INTRODUCTION
L’agriculture
est une activité économique consistant à
produire des ressources alimentaires pour l’alimentation des êtres vivants. Aujourd’hui
dans le monde nous assistons à une baisse de production agricole par rapport à
la croissance démographique. La population mondiale est passée de 6.6milliards de 2005
à 6.678 milliards à 2006 (Marie-Pascal et al, 2009) qu’il faut nourrir ;
malheureusement 1,4 milliard de
personnes continuent à vivre dans l’extrême pauvreté, luttant pour subsister
avec moins de 1,25 USD par jour (FIDA,
2011). Plus des deux tiers d’entre elles résident dans les zones rurales des
pays en développement. L’agriculture joue un rôle capital dans la plupart des
pays, plus de 80% des ménages ruraux pratiquent l’agriculture sous une forme ou
sous une autre, et les ménages les plus pauvres sont, en général, ceux qui
dépendent le plus de l’exploitation
familiale et du travail salarié agricole. Thomas Malthus économiste britannique affirme que la famine,
les maladies, et les guerres sont des conséquences inévitables de la croissance
démographique.
Selon le
rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter déclare à
marge du sommet du 16 décembre 2009-‘Le changement climatique est une bombe à
retardement pour la sécurité alimentaire>>. Or le réchauffement
climatique a débuté il y a plusieurs décennies mais la plupart des
gouvernements ont refusé de s'attaquer à la racine et aux causes du problème .Ce n’est que récemment ,dès
lors que les compagnies transnationales ont
pu mettre en place des mécanismes financièrement hyper rentables ,que des
solutions possibles ont fait leur apparition ,sous forme de propositions définies
et contrôlées par ces grandes entreprises et soutenues par les gouvernements. Partout
dans le monde, les paysans et paysannes s’associent avec d’autres mouvements sociaux,
organisations pour lutter contre la faim en protégeant l’environnement. (Le Rapport
2011 sur la pauvreté rurale du FIDA – Nouvelles réalités, nouveaux
défis: de nouvelles chances pour la prochaine génération).
Les pays
industrialisés et l’industrialisation de l’agriculture sont les plus grandes
sources d’émission de gaz à effet de serre. Mais les agriculteurs et les
communautés rurales et plus particulièrement les petits agriculteurs et les
communautés rurales des pays en voie de développement sont les premiers à pâtir du changement
climatique. Les changements du climat génèrent des sécheresses inhabituelles, des
inondations tempêtes, qui s'accompagnent
de maladies et des nuisibles inconnus détruisant les récoltes, les sols, le bétail,
et les fermes. De plus, les espèces végétales et animales continentales ou sous‐marines, sont
menacées ou disparaissent à une vitesse sans précédent en raison des effets combinés
du réchauffement et des modes d’exploitation industriels. La vie est largement mise
en danger par la diminution des ressources. Les conséquences du changement climatiques
vont au-delà des impacts directement tangibles. En principe l’agriculture doit
améliorer les conditions de vie de gens
et protéger l’environnement pour la gestion durable de ressources naturelles, l’agriculture
peut aussi contribuer à réduire l’effet de serre par des pratiques qui
permettent de stocker du CO2 et qui réduisent considérablement
l’utilisation d’énergie sur les fermes. Il n’a jamais été aussi important de
combattre la pauvreté rurale dans les pays en développement. Il est probable
que la sécurité alimentaire mondiale et le changement climatique feront partie
des grands défis du XXIe siècle. En leur qualité de producteurs agricoles et de
gardiens d’une grande partie des ressources naturelles du monde, les ruraux pauvres
ont donc un rôle essentiel à jouer, en contribuant non seulement à la sécurité alimentaire
et à la croissance économique mondiales, mais aussi à l’atténuation du changement
climatique. C’est principalement aux gouvernements qu’il incombe de leur donner
les outils nécessaires pour qu’ils puissent réaliser leur potentiel. Les
parties prenantes nationales et la communauté internationale du développement
ont elles aussi un rôle important à jouer en apportant leur soutien.
L’investissement insuffisant dans le
secteur de l’agriculture, les politiques inadaptées, les marchés étriqués et non
concurrentiels, les infrastructures rurales défaillantes, les services
productifs et financiers inadéquats et la détérioration des ressources
naturelles sont autant de facteurs qui ont contribué à créer un environnement
dans lequel il est fréquemment risqué, voire non rentable, pour les petits
agriculteurs de participer aux marchés agricoles. Aujourd’hui, la hausse des
cours mondiaux des produits agricoles contribue à créer un nouvel environnement
dans lequel les petits agriculteurs doivent évoluer et qui pourrait les inciter
davantage à s’insérer dans les marchés pour en tirer des bénéfices. Toutefois,
pour parvenir à cette situation, l’environnement national doit également
s’améliorer. Dans bon nombre de pays, il est urgent d’élaborer des politiques
adaptées, d’adopter ou d’élargir les approches performantes et d’investir
davantage et mieux dans le secteur agricole et dans les zones rurales. Un
environnement favorable à l’agriculture doit non seulement aplanir les
questions et problèmes de longue date, mais aussi tenir compte des réalités
plus récentes. Les ressources naturelles sur lesquelles repose l’agriculture en particulier la terre et l’eau se dégradent progressivement et font l’objet
d’une compétition toujours plus âpre.
CONTENU DU TRAVAIL
INTRODUCTION
I.
AGRICULTURE
FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE DANS LE MONDE
I.1 Responsabilité de l’agriculture dans les émissions de gaz à effet de
serre
I.2 Impact de changement climatique sur l’agriculture
a. Culture végétal
b. Elevage
c. La production végétale et les sols
agricoles entant que puits de carbone
I.3 Les questions qui se posent
aujourd’hui
a. Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur
agricole ?
b. Comment l’agriculture peut-elle s’adapter au changement climatique
II.
AGRICULTURE FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
EN AFRIQUE
II.1 Changement climatique et productivité agricole
II.2 L’insécurité alimentaire et
la crise de 2008
II.3 Les dimensions sociopolitique
de la crise alimentaire
III.
AGRICULTURE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE EN RDC
CONCLUSION
I.
AGRICULTURE
FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE DANS LE MONDE
Les changements climatiques sont avérés et la température
moyenne à la surface de la Terre a déjà augmenté de 0,6°C au 20e siècle. Selon
les modèles climatiques et les hypothèses d'évolution des émissions de CO2,
le réchauffement mondial sera compris en moyenne entre 1,4 et 5,8°C au 21e
siècle, avec une modification de la pluviométrie et un accroissement de la
fréquence des évènements climatiques extrêmes. L'hémisphère Nord tend à se
réchauffer d'avantage que l'hémisphère Sud. Tous les secteurs d'activités
émettent des gaz à effet de serre (GES) et l'agriculture n'est pas en reste,
puisqu'elle représentait 19,4% des émissions françaises en 2003, se plaçant
ainsi en 3e position derrière les transports et l'industrie (sans compter le
transport de produits agricoles et la fabrication d'engrais). Si le climat
évolue (températures, pluviométrie…), l'agriculture sera évidemment une des
principales activités à en subir les conséquences, en France comme dans le reste
du monde (RAF, 2005)(1)
I.1 Responsabilité de l'agriculture dans les
émissions de gaz à effet
de
serre en France
GAZ
|
Part
relative de chaque gaz dans l’émission agricole de France en %
|
Part
agricole dans les émissions françaises total
en %
|
Durée
de vie dans l’atmosphère ans
|
Principales
sources d’émission
|
Protoxyde d’azote( N2O)
|
56
|
76
|
120
|
-Epandage d’engrais d’azote et processus de
dégradation dans le sol
-
Tassement des sols liés au calendrier de travaux chargés et utilisation
d’engin agricoles lourds.
|
Méthane
CH4
|
33
|
70
|
14
|
-Production
animale en générale (fermentation des déjections animales dans les fosses de
stockage)
-
Elevage de ruminants (fermentation entérique)
|
Dioxyde de carbone
CO2
|
11
|
14
|
100
|
Utilisation
d’énergie en agriculture (carburant, chauffage de bâtiment de l’élevage
|
Source : (RAF, 2005)
Même si peu d'études comparatives existent,
on sait que l'agriculture intensive émet plus de GES que l'agriculture
biologique. En effet, le système agrobiologique interdit l'utilisation
d'engrais chimiques azotés, recycle les matières organiques naturelles,
valorise les déjections animales par compostage et l'implantation d'engrais
verts. Au sein de l'agriculture intensive, la filière de l'élevage hors sol
émet beaucoup de GES, à cause du volume de déjection animale (émissions de CH4
et N2O) et de la production d'aliments d’élevage, très coûteuse en énergies.
I.2 Impacts des changements climatiques sur
l'agriculture.
Le changement climatique n'affectera pas
seulement la moyenne des températures à la surface de la planète, mais jouera
aussi sur l'écart des températures saisonnières (amplitude thermique), les
évènements climatiques extrêmes et les ressources en eau. Ces modifications
auront des impacts sur la quantité et la qualité des productions agricoles et
sur l'environnement (sols, eau, biodiversité…) et amplifieront les zones
d'action de certains ravageurs(1)
Les projections des effets régionaux sur
l'agriculture sont encore incertaines mais les productions végétales et animales
étant optimisées pour des zones climatiques déterminées, les rendements et la
productivité des cultures seront inévitablement touchés.
A - Culture végétale
Les impacts des changements climatiques auront des effets directs et/ou
indirects variables selon le type de cultures végétales. Globalement, la
modification du climat aura un impact sur :
- Le régime saisonnier des précipitations, influençant l'humidité des sols
et la disponibilité en eau.
- L'augmentation de la température moyenne qui se traduira par un
raccourcissement des cycles de végétation et affectera la production (vitesses
de développement plus rapides et croissance diminuée).
- L'augmentation de la fréquence des températures élevées sera néfaste pour
les productions.
- L'expansion des insectes et maladies des végétaux aggravant le risque de
pertes de récolte. Par contre, l'augmentation de la concentration en CO2
dans l'atmosphère devrait stimuler la photosynthèse de certains végétaux et
donc la production primaire nette. Cependant des études menées par l'INRA ont
montré qu'un doublement du taux de CO2 affectait différemment les
grandes cultures (blé, maïs) selon les lieux de production : variation des
rendements moyens entre +10% et -15%. L’ozone
peut également être un facteur limitant car à concentration élevée, la
photosynthèse des végétaux peut être ralentie, ce qui réduirait
considérablement les rendements. Dans les régions tempérées l’augmentation des
températures sera défavorable à la croissance des végétaux et à l'absorption du
CO2. Une étude montre que les
températures extrêmes de l’année 2003 ont provoqué une diminution sans
précédent de la productivité végétale sur l'ensemble du continent Européen en
2003(1).
B – Elevage
De manière générale, les effets positifs des changements climatiques
pourraient se traduire par un allongement des saisons de croissance, une
diminution de la mortalité hivernale naturelle et des taux de croissance plus
rapides aux latitudes élevées. Parmi les effets négatifs, il pourrait y avoir
une perturbation des schémas de reproduction établis, des itinéraires de
migration et des relations entre les écosystèmes(1).
Le secteur de l'élevage pourrait aussi être affecté via les interrelations
qu’il entretient avec d'autres secteurs comme le secteur céréalier, car ce
dernier pourrait également être affecté.
C- La production végétale et les sols agricoles en tant
que « puits de carbone »
À la différence des autres secteurs, l'agriculture peut aussi constituer un
puits de carbone. Cela signifie que la végétation, en synthétisant de la
matière organique à partir du CO2 atmosphérique, stocke du carbone (dans la partie aérienne
des plantes et dans les racines) qui est ensuite en partie incorporé au sol.
D'après des études de l'INRA, l'usage des terres et les pratiques culturales
modifient le niveau de ces stocks dans le sol. Ainsi, le travail restreint des
terres et la pérennité des prairies maintiennent des stocks de carbone élevés.
De plus, ces pratiques limitent l'érosion, améliorent la qualité des sols, des
eaux et de la biodiversité, modèrent les inondations, économisent l'énergie
fossile… Ainsi, les cultures sont un mode potentiel de réduction des émissions
de GES, selon les espèces plantées, la durée de couvert végétal, et
l'utilisation finale du produit. Il serait ainsi possible de stocker additionnelle
ment, entre 1 et 3 millions de tonnes de carbone par an, 4 pour une durée de 20 ans sur le territoire
métropolitain.
Cependant, le stockage de carbone organique dans le sol est temporaire
(entre 20 et 50 ans selon le milieu) et il apparaît que l'augmentation de la
température tend à déstocker le carbone car elle augmente la vitesse de
biodégradation des matières organiques souterraines. Ce phénomène aurait
conduit à un déstockage total de 140 millions de tonnes de carbone entre 1900
et 1998(1).
IV - Les questions qui se posent aujourd'hui
- Comment réduire
les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole ?
La première solution consiste à réduire la consommation de viande, de lait
et de produits laitiers car leurs productions sont de grosses émettrices de
GES. L'autre solution est de développer une véritable agriculture durable et
paysanne, en mettant en place des pratiques agricoles qui réduisent les
émissions de GES et permettent un gain financier et environnemental global
(qualité de l’eau, biodiversité...), en minimisant au mieux l’impact sur la
productivité.
Les mesures économiques (primes et taxes) pourraient aussi réduire les
émissions agricoles, en incitant les exploitants à choisir des activités moins
polluantes (redevance excédents d'azote, éco-conditionnalité des aides portant
sur un volet effet de serre ou bilan énergétique, prime par unité de carbone
stockée). Cependant, la mise en œuvre pratique de ces mesures économiques est
délicate, à cause des problèmes techniques et des inégalités financières entre
les exploitations agricoles. On peut aussi penser simplement à mettre en place
un grand programme national de sensibilisation des agriculteurs et de la
filière agro-alimentaire aux changements climatiques.
- Comment l'agriculture peut-elle s'adapter aux
changements climatiques ?
On peut limiter les effets négatifs des changements climatiques en
s'adaptant, au niveau local, aux nouvelles conditions de culture. Pour cela, il
est possible d’opter pour des variétés appropriées aux nouvelles conditions
pédoclimatiques, de modifier les modes de culture, d’introduire de meilleurs
systèmes de gestion de l'eau, d’adapter les calendriers des semis et les
méthodes de labour et de planifier plus justement l'utilisation des sols. Il
est également possible de s'adapter en déplaçant géographiquement les zones de
production. Le réchauffement observé équivaut, sur le siècle, à un déplacement
vers le nord de l'ordre de 180 km ou en altitude de l'ordre de 150 mètres. Les
effets étant très différents d'une région à l'autre, certains pays pourraient
connaître une diminution de leur production même s'ils prennent les mesures
d'adaptation aux changements climatiques nécessaires.
Que nous le voulions ou non, l'agriculture moderne est devenue ce que
d'aucuns appellent un "mégasystème technologique " à l'instar du
nucléaire ou de la médecine, pour prendre des exemples très différents. La
conséquence, c'est que, comme les autres systèmes technologiques, l'agriculture
est de plus en plus soumise à des risques qui sont eux-mêmes d'origine
technologique. Ces risques sont de deux types principaux :
- Les risques technologiques majeurs, caractérisés par une probabilité très
faible mais des conséquences très graves. La catastrophe de Tchernobyl, les
scandales du sang contaminé et de l'hormone de croissance en sont des exemples.
En élevage, l'apparition de l'Encéphalopathie spongiforme bovine, première
épizootie technogène connue, en est une autre illustration (si tant est que
son origine soit effectivement liée à la défaillance des techniques
industrielles de stérilisation des déchets d'équarrissage utilisés pour la
fabrication des farines de viande au Royaume-Uni) ;
- les risques de rejet par la société des techniques utilisées. Ce rejet
peut lui aussi entraîner des
conséquences très importantes : les protestations des mouvements
écologistes ont ainsi entraîné l'abandon du programme nucléaire allemand. Le
boycott du " veau aux hormones " et, plus récemment, la crise de la
vache folle et la désaffection temporaire des consommateurs vis-à-vis de la
viande bovine témoignent de la prégnance particulièrement forte de ce type de
risque dans le domaine agricole (et sans doute plus particulièrement en
élevage), en raison de l'hypersensibilité de nos sociétés en matière de santé
et de sécurité alimentaire.
IV.
AGRICULTURE
ET LE CHANGEMENT CLIMATIQUE EN AFRIQUE
La crise
alimentaire de 2008 a profondément modifié la manière dont on perçoit les
risques (plus systémiques, plus globaux, moins territorialisés). Elle a
également renouvelé les enjeux et les controverses autour de la production
agricole et des transferts géographiques comme économiques. Parallèlement, la
multiplication des déclarations expertes sur le changement climatique
interpelle fortement les sociétés et les gouvernants. Pour autant, le lien
entre changement climatique et sécurité alimentaire n’est pas simple à établir
étant donné la diversité des paramètres et des interactions (entre acteurs
comme entre facteurs de risque). Son ampleur comme ses effets restent encore
aléatoires et dépendront aussi de la capacité de résilience des territoires et
des populations. C’est pourquoi, la question des échelles temporelles et
spatiales d’observation et de mesure paraît fondamentale. Pour autant, les
scenarii d’évolution ne sont pas encore définitivement établis. Le changement
climatique annoncé apparaît néanmoins comme un élément perturbateur des
systèmes agro-socio-écologiques et générateur de conflictualités futures (pour
l’accès à l’eau et à la terre par exemple). Il semble donc prendre peu à peu
une place centrale dans la géopolitique des crises alimentaires africaines. fondés
sur des tendances passés et ne correspondent pas à des réalités mesurées. Le
changement climatique « annoncé » est sans aucun doute déjà une réalité et sans
nulle doute aussi un nouveau champ de contraintes pour les systèmes
socio-agro-écologiques, pour les sociétés inégalitaires et pour leurs
gouvernants. Mais il n’aura ni la même intensité, ni le même impact selon les lieux,
selon les catégories de population (et leur capacité différenciée à y faire
face). On retiendra donc la très inégale vulnérabilité et capacité de résilience.
Le changement climatique ne se traduira pas mécaniquement par une dégradation
de la productivité agricole, ni par une aggravation de l’insécurité alimentaire
(incidence et prévalence de la faim) car elles mêmes ne sont pas
irréductiblement liées selon un schéma fixiste
et déterministe. Les scenarii alimentaires pour l’Afrique subsaharienne ne sont
pas (encore) verrouillés, ils dépendront des orientations des politiques
(incitatives ou pas), des mobilisations collectives (émergentes) comme des
comportements individuels et de la nature même des représentations du risque et
des acceptations du changement. Il y a donc d’importantes marges de manœuvres à
rechercher aussi bien dans les modes de mise en valeur, de conservation, de
transformation, de stockage, de redistribution et de régulation. Car ce sont
d’eux, in fine, que dépendront les futurs alimentaires des Africains.
IV.1 Changement
climatique et productivité agricole
L’étude du « changement climatique » en soi n’a donc pas
grand sens. C’est davantage le lien entre changement climatique et productivité
agricole, compte tenu des besoins alimentaires en forte croissance, qui semble
fondamental. Cela revient à s’interroger sur les interactions croisées entre
milieux/sociétés, entre aléas/réponses, entre espace/temps. De fait, c’est bien
la sensibilité différenciée des systèmes agro-écologiques (comme la vulnérabilité
inégale des populations) aux aléas et leur capacité imparfaite de réponse (individuelle,
collective et institutionnelle pour les hommes) qui fonde le risque. L’Afrique subsaharienne
et, plus particulièrement, les Sahels, sont caractérisés par une grande
diversité de situations. Etant donné l’ampleur des changements climatiques
annoncés et l’impréparation des gouvernants, les propositions d’action y
portent plutôt sur la réduction des impacts et l’adoption de stratégies de préadaptation.
Elles visent à minimiser le risque agricole
et économique par la diversification d’activités. Il est clair que le «
changement climatique » aura un impact d’autant plus fort qu’il touchera des
milieux fortement anthropisés et fragilisés par des pratiques intensives de «
consommation minière des potentialités » dans des sociétés rurales
caractérisées par des pertes de savoir-faire (entre générations, entre
allochtones et allogènes) et par une pression démographique croissante (ex :
plateau central mossi, plateau central du Nigeria). Ce qui est au cœur des
enjeux agro-environnementaux futurs, c’est donc bien la question de l’interface
eau/sol/plante et des pratiques culturales liées coupe, défrichement,
reboisement, jachère, mulching, associations culturales, fertilisation,…).
Il conviendra donc d’être prudent sur les modalités de
l’intensification agricole à promouvoir : plus écologique qu’économique, plus
communautaire qu’individuelle afin d’éviter d’aggraver les déséquilibres des
systèmes agro-écologiques. Il importe donc de réintroduire, au cœur des
exigences politiques et des recherches à mener, la « vieille » notion
géographique de limites et de seuils, c’est-à-dire de la capacité de charge des
agro-écosystèmes à niveau technologique constant. Surtout si l’on postule que
les faibles investissements dans le domaine agricole constituent une tendance de fond qu’il sera difficile
d’infléchir en dehors de quelques filières exportatrices et de certaines zones
de production privilégiées (zones littorales, montagneuses ou facilement
accessibles, dotées de réserves foncières, abondantes. Ceci implique de bien
prendre en compte les disparités spatiales à grande échelle (par petites unités
de superficie) en terme de potentialités valorisables. Car c’est une des caractéristiques
fortes des terroirs en Afrique sahélo-soudanienne par exemple. Avec elle, c’est
aussi la notion de rémanence/de latence des pratiques culturales et, plus
fondamentalement, des logiques agro-économiques à l’œuvre (diversification
versus spécialisation), c’est-à-dire de leur impact à plus long terme en terme
de pertes de fertilité et de biodiversité par exemple, qui doit être prise en
compte. C’est pourquoi, il paraît vital de ne pas dissocier
innovation technologique et changement sociétal, les premiers devant
accompagner et appuyer les sociétés dans leurs évolutions.
Il y a aussi un risque que le « changement climatique »
modifie la répartition spatiale de l’occupation humaine, du fait de la
disparition de terres agricole marginales. Cela pourrait signifier aussi le
développement de formes « d’extractivisme marchand » qui ne tiendraient pas compte
des équilibres eau-sol-plante afin de fournir une demande alimentaire en
croissante.
Les fronts de colonisation, les anciennes jachères, les
bas-fonds et les vallées alluviales seraient plus particulièrement concernés.
Ce phénomène ne serait pas nécessairement le fait des sociétés paysannes mais
plutôt d’investisseurs extérieurs (firmes) ou des populations migrantes et
déplacées.
Quelles sont donc les perspectives estimées des
rendements des principales cultures céréalières en Afrique ? En ce qui concerne
les écotypes rustiques locaux de mil et de sorgho, bien adaptés aux aléas, les
pertes annoncées à l’horizon 2080, pourraient atteindre – 15 à – 25%. Il en est
de même pour le maïs, moins rustique, qui joue le rôle de céréale de fin de soudure
alimentaire. Pour les riz, les scenarii sont assez différents : les
spécialistes annoncent un maintien ou un léger gain de productivité pour le riz
pluvial (0 à + 10%) – fortement dépendant des hivernages – et une hausse plus
substantielle pour le riz irrigué de bas-fonds (+ 10% dans la vallée du
Sénégal, dans les vallées du Sourou au Burkina Faso par exemple mais +25% dans
la vallée du Niger au Mali). En revanche, certaines franges spatiales où
l’agriculture pluviale était déjà aléatoire devraient connaître de plus
importants bouleversements tandis que le nomadisme transhumant a de fortes
chances de devenir une activité relicte au profit de formes mixtes
d’agropastoralisme.
Ce tableau sans aucun doute pessimiste ne signifie pas
que tout soit écrit. Des marges de manœuvres (et de gains de performance) sont
à rechercher, par exemple, dans la systématisation d’inventaires des
connaissances et des pratiques (écobuage, zaï, agroforesterie, association
agriculture/élevage,…) de nature à permettre une meilleure pérennisation de l’agro
biodiversité. Cette quête ne pourra pas faire l’impasse sur la question des
financements nécessaires pour faire face à la hausse des besoins alimentaires
pour les
décennies à venir même si l’Afrique subsaharienne
constitue au même titre que l’Amérique Latine
ou l’Asie Centrale une « réserve foncière exploitable » d’importance avec 500
millions d’hectares cultivables et relativement fertiles. Nul doute aussi que
les évolutions climatiques impliqueront de nouvelles « adaptations sous
contraintes » pour les agricultures familiales africaines (développement de
ceintures maraîchères, des cultures de bas-fonds, de l’agroforesterie). Mais,
en modifiant également la répartition spatiale des activités, en multipliant
les concurrences d’accès et les inégalités d’usage (en eau et en terre), elles
peuvent aussi conduire à déséquilibrer les rapports entre communautés. Ainsi,
le changement climatique possède une indéniable dimension sociétale et géopolitique
qu’il conviendra de prendre en compte.
Il convient donc d’insister sur la diversité des
trajectoires d’évolution des agricultures familiales nourricières. Celle-ci
dépendra autant des facteurs climatiques objectifs (pluviométrie et
températures) que des orientations agro-économiques des systèmes agricoles
(vivrier/non-vivrier), du niveau de
diversification/spécialisation et des incitations politiques éventuelles, voire
même des représentations que les acteurs (experts, décideurs, sociétés paysannes)
se font du changement climatique et des risques associés.
IV.2 L’insécurité
alimentaire et la crise de 2008
On comprend donc combien, in fine, que l’insécurité
alimentaire n’a pas seulement des fondements « déterministes » (potentialités
et risques naturels) ou « territorialisés » mais également des dimensions
économiques, sociales et politiques qu’il faut appréhender de manière
synergique. C’est ce qui explique la difficulté de plus en plus grande à
anticiper en termes de compréhension
comme de réponse ce phénomène.
Par ailleurs, le manque alimentaire peut être appréhendé
de manière très différente selon les écoles disciplinaires. Il a d’ailleurs
donné lieu à une multitude de définitions et d’outils de mesure qui sont loin
d’être standardisés. Ainsi, il importe de bien différencier « l’insécurité
alimentaire » qui renvoie à un manque physique effectif (mais aussi potentiel)
de denrées consommées, qu’elles soient produites, achetées ou reçues en don, et
« l’insécurité nutritionnelle » qui considère un ensemble de carences en
nutriments et micronutriments d’un point de vue quantitatif et qualitatif par
rapport à un ensemble de besoins normés.
De même qu’il ne faut pas établir de lien direct entre
changement climatique et perte de productivité agricole (nous venons de le
rappeler), il n’y a pas de causalité directe entre niveau de production
agricole et intensité de l’insécurité alimentaire. Les récoltes, les stocks de
nourriture, l’épargne peuvent être partagés ou donnés et ne pas nécessairement
bénéficier directement à ceux qui les possèdent. Il est donc difficile de
caractériser la situation alimentaire d’un individu ou d’un ménage sans prendre
en compte les temporalités décisionnelles qui participent à la construction du
risque.
Qui plus est, l’insécurité alimentaire est un phénomène
complexe : ses causes sont multiples et enchevêtrées. De ce fait, il est
souvent vain de chercher à les sérier et à les hiérarchiser. Elle s’enracine,
certes, dans certains aléas bio-climatiques (sécheresse ou inondations) ou
processus agro-environnementaux (érosion, perte de fertilité) mais elle est aussi
fortement liée aux difficultés d’accès économique (précarité) et aux
différentes formes d’insécurité sociale et politique (conflits, droits d’accès
à la terre). Ce qui frappe concernant l’Afrique subsaharienne, c’est moins la
multiplication des épisodes paroxystiques de crise que leur durée et la relative
banalisation (sociale et politique) des situations de précarité alimentaire. Si
les crises sahéliennes de disponibilités (1973-1974, 1983-1985, 2005) ont eu un
retentissement marqué, c’est sans commune mesure avec l’épisode le plus récent
de 2007-2008 qui a été marqué par une aggravation conjoncturelle de la faim.
Dans plusieurs pays, on y a relevé « classiquement » des pénuries ponctuelles
et localisées, tantôt liées à des aléas naturels (sécheresse, attaques de
ravageurs et de criquets), tantôt à des difficultés d’acheminement des denrées
dans certaines zones rurales enclavées ou du fait de l’insécurité politique.
Plus nouveau, est le phénomène de rupture d’approvisionnement dans les villes
où les importateurs céréaliers peinaient à obtenir des lignes de crédit
bancaire. Mais la progression de la faim y a été essentiellement liée à une hausse
conjoncturelle des prix de denrées de première nécessité (cf. statistiques de
la FAO) pour des citadins majoritairement pauvres, aux sources de revenu
aléatoires et incertaines, confrontés en parallèle à une hausse des demandes
d’aide de la part des plus vulnérables qui ne parvenaient plus à se nourrir. Quelles
ont été les principales explications avancées de ce phénomène en Afrique ? Elles
diffèrent selon les catégories d’intervenants. La hausse des prix en est à la
fois la cause et l’expression immédiates. Pour les experts économiques (cf.
documents du CIRAD, de la Banque Mondiale ou du CERDI), il s’agit avant tout
d’un phénomène de contagion : la hausse brutale des prix du riz asiatique importé
gagnant progressivement mais de manière
inégale selon les pays les filières céréalières locales par un report de
demande de consommation, puis les autres filières de production (maraîchère par
exemple). Et ce, en dépit du caractère marginal du marché mondial du riz «
commercial » par rapport au volume récolté.
IV.3 Les
dimensions socio-politiques de la crise alimentaire
Au-delà de ces éléments factuels, quels enseignements sociopolitiques
cette crise récente peut-elle fournir ? Dévoile-t-elle de nouveaux enjeux, ouvre-t-elle de
nouvelles perspectives ?
Si les crises antérieures semblaient relativement
prévisibles, possédant un caractère presque routinier (on pense, par exemple,
aux pénuries saisonnières aggravées par la sécheresse), même s’il est toujours
difficile de les anticiper, la crise alimentaire de 2008 a nettement déjoué les
prévisions des experts les plus avisés étant donné son caractère systémique
(dysfonctionnements associés) et sa déterritorialisation manifeste (« effet papillon
» de la géopolitique du marché). Si les crises alimentaires qui l’ont précédées
touchaient avantage les populations
rurales, cette dernière a davantage frappé les citadins dépendants d’un approvisionnement
extérieur pour se nourrir.
Plusieurs facteurs expliquent son intensité. Le premier
tient au caractère brutal et subit des hausses de prix de denrées sur les marchés
locaux. Le deuxième caractère profondément inégalitaire et fragmentée des
sociétés urbaines qui ont été les plus durement touchées (puisque les ruraux
disposent presque toujours de stocks céréaliers ou de bétail commercialisable).
Si certains citadins bénéficient d’une relative sécurité (salariés), beaucoup
sont des travailleurs indépendants du « secteur informel », aux ressources monétaires
irrégulières, très vulnérables à une hausse brutale des prix. Par ailleurs, la
forte mobilité résidentielle des ménages hébergés ou locataires constitue une
fragilité supplémentaire : leur réseau social de proximité est généralement
moins fonctionnel et établi qu’en milieu rural. Le second élément tient
davantage à sa médiatisation exemplaire qui en démultiplie les effets et
préfigure sans doute les crises alimentaires futures . Ceci explique, en
partie, le caractère spasmodique, sporadique et parodique des manifestations
collectives qui ont émaillé le printemps 2008 dans quelques capitales d’Afrique
Subsaharienne.
Si la crise alimentaire de 2008 a plusieurs dimensions,
elle mobilise aussi plusieurs champs explicatifs pour rendre compte des
mobilisations : perte de pouvoir d’achat, rupture du contrat social,
désenchantement et frustrations, médiatisation nouvelle.
Ce qui a été qualifié (hâtivement) d’« émeutes de la faim
» au printemps 2008 serait directement liées au doublement, entre 2006 et 2008,
des prix de détail du riz sur les marchés urbains (passant d’environ 250 francs
CFA à 450 ou 500 francs CFA). Et si en 2009, les émeutes ont disparu, le
mécontentement - née de l’incompréhension du maintien de prix de détail élevés
alors même qu’une baisse importante était observée sur le marché international
– perdure. Ce mécontentement se nourrit également de l’efficacité limitée des
mesures d’urgence prise (exonération fiscales à l’importation, coupons
alimentaires, contrôle des prix, ventes subventionnées,…). Plus
fondamentalement, le retentissement social de la crise alimentaire de 2008
s’explique parce que les classes moyennes et émergentes, dont le régime alimentaire
est essentiellement basé sur le riz (à la différence des classes plus
populaires qui consomment encore du mil, du sorgho et du maïs) ont
douloureusement vécu cette perte conjoncturelle de pouvoir d’achat (et donc de
« capacités »). Derrière cette question « que mange-t-on ? », il y a la
difficulté à devoir imposer des réductions de dépenses et des changements de
consommation à ses proches. Il y a aussi, plus symboliquement, la crainte d’un déclassement
social que l’impossibilité de maintenir certaines formes de sociabilité
alimentaire (lors des fêtes, des cérémonies) impliquerait.
Au-delà de la question de l’accessibilité économique aux
aliments pour les ménages et des relations tissées entre pourvoyeurs et
dépendants alimentaires, cette crise alimentaire peut faire l’objet d’une
interprétation macro-politique plus radicale. L’Etat africain n’a ni les
moyens, ni même les velléités de maintenir certaines formes de redistribution
ou d’appuis catégoriels qu’il assurait précédemment et qu’il avait érigé en
mode de gouvernance. Par là, nous faisons référence au système de prix minima
garantis d’achat aux producteurs ruraux, au contrôle et aux subventions des
prix de détail pour les consommateurs (cf. « biais urbain » mis en exergue par M.
Lipton). C’est le résultat de plusieurs décennies de politiques de réduction
des capacités d’intervention de l’Etat dans le cadre des différents Plans
d’ajustement Structurel (PAS). De ce fait, c’est au système social (et donc aux
familles et à l’ensemble des réseaux sociaux) qu’incombe essentiellement la
prise en charge des dépendants et des vulnérables. Cette crise du « pouvoir
(faire) » exerce une action particulièrement délétère sur l’Etat lui-même puisqu’elle
sape les fondements même de la légitimité des gouvernants et précipite, en quelque
sorte, la rupture du contrat social et moral qui liait gouvernants et sociétés.
Ce que B. Badie formalise en parlant de risque de « régression de l’allégeance
citoyenne ». Il y aurait, de ce fait, une légitimité à manifester, voire à «
débrouiller » (c’est-à-dire à chercher des moyens plus ou moins illicites de
gagner sa vie et de réussir). Troisième registre mobilisable pour rendre compte
de la portée sociale et politique de la crise alimentaire et pour tenter d’en
expliquer le caractère initiatique : le cadre psychosociologique. Il nous
semble, en effet, que les incivilités et les indocilités auxquelles les médias
ont donné une large place, expriment une accumulation de tensions et de
frustrations qui ne parviennent plus à être sublimées, ni endurées
individuellement. Ces dernières s’expliquent par l’aggravation des décalages
entre espérances (déçues) et réalisations (avortées) parmi les jeunes générations
et la difficulté à s’affirmer et à être reconnu comme acteur de sa propre vie.
Deuxième ligne de tension, c’est la volonté renforcée de s’autonomiser d’un
contrôle social pesant même si ce processus d’individuation est long et douloureux
car il implique une perte potentielle de recours et de protection en cas de difficultés.
C’est dans ce sens qu’il faut interpréter le caractère de plus en plus sélectif
des échanges en nature (céréales et tubercules) entre citadins et ruraux.
Troisième point de tension, dont on perçoit mal le potentiel de conflictualité
et de dérèglement sociétal, ce sont les inégalités socio-économiques
croissantes.
Enfin, dernier élément pour comprendre les tensions
sociales observées dans certaines capitales d’Afrique subsaharienne au cœur de
la crise : la mise en scène de la faim. Il paraît difficile de penser que la
médiatisation croissante de la faim (films, blogs, journaux), de ses causes
comme de ses effets, est sans conséquences. En effet, elle joue, à décharge,
pour mobiliser des donateurs et dévoiler certains faits oubliés. Réaffirmer que
la faim est un droit absolu permet de l’inscrire à l’agenda international comme
une priorité politique tout en favorisant la structuration de sociétés civiles
embryonnaires. Mais, dans le même temps, les représentations émotionnelles de
la faim tendent à favoriser les processus de dénonciation et de victimisation36. En simplifiant
les analyses et en proposant des lectures simplifiées, ils peuvent, à la fois
ostraciser de manière excessive certains acteurs (les firmes, les réseaux marchands,…)
tout en légitimant certaines interventions propres (étatiques ou
internationales).
Or, l’ensemble de ces positionnements, de ces postures et
des interventions qu’elles génèrent, n’est nécessairement suivi d’effets en
termes de réduction de la vulnérabilité alimentaire, nettement plus complexe à
aborder.
Au terme de cette présentation, quels enseignements tirer
d’une crise (alimentaire) passée et d’un futur chrysogène et anxiogène
(réchauffement climatique) pour l’Afrique
Subsaharienne ? Dans les deux cas, deux tendances
analytiques se confrontent indistinctement. La première fait la part belle aux
causalités importées (les chocs restent exogènes) et tous les efforts portent
sur le renouvellement des capacités d’adaptation des populations et les mobilisations
concertées des gouvernants. La seconde met plutôt en avant des combinaisons de facteurs
avec une plus nette influence des décisions (et donc des activités) humaines
dans la construction des risques et donc des crises. Cette perspective engage
plus directement l’ensemble des acteurs et se donne des objectifs beaucoup plus
ambitieux en termes de régulation, de négociation. Mais les débats sont loin
d’avoir été épuisés. Quelles que soient les options retenues, de nouvelles
situations de crises alimentaires sont à prévoir. Elles seront plus complexes à
anticiper et à résoudre à l’interface des questions bio-climatiques, environnementales,
économiques et sociétales. Elles modifieront inévitablement les trajectoires
des territoires et des sociétés africaines pour demain.
Certes, on semble s’acheminer vers une meilleure prise en
compte de la complexité de l’insécurité alimentaire, de ses conditions
d’émergence et de reproduction : acteurs, échelles et temporalités diverses
sont clairement identifiés comme des éléments clés. Mais, plus le champ
d’analyse de l’insécurité alimentaire s’élargit, plus le champ d’action se
dilate également. Avec, à la clé, des pertes de cohérences, de compétitivité,
des concurrences qu’il sera difficile de dépasser pour la reformulation de
l’action publique. Afficher comme objectifs majeurs une meilleure régulation
des marchés agricoles tout en luttant contre le changement climatique paraît
quelque peu illusoire au regard des investissements actuellement consentis. Le
changement climatique apparaît toutefois bien comme une menace, un facteur aggravant
dans le domaine de la sécurité alimentaire. Mais l’horizon temporel qu’il offre
(2050- 2100) paraît quelque peu lointain et peine encore à mobiliser. Au
demeurant, ne devrait-on pas davantage s’appesantir sur les inégalités
alimentaires qui fragmentent plus sûrement les sociétés ? Ne devrait-on pas
davantage s’intéresser aux compétitions croissantes pour l’accès aux ressources
mondiales fondamentales (eau, terre, végétation) qui fragmentent les territoires
? Car ce sont elles qui portent les germes de conflictualités futures (tensions
géopolitiques, émeutes) et politiseront plus avant la question agricole et
alimentaire.
Le point le plus préoccupant pour l’avenir, c’est in fine
la déresponsabilisation (morale
et politique) croissante des acteurs et la
déterritorialisation des causes de la faim sur lesquelles il sera difficile de
peser.
V.
AGRICULTURE ET LE
CHANGEMENT CLIMATIQUE EN RDC
Introduction:
La RDC et les Changements
Climatiques(3)
•
L’augmentation des concentration de gaz à effet de serres (GES) dans
l’atmosphère est à l’origine du phénomène du changement climatique
• L’Afrique
représente moins de 4% des émissions des GES mondiales, mais c’est elle qui subira
les effets du changement climatique de plein fouet compte tenu des difficultés économiques
et sanitaires actuelles.
• Bien que
moins vulnérable que ces voisins, la RDC sera touchée par les changements climatiques.
• Impact
sociétal: afflux massif de migrant du à la pénurie d’eau dans les zones
arides de l’Afrique
• Impact
géopolitique et sécuritaire: pression des pays limitrophes pour les
ressources de la RDC (eau, forêt terres arables), des tensions territoriales
• Impact
économique et agricole: diminution des ressources en eau
(hydroélectricité), diminution des ressources de pêche, baisse des rendements
agricoles, avancée de la désertification
•
Néanmoins la lutte au changement climatique
représente une opportunité pour la RDC qui possède un grand potentiel
d’atténuation, notamment à travers le mécanisme de réduction des Émissions
liées à la Déforestation et la Dégradation des Forêts (REDD+).
Les atouts et les contraintes de la RDC
face aux changements climatiques
Atouts
• Eau:
agriculture, forêts,
potentiel
hydroélectrique
• Forêt:
énorme réservoir de
carbone et
de bois d’œuvre
•
Biodiversité (pharmacie,
recherche
scientifique,
équilibre
des écosystèmes,
tourisme)
Contraintes
• Ressources
humaines
Qualitativement
limitées
• Faiblesse
de l’administration
aggravée par
les conflits
• Résistance
aux réformes
institutionnelles
ou autres (PPP)
• Cadre
juridique dépassé
Le changement climatique induit une transformation profonde des modes de
vie partout sur la planète
La RDC doit décider si elle accompagne ou subit cette transformation. Les implications du changement climatique en RDC correspondent à plusieurs milliards
de dollars annuels, peut-être jusqu’à 20% du PIB du pays la, RDC doit décider si elle en subit le coût et le contrecoup ou si elle en
fait une opportunité historique pour le financement de son développement.
En réalité, il s’agit pour la RDC de changer une menace en opportunité, ce
qui implique une transformation en profondeur de la société et de l’économie nationale. La RDC doit
décider de placer la gestion durable de son capital naturel comme ligne
directrice de cette transformation positionnées au cœur du DSCRP2, la lutte
contre le changement climatique et la gestion de l’environnement offrent ainsi
des opportunités crédibles pour structurer et dynamiser le développement durable
de la RDC.
CONCLUSION
La bataille
visant, d'une part, à améliorer la sécurité alimentaire d'une population
mondiale croissante et, d'autre part, à contenir le changement climatique peut
être menée sur un même front: les terres agricoles, selon un nouveau rapport de
la FAO diffusé aujourd'hui. L'agriculture ne subit pas seulement les effets du
changement climatique, elle est elle-même responsable de 14% des émissions
mondiales de gaz à effet de serre. Mais l'agriculture peut potentiellement
offrir une partie importante de la solution grâce à sa capacité d'atténuation
(réduction et/ou élimination) d'un volume important des émissions mondiales de
gaz à effet de serre, indique la FAO. Et quelque 70 pour cent de ce potentiel
d'atténuation pourrait être réalisé dans les pays en développement. Les options
techniques les plus importantes pour que l'agriculture contribue à
l'atténuation du changement climatique sont l'amélioration de la gestion des
terres cultivées et des pâturage la restauration biologique des sols et des
terres dégradées. Près de 90 pour cent du potentiel technique d'atténuation de
l'agriculture provient de la séquestration du carbone par les sols. Il s'agit
notamment d'accroître dans les sols les niveaux de matières biologiques dont le
carbone est le principal composant. Cela peut se traduire par une meilleure
teneur en nutriments végétaux, par l'augmentation de la capacité de rétention
de l'eau et par une meilleure structure, le tout débouchant sur
des rendements plus élevés et une plus grande résilience(2).
Les options techniques d'atténuation par la séquestration du carbone peuvent comprendre: la réduction du labourage, l'utilisation des résidus pour le compostage ou le paillage, l'utilisation de cultures pérennes pour la couverture des sols, le réensemencement et l'amélioration de la gestion des pâturages dans les prairies(2) L'idée, indique M. Meller, est de déranger le moins possible le sol, de le garder couvert, de mélanger et de procéder à la rotation des cultures afin que le carbone soit puisé de l'atmosphère et stocké dans les sols et la végétation. Près de 90% du potentiel de l'agriculture de réduction ou d'élimination des émissions de l'atmosphère proviennent de telles pratiques. Outre la séquestration du carbone par les sols, l'utilisation plus efficace des fertilisants et une meilleure gestion des systèmes de bétail sont également des options prometteuses qui renforcent la réduction ou l'élimination des émissions. Nombre de ces activités peuvent aussi réduire la déforestation et la dégradation des forêts du fait des gains de productivité associés. Cela signifie que de la nourriture supplémentaire peut être produite sans l'intrusion de l'agriculture dans les forêts(3).
Les options techniques d'atténuation par la séquestration du carbone peuvent comprendre: la réduction du labourage, l'utilisation des résidus pour le compostage ou le paillage, l'utilisation de cultures pérennes pour la couverture des sols, le réensemencement et l'amélioration de la gestion des pâturages dans les prairies(2) L'idée, indique M. Meller, est de déranger le moins possible le sol, de le garder couvert, de mélanger et de procéder à la rotation des cultures afin que le carbone soit puisé de l'atmosphère et stocké dans les sols et la végétation. Près de 90% du potentiel de l'agriculture de réduction ou d'élimination des émissions de l'atmosphère proviennent de telles pratiques. Outre la séquestration du carbone par les sols, l'utilisation plus efficace des fertilisants et une meilleure gestion des systèmes de bétail sont également des options prometteuses qui renforcent la réduction ou l'élimination des émissions. Nombre de ces activités peuvent aussi réduire la déforestation et la dégradation des forêts du fait des gains de productivité associés. Cela signifie que de la nourriture supplémentaire peut être produite sans l'intrusion de l'agriculture dans les forêts(3).
Bref pour promouvoir l’agriculture face au changement climatique en RDC,
nous devons examiner profondément tous les aspects négatifs qu’apportent
l’agriculture industrielle, extensives, modernes (usage des engrais chimiques,
utilisation des engins lourds dans l’agriculture, usage des pesticides pour
lutter contre les ennemis de cultures, usage des OGM….).Nous devons être très
observant et agissant sur les pollutions de l’air ,de l’atmosphère, car se sont
ces éléments qui sont à la base de changement climatique.
BIBLIOGRAPHIE
-(1) Réseau Action
Climat-France, rubrique agriculture : http://www.rac-
f.org/rubrique.php3?id_rubrique=55
-(2) FAO Media
centre :Une agriculture
intelligente peut attenuer le changement climatique (Internet)
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