité de l'agriculture dans les émissions de gaz à effet
                 de serre en France


GAZ
Part relative de chaque gaz dans l’émission agricole de France en %
Part agricole dans les émissions françaises total  en %
Durée de vie dans l’atmosphère ans
Principales sources d’émission
Protoxyde d’azote( N2O)
 
            56

         76

       120
-Epandage d’engrais d’azote et processus de dégradation dans le sol
- Tassement des sols liés au calendrier de travaux chargés et utilisation d’engin agricoles lourds.
Méthane
CH4
 
       33

       70

           14
-Production animale en générale (fermentation des déjections animales dans les fosses de stockage)
- Elevage de ruminants (fermentation entérique)
Dioxyde de carbone
  CO2

       11

       14

         100
Utilisation d’énergie en agriculture (carburant, chauffage de bâtiment de l’élevage

Source : (RAF, 2005)
Même si peu d'études comparatives existent, on sait que l'agriculture intensive émet plus de GES que l'agriculture biologique. En effet, le système agrobiologique interdit l'utilisation d'engrais chimiques azotés, recycle les matières organiques naturelles, valorise les déjections animales par compostage et l'implantation d'engrais verts. Au sein de l'agriculture intensive, la filière de l'élevage hors sol émet beaucoup de GES, à cause du volume de déjection animale (émissions de CH4 et N2O) et de la production d'aliments d’élevage, très coûteuse en énergies.
I.2 Impacts des changements climatiques sur l'agriculture.

Le changement climatique n'affectera pas seulement la moyenne des températures à la surface de la planète, mais jouera aussi sur l'écart des températures saisonnières (amplitude thermique), les évènements climatiques extrêmes et les ressources en eau. Ces modifications auront des impacts sur la quantité et la qualité des productions agricoles et sur l'environnement (sols, eau, biodiversité…) et amplifieront les zones d'action de certains ravageurs(1)
Les projections des effets régionaux sur l'agriculture sont encore incertaines mais les productions végétales et animales étant optimisées pour des zones climatiques déterminées, les rendements et la productivité des cultures seront inévitablement touchés.


A - Culture végétale

Les impacts des changements climatiques auront des effets directs et/ou indirects variables selon le type de cultures végétales. Globalement, la modification du climat aura un impact sur :
- Le régime saisonnier des précipitations, influençant l'humidité des sols et la disponibilité en eau.
- L'augmentation de la température moyenne qui se traduira par un raccourcissement des cycles de végétation et affectera la production (vitesses de développement plus rapides et croissance diminuée).
- L'augmentation de la fréquence des températures élevées sera néfaste pour les productions.
- L'expansion des insectes et maladies des végétaux aggravant le risque de pertes de récolte. Par contre, l'augmentation de la concentration en CO2 dans l'atmosphère devrait stimuler la photosynthèse de certains végétaux et donc la production primaire nette. Cependant des études menées par l'INRA ont montré qu'un doublement du taux de CO2 affectait différemment les grandes cultures (blé, maïs) selon les lieux de production : variation des rendements moyens entre +10% et -15%. L’ozone  peut également être un facteur limitant car à concentration élevée, la photosynthèse des végétaux peut être ralentie, ce qui réduirait considérablement les rendements. Dans les régions tempérées l’augmentation des températures sera défavorable à la croissance des végétaux et à l'absorption du CO2. Une étude  montre que les températures extrêmes de l’année 2003 ont provoqué une diminution sans précédent de la productivité végétale sur l'ensemble du continent Européen en 2003(1).

B – Elevage

De manière générale, les effets positifs des changements climatiques pourraient se traduire par un allongement des saisons de croissance, une diminution de la mortalité hivernale naturelle et des taux de croissance plus rapides aux latitudes élevées. Parmi les effets négatifs, il pourrait y avoir une perturbation des schémas de reproduction établis, des itinéraires de migration et des relations entre les écosystèmes(1).
Le secteur de l'élevage pourrait aussi être affecté via les interrelations qu’il entretient avec d'autres secteurs comme le secteur céréalier, car ce dernier pourrait également être affecté.

C- La production végétale et les sols agricoles en tant que « puits de carbone »

À la différence des autres secteurs, l'agriculture peut aussi constituer un puits de carbone. Cela signifie que la végétation, en synthétisant de la matière organique à partir du CO2 atmosphérique, stocke du carbone (dans la partie aérienne des plantes et dans les racines) qui est ensuite en partie incorporé au sol. D'après des études de l'INRA, l'usage des terres et les pratiques culturales modifient le niveau de ces stocks dans le sol. Ainsi, le travail restreint des terres et la pérennité des prairies maintiennent des stocks de carbone élevés. De plus, ces pratiques limitent l'érosion, améliorent la qualité des sols, des eaux et de la biodiversité, modèrent les inondations, économisent l'énergie fossile… Ainsi, les cultures sont un mode potentiel de réduction des émissions de GES, selon les espèces plantées, la durée de couvert végétal, et l'utilisation finale du produit. Il serait ainsi possible de stocker additionnelle ment, entre 1 et 3 millions de tonnes de carbone par an, 4 pour une durée de 20 ans sur le territoire métropolitain.
Cependant, le stockage de carbone organique dans le sol est temporaire (entre 20 et 50 ans selon le milieu) et il apparaît que l'augmentation de la température tend à déstocker le carbone car elle augmente la vitesse de biodégradation des matières organiques souterraines. Ce phénomène aurait conduit à un déstockage total de 140 millions de tonnes de carbone entre 1900 et 1998(1).

IV - Les questions qui se posent aujourd'hui

 - Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole ?

La première solution consiste à réduire la consommation de viande, de lait et de produits laitiers car leurs productions sont de grosses émettrices de GES. L'autre solution est de développer une véritable agriculture durable et paysanne, en mettant en place des pratiques agricoles qui réduisent les émissions de GES et permettent un gain financier et environnemental global (qualité de l’eau, biodiversité...), en minimisant au mieux l’impact sur la productivité.
Les mesures économiques (primes et taxes) pourraient aussi réduire les émissions agricoles, en incitant les exploitants à choisir des activités moins polluantes (redevance excédents d'azote, éco-conditionnalité des aides portant sur un volet effet de serre ou bilan énergétique, prime par unité de carbone stockée). Cependant, la mise en œuvre pratique de ces mesures économiques est délicate, à cause des problèmes techniques et des inégalités financières entre les exploitations agricoles. On peut aussi penser simplement à mettre en place un grand programme national de sensibilisation des agriculteurs et de la filière agro-alimentaire aux changements climatiques.

- Comment l'agriculture peut-elle s'adapter aux changements climatiques ?

On peut limiter les effets négatifs des changements climatiques en s'adaptant, au niveau local, aux nouvelles conditions de culture. Pour cela, il est possible d’opter pour des variétés appropriées aux nouvelles conditions pédoclimatiques, de modifier les modes de culture, d’introduire de meilleurs systèmes de gestion de l'eau, d’adapter les calendriers des semis et les méthodes de labour et de planifier plus justement l'utilisation des sols. Il est également possible de s'adapter en déplaçant géographiquement les zones de production. Le réchauffement observé équivaut, sur le siècle, à un déplacement vers le nord de l'ordre de 180 km ou en altitude de l'ordre de 150 mètres. Les effets étant très différents d'une région à l'autre, certains pays pourraient connaître une diminution de leur production même s'ils prennent les mesures d'adaptation aux changements climatiques nécessaires.
Que nous le voulions ou non, l'agriculture moderne est devenue ce que d'aucuns appellent un "mégasystème technologique " à l'instar du nucléaire ou de la médecine, pour prendre des exemples très différents. La conséquence, c'est que, comme les autres systèmes technologiques, l'agriculture est de plus en plus soumise à des risques qui sont eux-mêmes d'origine technologique. Ces risques sont de deux types principaux :
- Les risques technologiques majeurs, caractérisés par une probabilité très faible mais des conséquences très graves. La catastrophe de Tchernobyl, les scandales du sang contaminé et de l'hormone de croissance en sont des exemples. En élevage, l'apparition de l'Encéphalopathie spongiforme bovine, première
épizootie technogène connue, en est une autre illustration (si tant est que son origine soit effectivement liée à la défaillance des techniques industrielles de stérilisation des déchets d'équarrissage utilisés pour la fabrication des farines de viande au Royaume-Uni) ;
- les risques de rejet par la société des techniques utilisées. Ce rejet peut lui aussi entraîner des
conséquences très importantes : les protestations des mouvements écologistes ont ainsi entraîné l'abandon du programme nucléaire allemand. Le boycott du " veau aux hormones " et, plus récemment, la crise de la vache folle et la désaffection temporaire des consommateurs vis-à-vis de la viande bovine témoignent de la prégnance particulièrement forte de ce type de risque dans le domaine agricole (et sans doute plus particulièrement en élevage), en raison de l'hypersensibilité de nos sociétés en matière de santé et de  sécurité alimentaire.

IV.             AGRICULTURE ET LE CHANGEMENT CLIMATIQUE EN AFRIQUE

La crise alimentaire de 2008 a profondément modifié la manière dont on perçoit les risques (plus systémiques, plus globaux, moins territorialisés). Elle a également renouvelé les enjeux et les controverses autour de la production agricole et des transferts géographiques comme économiques. Parallèlement, la multiplication des déclarations expertes sur le changement climatique interpelle fortement les sociétés et les gouvernants. Pour autant, le lien entre changement climatique et sécurité alimentaire n’est pas simple à établir étant donné la diversité des paramètres et des interactions (entre acteurs comme entre facteurs de risque). Son ampleur comme ses effets restent encore aléatoires et dépendront aussi de la capacité de résilience des territoires et des populations. C’est pourquoi, la question des échelles temporelles et spatiales d’observation et de mesure paraît fondamentale. Pour autant, les scenarii d’évolution ne sont pas encore définitivement établis. Le changement climatique annoncé apparaît néanmoins comme un élément perturbateur des systèmes agro-socio-écologiques et générateur de conflictualités futures (pour l’accès à l’eau et à la terre par exemple). Il semble donc prendre peu à peu une place centrale dans la géopolitique des crises alimentaires africaines. fondés sur des tendances passés et ne correspondent pas à des réalités mesurées. Le changement climatique « annoncé » est sans aucun doute déjà une réalité et sans nulle doute aussi un nouveau champ de contraintes pour les systèmes socio-agro-écologiques, pour les sociétés inégalitaires et pour leurs gouvernants. Mais il n’aura ni la même intensité, ni le même impact selon les lieux, selon les catégories de population (et leur capacité différenciée à y faire face). On retiendra donc la très inégale vulnérabilité et capacité de résilience. Le changement climatique ne se traduira pas mécaniquement par une dégradation de la productivité agricole, ni par une aggravation de l’insécurité alimentaire (incidence et prévalence de la faim) car elles mêmes ne sont pas irréductiblement liées selon un schéma fixiste et déterministe. Les scenarii alimentaires pour l’Afrique subsaharienne ne sont pas (encore) verrouillés, ils dépendront des orientations des politiques (incitatives ou pas), des mobilisations collectives (émergentes) comme des comportements individuels et de la nature même des représentations du risque et des acceptations du changement. Il y a donc d’importantes marges de manœuvres à rechercher aussi bien dans les modes de mise en valeur, de conservation, de transformation, de stockage, de redistribution et de régulation. Car ce sont d’eux, in fine, que dépendront les futurs alimentaires des Africains.




IV.1 Changement climatique et productivité agricole

L’étude du « changement climatique » en soi n’a donc pas grand sens. C’est davantage le lien entre changement climatique et productivité agricole, compte tenu des besoins alimentaires en forte croissance, qui semble fondamental. Cela revient à s’interroger sur les interactions croisées entre milieux/sociétés, entre aléas/réponses, entre espace/temps. De fait, c’est bien la sensibilité différenciée des systèmes agro-écologiques (comme la vulnérabilité inégale des populations) aux aléas et leur capacité imparfaite de réponse (individuelle, collective et institutionnelle pour les hommes) qui fonde le risque. L’Afrique subsaharienne et, plus particulièrement, les Sahels, sont caractérisés par une grande diversité de situations. Etant donné l’ampleur des changements climatiques annoncés et l’impréparation des gouvernants, les propositions d’action y portent plutôt sur la réduction des impacts et l’adoption de stratégies de préadaptation. Elles visent à minimiser le risque  agricole et économique par la diversification d’activités. Il est clair que le « changement climatique » aura un impact d’autant plus fort qu’il touchera des milieux fortement anthropisés et fragilisés par des pratiques intensives de « consommation minière des potentialités » dans des sociétés rurales caractérisées par des pertes de savoir-faire (entre générations, entre allochtones et allogènes) et par une pression démographique croissante (ex : plateau central mossi, plateau central du Nigeria). Ce qui est au cœur des enjeux agro-environnementaux futurs, c’est donc bien la question de l’interface eau/sol/plante et des pratiques culturales liées coupe, défrichement, reboisement, jachère, mulching, associations culturales, fertilisation,…).
Il conviendra donc d’être prudent sur les modalités de l’intensification agricole à promouvoir : plus écologique qu’économique, plus communautaire qu’individuelle afin d’éviter d’aggraver les déséquilibres des systèmes agro-écologiques. Il importe donc de réintroduire, au cœur des exigences politiques et des recherches à mener, la « vieille » notion géographique de limites et de seuils, c’est-à-dire de la capacité de charge des agro-écosystèmes à niveau technologique constant. Surtout si l’on postule que les faibles investissements dans le domaine agricole constituent une  tendance de fond qu’il sera difficile d’infléchir en dehors de quelques filières exportatrices et de certaines zones de production privilégiées (zones littorales, montagneuses ou facilement accessibles, dotées de réserves foncières, abondantes. Ceci implique de bien prendre en compte les disparités spatiales à grande échelle (par petites unités de superficie) en terme de potentialités valorisables. Car c’est une des caractéristiques fortes des terroirs en Afrique sahélo-soudanienne par exemple. Avec elle, c’est aussi la notion de rémanence/de latence des pratiques culturales et, plus fondamentalement, des logiques agro-économiques à l’œuvre (diversification versus spécialisation), c’est-à-dire de leur impact à plus long terme en terme de pertes de fertilité et de biodiversité par exemple, qui doit être prise en compte. C’est pourquoi, il paraît vital de ne pas dissocier innovation technologique et changement sociétal, les premiers devant accompagner et appuyer les sociétés dans leurs évolutions.
Il y a aussi un risque que le « changement climatique » modifie la répartition spatiale de l’occupation humaine, du fait de la disparition de terres agricole marginales. Cela pourrait signifier aussi le développement de formes « d’extractivisme marchand » qui ne tiendraient pas compte des équilibres eau-sol-plante afin de fournir une demande alimentaire en croissante.
Les fronts de colonisation, les anciennes jachères, les bas-fonds et les vallées alluviales seraient plus particulièrement concernés. Ce phénomène ne serait pas nécessairement le fait des sociétés paysannes mais plutôt d’investisseurs extérieurs (firmes) ou des populations migrantes et déplacées.
Quelles sont donc les perspectives estimées des rendements des principales cultures céréalières en Afrique ? En ce qui concerne les écotypes rustiques locaux de mil et de sorgho, bien adaptés aux aléas, les pertes annoncées à l’horizon 2080, pourraient atteindre – 15 à – 25%. Il en est de même pour le maïs, moins rustique, qui joue le rôle de céréale de fin de soudure alimentaire. Pour les riz, les scenarii sont assez différents : les spécialistes annoncent un maintien ou un léger gain de productivité pour le riz pluvial (0 à + 10%) – fortement dépendant des hivernages – et une hausse plus substantielle pour le riz irrigué de bas-fonds (+ 10% dans la vallée du Sénégal, dans les vallées du Sourou au Burkina Faso par exemple mais +25% dans la vallée du Niger au Mali). En revanche, certaines franges spatiales où l’agriculture pluviale était déjà aléatoire devraient connaître de plus importants bouleversements tandis que le nomadisme transhumant a de fortes chances de devenir une activité relicte au profit de formes mixtes d’agropastoralisme.
Ce tableau sans aucun doute pessimiste ne signifie pas que tout soit écrit. Des marges de manœuvres (et de gains de performance) sont à rechercher, par exemple, dans la systématisation d’inventaires des connaissances et des pratiques (écobuage, zaï, agroforesterie, association agriculture/élevage,…) de nature à permettre une meilleure pérennisation de l’agro biodiversité. Cette quête ne pourra pas faire l’impasse sur la question des financements nécessaires pour faire face à la hausse des besoins alimentaires pour les
décennies à venir même si l’Afrique subsaharienne constitue  au même titre que l’Amérique Latine ou l’Asie Centrale une « réserve foncière exploitable » d’importance avec 500 millions d’hectares cultivables et relativement fertiles. Nul doute aussi que les évolutions climatiques impliqueront de nouvelles « adaptations sous contraintes » pour les agricultures familiales africaines (développement de ceintures maraîchères, des cultures de bas-fonds, de l’agroforesterie). Mais, en modifiant également la répartition spatiale des activités, en multipliant les concurrences d’accès et les inégalités d’usage (en eau et en terre), elles peuvent aussi conduire à déséquilibrer les rapports entre communautés. Ainsi, le changement climatique possède une indéniable dimension sociétale et géopolitique qu’il conviendra de prendre en compte.
Il convient donc d’insister sur la diversité des trajectoires d’évolution des agricultures familiales nourricières. Celle-ci dépendra autant des facteurs climatiques objectifs (pluviométrie et températures) que des orientations agro-économiques des systèmes agricoles
(vivrier/non-vivrier), du niveau de diversification/spécialisation et des incitations politiques éventuelles, voire même des représentations que les acteurs (experts, décideurs, sociétés paysannes) se font du changement climatique et des risques associés.


IV.2  L’insécurité alimentaire et la crise de 2008

On comprend donc combien, in fine, que l’insécurité alimentaire n’a pas seulement des fondements « déterministes » (potentialités et risques naturels) ou « territorialisés » mais également des dimensions économiques, sociales et politiques qu’il faut appréhender de manière synergique. C’est ce qui explique la difficulté de plus en plus grande à anticiper  en termes de compréhension comme de réponse  ce phénomène.
Par ailleurs, le manque alimentaire peut être appréhendé de manière très différente selon les écoles disciplinaires. Il a d’ailleurs donné lieu à une multitude de définitions et d’outils de mesure qui sont loin d’être standardisés. Ainsi, il importe de bien différencier « l’insécurité alimentaire » qui renvoie à un manque physique effectif (mais aussi potentiel) de denrées consommées, qu’elles soient produites, achetées ou reçues en don, et « l’insécurité nutritionnelle » qui considère un ensemble de carences en nutriments et micronutriments d’un point de vue quantitatif et qualitatif par rapport à un ensemble de besoins normés.
De même qu’il ne faut pas établir de lien direct entre changement climatique et perte de productivité agricole (nous venons de le rappeler), il n’y a pas de causalité directe entre niveau de production agricole et intensité de l’insécurité alimentaire. Les récoltes, les stocks de nourriture, l’épargne peuvent être partagés ou donnés et ne pas nécessairement bénéficier directement à ceux qui les possèdent. Il est donc difficile de caractériser la situation alimentaire d’un individu ou d’un ménage sans prendre en compte les temporalités décisionnelles qui participent à la construction du risque.
Qui plus est, l’insécurité alimentaire est un phénomène complexe : ses causes sont multiples et enchevêtrées. De ce fait, il est souvent vain de chercher à les sérier et à les hiérarchiser. Elle s’enracine, certes, dans certains aléas bio-climatiques (sécheresse ou inondations) ou processus agro-environnementaux (érosion, perte de fertilité) mais elle est aussi fortement liée aux difficultés d’accès économique (précarité) et aux différentes formes d’insécurité sociale et politique (conflits, droits d’accès à la terre). Ce qui frappe concernant l’Afrique subsaharienne, c’est moins la multiplication des épisodes paroxystiques de crise que leur durée et la relative banalisation (sociale et politique) des situations de précarité alimentaire. Si les crises sahéliennes de disponibilités (1973-1974, 1983-1985, 2005) ont eu un retentissement marqué, c’est sans commune mesure avec l’épisode le plus récent de 2007-2008 qui a été marqué par une aggravation conjoncturelle de la faim. Dans plusieurs pays, on y a relevé « classiquement » des pénuries ponctuelles et localisées, tantôt liées à des aléas naturels (sécheresse, attaques de ravageurs et de criquets), tantôt à des difficultés d’acheminement des denrées dans certaines zones rurales enclavées ou du fait de l’insécurité politique. Plus nouveau, est le phénomène de rupture d’approvisionnement dans les villes où les importateurs céréaliers peinaient à obtenir des lignes de crédit bancaire. Mais la progression de la faim y a été essentiellement liée à une hausse conjoncturelle des prix de denrées de première nécessité (cf. statistiques de la FAO) pour des citadins majoritairement pauvres, aux sources de revenu aléatoires et incertaines, confrontés en parallèle à une hausse des demandes d’aide de la part des plus vulnérables qui ne parvenaient plus à se nourrir. Quelles ont été les principales explications avancées de ce phénomène en Afrique ? Elles diffèrent selon les catégories d’intervenants. La hausse des prix en est à la fois la cause et l’expression immédiates. Pour les experts économiques (cf. documents du CIRAD, de la Banque Mondiale ou du CERDI), il s’agit avant tout d’un phénomène de contagion : la hausse brutale des prix du riz asiatique importé gagnant progressivement  mais de manière inégale selon les pays les filières céréalières locales par un report de demande de consommation, puis les autres filières de production (maraîchère par exemple). Et ce, en dépit du caractère marginal du marché mondial du riz « commercial » par rapport au volume récolté.  

IV.3  Les dimensions socio-politiques de la crise alimentaire

Au-delà de ces éléments factuels, quels enseignements sociopolitiques cette crise récente peut-elle fournir ? Dévoile-t-elle de nouveaux enjeux, ouvre-t-elle de nouvelles perspectives ?
Si les crises antérieures semblaient relativement prévisibles, possédant un caractère presque routinier (on pense, par exemple, aux pénuries saisonnières aggravées par la sécheresse), même s’il est toujours difficile de les anticiper, la crise alimentaire de 2008 a nettement déjoué les prévisions des experts les plus avisés étant donné son caractère systémique (dysfonctionnements associés) et sa déterritorialisation manifeste (« effet papillon » de la géopolitique du marché). Si les crises alimentaires qui l’ont précédées touchaient  avantage les populations rurales, cette dernière a davantage frappé les citadins dépendants d’un approvisionnement extérieur pour se nourrir.
Plusieurs facteurs expliquent son intensité. Le premier tient au caractère brutal et subit des hausses de prix de denrées sur les marchés locaux. Le deuxième caractère profondément inégalitaire et fragmentée des sociétés urbaines qui ont été les plus durement touchées (puisque les ruraux disposent presque toujours de stocks céréaliers ou de bétail commercialisable). Si certains citadins bénéficient d’une relative sécurité (salariés), beaucoup sont des travailleurs indépendants du « secteur informel », aux ressources monétaires irrégulières, très vulnérables à une hausse brutale des prix. Par ailleurs, la forte mobilité résidentielle des ménages hébergés ou locataires constitue une fragilité supplémentaire : leur réseau social de proximité est généralement moins fonctionnel et établi qu’en milieu rural. Le second élément tient davantage à sa médiatisation exemplaire qui en démultiplie les effets et préfigure sans doute les crises alimentaires futures . Ceci explique, en partie, le caractère spasmodique, sporadique et parodique des manifestations collectives qui ont émaillé le printemps 2008 dans quelques capitales d’Afrique Subsaharienne.
Si la crise alimentaire de 2008 a plusieurs dimensions, elle mobilise aussi plusieurs champs explicatifs pour rendre compte des mobilisations : perte de pouvoir d’achat, rupture du contrat social, désenchantement et frustrations, médiatisation nouvelle.
Ce qui a été qualifié (hâtivement) d’« émeutes de la faim » au printemps 2008 serait directement liées au doublement, entre 2006 et 2008, des prix de détail du riz sur les marchés urbains (passant d’environ 250 francs CFA à 450 ou 500 francs CFA). Et si en 2009, les émeutes ont disparu, le mécontentement - née de l’incompréhension du maintien de prix de détail élevés alors même qu’une baisse importante était observée sur le marché international – perdure. Ce mécontentement se nourrit également de l’efficacité limitée des mesures d’urgence prise (exonération fiscales à l’importation, coupons alimentaires, contrôle des prix, ventes subventionnées,…). Plus fondamentalement, le retentissement social de la crise alimentaire de 2008 s’explique parce que les classes moyennes et émergentes, dont le régime alimentaire est essentiellement basé sur le riz (à la différence des classes plus populaires qui consomment encore du mil, du sorgho et du maïs) ont douloureusement vécu cette perte conjoncturelle de pouvoir d’achat (et donc de « capacités »). Derrière cette question « que mange-t-on ? », il y a la difficulté à devoir imposer des réductions de dépenses et des changements de consommation à ses proches. Il y a aussi, plus symboliquement, la crainte d’un déclassement social que l’impossibilité de maintenir certaines formes de sociabilité alimentaire (lors des fêtes, des cérémonies) impliquerait.
Au-delà de la question de l’accessibilité économique aux aliments pour les ménages et des relations tissées entre pourvoyeurs et dépendants alimentaires, cette crise alimentaire peut faire l’objet d’une interprétation macro-politique plus radicale. L’Etat africain n’a ni les moyens, ni même les velléités de maintenir certaines formes de redistribution ou d’appuis catégoriels qu’il assurait précédemment et qu’il avait érigé en mode de gouvernance. Par là, nous faisons référence au système de prix minima garantis d’achat aux producteurs ruraux, au contrôle et aux subventions des prix de détail pour les consommateurs (cf. « biais urbain » mis en exergue par M. Lipton). C’est le résultat de plusieurs décennies de politiques de réduction des capacités d’intervention de l’Etat dans le cadre des différents Plans d’ajustement Structurel (PAS). De ce fait, c’est au système social (et donc aux familles et à l’ensemble des réseaux sociaux) qu’incombe essentiellement la prise en charge des dépendants et des vulnérables. Cette crise du « pouvoir (faire) » exerce une action particulièrement délétère sur l’Etat lui-même puisqu’elle sape les fondements même de la légitimité des gouvernants et précipite, en quelque sorte, la rupture du contrat social et moral qui liait gouvernants et sociétés. Ce que B. Badie formalise en parlant de risque de « régression de l’allégeance citoyenne ». Il y aurait, de ce fait, une légitimité à manifester, voire à « débrouiller » (c’est-à-dire à chercher des moyens plus ou moins illicites de gagner sa vie et de réussir). Troisième registre mobilisable pour rendre compte de la portée sociale et politique de la crise alimentaire et pour tenter d’en expliquer le caractère initiatique : le cadre psychosociologique. Il nous semble, en effet, que les incivilités et les indocilités auxquelles les médias ont donné une large place, expriment une accumulation de tensions et de frustrations qui ne parviennent plus à être sublimées, ni endurées individuellement. Ces dernières s’expliquent par l’aggravation des décalages entre espérances (déçues) et réalisations (avortées) parmi les jeunes générations et la difficulté à s’affirmer et à être reconnu comme acteur de sa propre vie. Deuxième ligne de tension, c’est la volonté renforcée de s’autonomiser d’un contrôle social pesant même si ce processus d’individuation est long et douloureux car il implique une perte potentielle de recours et de protection en cas de difficultés. C’est dans ce sens qu’il faut interpréter le caractère de plus en plus sélectif des échanges en nature (céréales et tubercules) entre citadins et ruraux. Troisième point de tension, dont on perçoit mal le potentiel de conflictualité et de dérèglement sociétal, ce sont les inégalités socio-économiques croissantes.
Enfin, dernier élément pour comprendre les tensions sociales observées dans certaines capitales d’Afrique subsaharienne au cœur de la crise : la mise en scène de la faim. Il paraît difficile de penser que la médiatisation croissante de la faim (films, blogs, journaux), de ses causes comme de ses effets, est sans conséquences. En effet, elle joue, à décharge, pour mobiliser des donateurs et dévoiler certains faits oubliés. Réaffirmer que la faim est un droit absolu permet de l’inscrire à l’agenda international comme une priorité politique tout en favorisant la structuration de sociétés civiles embryonnaires. Mais, dans le même temps, les représentations émotionnelles de la faim tendent à favoriser les processus de dénonciation et de victimisation36. En simplifiant les analyses et en proposant des lectures simplifiées, ils peuvent, à la fois ostraciser de manière excessive certains acteurs (les firmes, les réseaux marchands,…) tout en légitimant certaines interventions propres (étatiques ou internationales).
Or, l’ensemble de ces positionnements, de ces postures et des interventions qu’elles génèrent, n’est nécessairement suivi d’effets en termes de réduction de la vulnérabilité alimentaire, nettement plus complexe à aborder.
Au terme de cette présentation, quels enseignements tirer d’une crise (alimentaire) passée et d’un futur chrysogène et anxiogène (réchauffement climatique) pour l’Afrique
Subsaharienne ? Dans les deux cas, deux tendances analytiques se confrontent indistinctement. La première fait la part belle aux causalités importées (les chocs restent exogènes) et tous les efforts portent sur le renouvellement des capacités d’adaptation des populations et les mobilisations concertées des gouvernants. La seconde met plutôt en avant des combinaisons de facteurs avec une plus nette influence des décisions (et donc des activités) humaines dans la construction des risques et donc des crises. Cette perspective engage plus directement l’ensemble des acteurs et se donne des objectifs beaucoup plus ambitieux en termes de régulation, de négociation. Mais les débats sont loin d’avoir été épuisés. Quelles que soient les options retenues, de nouvelles situations de crises alimentaires sont à prévoir. Elles seront plus complexes à anticiper et à résoudre à l’interface des questions bio-climatiques, environnementales, économiques et sociétales. Elles modifieront inévitablement les trajectoires des territoires et des sociétés africaines pour demain.
Certes, on semble s’acheminer vers une meilleure prise en compte de la complexité de l’insécurité alimentaire, de ses conditions d’émergence et de reproduction : acteurs, échelles et temporalités diverses sont clairement identifiés comme des éléments clés. Mais, plus le champ d’analyse de l’insécurité alimentaire s’élargit, plus le champ d’action se dilate également. Avec, à la clé, des pertes de cohérences, de compétitivité, des concurrences qu’il sera difficile de dépasser pour la reformulation de l’action publique. Afficher comme objectifs majeurs une meilleure régulation des marchés agricoles tout en luttant contre le changement climatique paraît quelque peu illusoire au regard des investissements actuellement consentis. Le changement climatique apparaît toutefois bien comme une menace, un facteur aggravant dans le domaine de la sécurité alimentaire. Mais l’horizon temporel qu’il offre (2050- 2100) paraît quelque peu lointain et peine encore à mobiliser. Au demeurant, ne devrait-on pas davantage s’appesantir sur les inégalités alimentaires qui fragmentent plus sûrement les sociétés ? Ne devrait-on pas davantage s’intéresser aux compétitions croissantes pour l’accès aux ressources mondiales fondamentales (eau, terre, végétation) qui fragmentent les territoires ? Car ce sont elles qui portent les germes de conflictualités futures (tensions géopolitiques, émeutes) et politiseront plus avant la question agricole et alimentaire.
Le point le plus préoccupant pour l’avenir, c’est in fine la déresponsabilisation (morale
et politique) croissante des acteurs et la déterritorialisation des causes de la faim sur lesquelles il sera difficile de peser.

V.               AGRICULTURE ET LE CHANGEMENT CLIMATIQUE EN RDC
Introduction:

 La RDC et les Changements Climatiques(3)

• L’augmentation des concentration de gaz à effet de serres (GES) dans l’atmosphère est à l’origine du phénomène du changement climatique
• L’Afrique représente moins de 4% des émissions des GES mondiales, mais c’est elle qui subira les effets du changement climatique de plein fouet compte tenu des difficultés économiques et sanitaires actuelles.
• Bien que moins vulnérable que ces voisins, la RDC sera touchée par les changements climatiques.
Impact sociétal: afflux massif de migrant du à la pénurie d’eau dans les zones arides de l’Afrique
Impact géopolitique et sécuritaire: pression des pays limitrophes pour les ressources de la RDC (eau, forêt terres arables), des tensions territoriales
Impact économique et agricole: diminution des ressources en eau (hydroélectricité), diminution des ressources de pêche, baisse des rendements agricoles, avancée de la désertification
Néanmoins la lutte au changement climatique représente une opportunité pour la RDC qui possède un grand potentiel d’atténuation, notamment à travers le mécanisme de réduction des Émissions liées à la Déforestation et la Dégradation des Forêts (REDD+).

Les atouts et les contraintes de la RDC
face aux changements climatiques



Atouts                                                                         
• Eau: agriculture, forêts,                                                                                                                       
potentiel hydroélectrique
• Forêt: énorme réservoir de
carbone et de bois d’œuvre
• Biodiversité (pharmacie,
recherche scientifique,
équilibre des écosystèmes,
tourisme)
Contraintes
• Ressources humaines
Qualitativement limitées
• Faiblesse de l’administration
aggravée par les conflits
• Résistance aux réformes
institutionnelles ou autres (PPP)
• Cadre juridique dépassé


Le changement climatique induit une transformation profonde des modes de vie partout sur la planète
 La RDC doit décider si elle accompagne ou subit cette transformation.  Les implications du changement climatique en RDC correspondent à plusieurs milliards de dollars annuels, peut-être jusqu’à 20% du PIB du pays  la, RDC doit décider si elle en subit le coût et le contrecoup ou si elle en fait une opportunité historique pour le financement de son développement.
 En réalité, il s’agit pour la RDC de changer une menace en opportunité, ce qui implique une transformation en profondeur de la société et de l’économie nationale. La RDC doit décider de placer la gestion durable de son capital naturel comme ligne directrice de cette transformation positionnées au cœur du DSCRP2, la lutte contre le changement climatique et la gestion de l’environnement offrent ainsi des opportunités crédibles pour structurer et dynamiser le développement durable de la RDC.


CONCLUSION

La bataille visant, d'une part, à améliorer la sécurité alimentaire d'une population mondiale croissante et, d'autre part, à contenir le changement climatique peut être menée sur un même front: les terres agricoles, selon un nouveau rapport de la FAO diffusé aujourd'hui. L'agriculture ne subit pas seulement les effets du changement climatique, elle est elle-même responsable de 14% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais l'agriculture peut potentiellement offrir une partie importante de la solution grâce à sa capacité d'atténuation (réduction et/ou élimination) d'un volume important des émissions mondiales de gaz à effet de serre, indique la FAO. Et quelque 70 pour cent de ce potentiel d'atténuation pourrait être réalisé dans les pays en développement.   Les options techniques les plus importantes pour que l'agriculture contribue à l'atténuation du changement climatique sont l'amélioration de la gestion des terres cultivées et des pâturage la restauration biologique des sols et des terres dégradées. Près de 90 pour cent du potentiel technique d'atténuation de l'agriculture provient de la séquestration du carbone par les sols. Il s'agit notamment d'accroître dans les sols les niveaux de matières biologiques dont le carbone est le principal composant. Cela peut se traduire par une meilleure teneur en nutriments végétaux, par l'augmentation de la capacité de rétention de l'eau et par une meilleure structure, le tout débouchant sur des rendements plus élevés et une plus grande résilience(2).
Les options techniques d'atténuation par la séquestration du carbone peuvent comprendre: la réduction du labourage, l'utilisation des résidus pour le compostage ou le paillage, l'utilisation de cultures pérennes pour la couverture des sols, le réensemencement et l'amélioration de la gestion des pâturages dans les prairies(2) L'idée, indique M. Meller, est de déranger le moins possible le sol, de le garder couvert, de mélanger et de procéder à la rotation des cultures afin que le carbone soit puisé de l'atmosphère et stocké dans les sols et la végétation. Près de 90% du potentiel de l'agriculture de réduction ou d'élimination des émissions de l'atmosphère proviennent de telles pratiques. Outre la séquestration du carbone par les sols, l'utilisation plus efficace des fertilisants et une meilleure gestion des systèmes de bétail sont également des options prometteuses qui renforcent la réduction ou l'élimination des émissions. Nombre de ces activités peuvent aussi réduire la déforestation et la dégradation des forêts du fait des gains de productivité associés. Cela signifie que de la nourriture supplémentaire peut être produite sans l'intrusion de l'agriculture dans les forêts(3).
Bref pour promouvoir l’agriculture face au changement climatique en RDC, nous devons examiner profondément tous les aspects négatifs qu’apportent l’agriculture industrielle, extensives, modernes (usage des engrais chimiques, utilisation des engins lourds dans l’agriculture, usage des pesticides pour lutter contre les ennemis de cultures, usage des OGM….).Nous devons être très observant et agissant sur les pollutions de l’air ,de l’atmosphère, car se sont ces éléments qui sont à la base de changement climatique.


BIBLIOGRAPHIE

-(1) Réseau Action Climat-France, rubrique agriculture : http://www.rac-       f.org/rubrique.php3?id_rubrique=55
-(2) FAO Media centre :Une agriculture intelligente peut attenuer le changement climatique (Internet)
-(3) http://www.adequations.org: Agriculture, changement climatique et sécurité      alimentaire, 2009      

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