jeudi 2 janvier 2014

PLAN STRATEGIQUE DE TRANSFORMATION DE L’AGRICULTURE AU RWANDA ANALYSE THEMATIQUE PRODUCTIONS VEGETALES



TABLE DES MATIERES













CODERVAM             : Coopérative de Développement Rizicole des Vallées du Mutara
COOPTHE                 : Coopérative des Théiculteurs
DUHAMIC ADRI        : ONG Rwandaise (Association pour le Développement Rural Intégré)
FERWATHE              : Fédération Rwandaise des Théiculteurs
FSRP                         : Farming System Research Project
ICHA                          : Impôt sur le Chiffre d’Affaires
ISAR                           : Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda 
MINAGRI                   : Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage
MINECOFIN              : Ministère des Finances et de la Planification Economique
MINIMEX                   : Minoterie de Kigali
MINITERE                 : Ministère des Terres, de l’Eau, des Forets, des Ressources naturelles et de l’Environnement
OCIR                          : Office des Cultures Industrielles du Rwanda (Café et Thé)
OGM                          : Organismes Vivants Génétiquement Modifiés
ONG                           : Organisation Non Gouvernementale
SOTIRU                     : Société Industrielle de Ruhengeri
UCORIRWA              : Union des Coopératives Rizicoles du Rwanda
USD                           : Dollars des Etats-Unis d’Amérique




Le secteur agricole reste le secteur le plus important de l’économie du Rwanda. Il contribue pour environ 46% du PIB en termes réels (2001), fourni 80% des emplois et représente 80% des exportations. Le Rwanda vient de se doter d’une nouvelle Politique Agricole Nationale qui assigne au secteur agricole l’objectif général de contribuer d’une manière durable à la réduction de la pauvreté et à la croissance économique du Rwanda à travers l’augmentation des facteurs de production, la valorisation maximale des productions, la diversification des opportunités de revenus, la préservation des ressources naturelles et environnementales.  Cette politique est conçue en conformité avec les grandes orientations contenues dans la Vision 2020 et la Stratégie de Réduction de la Pauvreté.

Dans le cadre de l’opérationnalisation de la Politique agricole nationale, nous présentons dans ce document, les stratégies relatives au sous secteur des productions végétales.    
Les principales productions végétales au Rwanda sont regroupées entre les cultures vivrières (Légumineuses, Céréales, Tubercules et racines, Bananes)  et les cultures traditionnelles de rente (Café, Thé, Pyrèthre) et les nouvelles cultures de rente ou d’exportation (fruits et légumes, fleurs, épices).

Les cultures vivrières occupent 92% des superficies cultivées, tandis que le café et le thé occupent respectivement 6,3 et 1,6 % des superficies cultivées. L’analyse des statistiques du MINAGRI montre que la moyenne des superficies cultivées sur la période 1997-2003 est de 1.428.033 ha. Ces superficies se décomposent en 18% pour les céréales, 26% pour les légumineuses, 26% pour la banane, 28% pour les tubercules et les racines. En 2002, les superficies cultivées représentaient 74% des terres disponibles, alors que les jachères/pâturages, boisements et autres usages représentaient 14%,7% et 5% respectivement.

L’évolution de la production des principales cultures vivrières sur la période 1989-2003 montre des variations importantes qui s’expliquent entre autres par l’effondrement du système de production lors du génocide de 1994 et la relance progressive de la production au cours de la période qui a suivi. L’analyse de la production sur la période 2000-2003 montre que 84% du volume de production provient de 4 cultures à savoir la banane (36,3%), la patate douce (17 ,2%) ; la pomme de terre (16,2%) et le manioc (14,4%). Ces 4 cultures occupent 50% de la superficie cultivée et procurent 64% des besoins énergétiques. On note à ce sujet une faible part des céréales dans la couverture des besoins énergétiques (15,4%). Notons cependant la présence d’un marché porteur, ainsi que les possibilités d’extension et d’intensification et  l’implication accrue du secteur privé dans la promotion des filières maïs et riz.

 L’analyse du bilan alimentaire montre un taux de couverture  moyen de 87% en énergie, 70% en protéines et 20% en lipides sur la période 2000-2003. Le déficit de la  couverture des besoins alimentaires est général tant pour l’énergie que pour les protéines mais le déficit lipidique chronique reste la principale caractéristique du panier des productions au Rwanda.

Pour ce qui est des cultures traditionnelles de rente et d’exportation, Le Rwanda exporte le café, le thé et le Pyrèthre. Le  café a été pendant longtemps la première culture d’exportation. Elle est  pratiquée par 400.000 producteurs dans 60 District qui ont été identifiés comme les plus propices à la culture dans le cadre de la régionalisation et de l’intensification de cette culture. Le nombre de caféiers dans cette zone est évalué à quelques 70 millions. Le nombre des associations travaillant avec l’ OCIR Café est de 80. Au cours de la période 2000-2003, la valeur des exportations du café est de 19 millions USD en moyenne par an soit environ 28% des recettes d’exportation. Le niveau de production enregistré jusqu’au 01/09/2004 est de 25.000 t de café vert mais il reste de loin inférieur au maximum de production obtenu en 1986 qui était de 43.000 Tonnes. En vue d’améliorer la qualité du café, le Gouvernement rwandais a entrepris un programme de promotion des stations  de lavage dont 13 en 2003, le nombre devant atteindre 20 en 2004 et 107 en 2010.

 Le Thé constitue la seconde culture traditionnelle d’exportation. La production de thé est faite sur 12.800 ha dans  des blocs industriels et plantations villageoises et est traité dans les usines à thé de Mulindi, Pfunda, Rubaya, Nyabihu, Mata, Kitabi, Gisovu, Shagasha, Gisakura et dans l’usine privée de la SORWATHE. Les plantations de thé occupent 12.862 Ha, la capacité installée des usines est de 15.500 t de thé usiné par an et le secteur emploi 52.838 personnes, producteurs de thé et employés confondus. En 2002, le thé était  la source principale des recettes d’exportation, soit 39% ou Us $ 27 millions. Le prix sur le marché mondial fluctue énormément, en effet il est passé de 0.70 cents le kg en 1995 à US $ 1.40 le kg en 2001et US $1,76 actuellement. La production varie entre 13,000 tonnes et 17,000 tonnes  dans les conditions normales et les recettes se situent autour de US $ 20 millions à 27 millions.

Concernant la compétitivité des produits agricoles, les avantages comparatifs du Rwanda découlent en premier lieu des conditions agro-écologiques  qui sont  favorables. Le Rwanda a par exemple  un avantage comparatif pour le thé, le café et le pyrèthre dans la mesure où ces cultures rencontrent les conditions optimales de productivité et de qualité et qu’ils se conservent relativement bien à l’état sec. Les autres avantages comparatifs sont les perspectives intéressantes d’amélioration de la qualité du thé et du café.

Le Rwanda bénéficie en outre d’un climat favorable à la diversification des cultures d’exportation non traditionnelles (fruits et légumes, les fleurs et plantes ornementales, et les plantes condimentaires, aromatiques, pharmaceutiques, cosmétiques, tinctoriales et autres) : L’ Etude de faisabilité de l’appui financier à la diversification des exportations agricoles (Union Européenne, 2003) a permis d’identifier 40 produits représentant un potentiel de développement dont 8 ont fait l’objet d’analyse  détaillée. Il s’agit de l’avocat, du ricin, de la groseille du cap, du piment, de la banane frecinnette, du miel et de ses dérivés, du Gloriosa superba, et des plantes médicinales. Les légumes et les fruits constituent une importante source de revenus aux producteurs à cause surtout du fait qu’ils n’exigent pas de grandes superficies et contribuent à l’amélioration de l’alimentation. Cette filière a un potentiel d’exportation évident compte  tenu de la demande sur le marché international. Des possibilités intéressantes d’exportation futures existent pour les nouvelles cultures comme le Makadamia.

Au niveau des services de proximité aux producteurs , L’agriculture rwandaise est caractérisée par un très faible niveau d’utilisation des intrants, surtout les engrais minéraux avec une consommation nationale   généralement estimée à moins de 4 kg/ha cultivé. L’analyse des tendances des 10 dernières années montre que les quantités d’engrais importés ont rarement dépassé les 8.000 tonnes par an. L’importation des engrais a été libéralisée en 1999, et des compagnies privées ont commencé à s’intéresser à ce secteur. Parmi les facteurs limitant l’utilisation des engrais nous pouvons citer ; (i) le manque de connaissances sur l’utilisation des engrais ; (ii) le coût élevé des engrais ; (iii) l’offre inadéquate et une  demande difficile à évaluer  (iv) et le manque de crédits pour acheter les engrais.

Pour ce qui est de l’organisation des producteurs, il y a lieu de souligner l’existence à tous les niveaux d’une multitude d’associations, groupements, intergroupements et  coopératives  qui interviennent à différentes étapes des filières agricoles. La plupart des associations et inter groupements s’occupent des productions vivrières et maraîchères, mais on assiste depuis quelques années à la structuration des associations de théiculteurs et des caféiculteurs. Les associations des théiculteurs sont regroupées au niveau national dans la Fédération Rwandaise des Associations de Théiculteurs (FERWATHE). Les différentes coopératives rizicoles sont quant à elles regroupées au niveau national dans l’Union des Coopératives Rizicoles du Rwanda appelée UCORIRWA . Il existe également deux syndicats IMBARAGA et INGABO et d’aotres organisations de producteurs qui oeuvrent en vue de la professionnalisation de l’agriculture, la fourniture des services de proximité et la défense des intérêts des producteurs. Les problèmes majeurs auxquels sont confrontés les organisations  des producteurs sont (i) le faible niveau d’organisation et de participation des membres, (ii) les capacités faibles surtout en matière de planification,de gestion et de négociation, (iii) le manque de ressources humaines, matérielles et financières.

La Politique agricole nationale met un accent particulier sur l’existence d’une volonté politique ferme de restaurer la recherche et de restructurer l’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda (ISAR). Elle souligne aussi le défi important à lever concernant la traduction et la transmission des résultats de la recherche aux bénéficiaires.  La nouvelle mission de l’ISAR consiste à changer d’approche et d’évoluer rapidement vers un système de recherche basé sur la demande.

Pour ce qui est de la Vulgarisation, la Politique Nationale Agricole met l’accent sur la nécessité généraliser l’approche participative en vue de permettre à tous les acteurs concernés d’être associés à l’identification des besoins et des thèmes de vulgarisation. Cette orientation stratégique représente une bonne innovation en terme d’approche car elle intervient dans un contexte général favorable qui a été induit par l’adoption par le Gouvernement rwandais du programme de bonne gouvernance, mettant l’accent sur des concepts de participation et  de  responsabilisation de la population. On assiste depuis quelques années à certaines avancées positives allant dans le sens de la privatisation de la vulgarisation.

Les principales contraintes qui freinent le développement des productions végétales  peuvent être regroupées dans les catégories suivantes :
(i)        Contraintes liées aux systèmes de Production (prédominance de l’agriculture de subsistance avec faible intégration au marché ; morcellement extrême des terres ; surexploitation sans restitution des éléments exportés par les cultures ou lessivés suite à l’érosion ; rendements des cultures très bas par rapport à leur potentiel suite à la faible utilisation du fumier, des engrais minéraux et autres intrants ; faible capacité en matière de protection des végétaux)

(ii)       Contraintes liés aux services d’appui ( Faible taux d’utilisation des engrais minéraux suite à la méconnaissance de leur effet par la plupart des producteurs et leur faible disponibilité- circuits de distribution-  et accessibilité -en terme de capacité d’achat ; La production et la commercialisation des  semences améliorées qui ne répond pas à la demande ; un système de commercialisation des engrais minéraux mal organisé, avec une faible prise en charge par les privés et les organisations des producteurs ; Inadéquation entre recherche et la vulgarisation entraînant peu de  transfert de technologie chez les producteurs

(iii)     Contraintes liées au marché (productions à faible valeur ajoutée suite à l’insuffisance des ressources, infrastructures et technologies de transformation, de  conservation et de conditionnement ; Des techniques culturales qui ne garantissent pas la qualité et la sûreté des produits alimentaires; faibles capacités commerciales  des organisation des producteurs etc.

Malgré les multiples contraintes qui limitent son développement , le  sous secteur des productions végétales bénéficie d’un certain nombre d’opportunités qui sont autant de facteurs permettant d’envisager l’avenir avec optimisme : Il s’agit entre autres (i) de la volonté politique visant la modernisation et la transformation du secteur agricole qui est clairement exprimée dans la Vision 2020, Le Programme de Réduction de la Pauvreté, La Politique Agricole Nationale;( ii) Le Leadership du MINAGRI ; (iii) les perspectives accrues d’implication des investisseurs privés dans la production agricole et dans l’agribusiness en général ; (iv) le processus d’auto organisation des  producteurs et leur volonté de prendre en charge le  développement des filières agricoles ; (v) La nouvelle Politique foncière et la future Loi foncière qui prévoient de limiter le morcellement des terres et encouragent le remembrement en vue d’une meilleure utilisation de la ressource terre (vi) La mise en place prochaine d’instruments de promotion ( Fonds de garanti et crédit agricole) ainsi que les perspectives intéressantes de la recherche  (Riz, Maïs, blé, thé, café, cultures in vitro ..)

La stratégie retenue pour les productions végétales est de contribuer à la sécurité alimentaire et à l’augmentation des revenus par : l’augmentation des niveaux de production et des rendements des cultures ; une meilleure utilisation des ressources (sols, eau, intrants) ; le développement de l’agribusiness et de la compétitivité des produits d’origine végétale. 

Les éléments de la stratégie sont : (i) Créer un environnement favorable à une disponibilité accrue des engrais minéraux et autres intrants et à leurs accès au producteur ; (ii) Accroître  le taux d’utilisation des engrais minéraux au niveau des exploitations agricoles ;(iii) Promouvoir une recherche innovatrice et un système de transfert de technologie qui répondent  à la demande des producteurs ;(iv)Organiser la filière semencière ;(v) Renforcer les capacités nationales en matière de protection des végétaux. ,(vi) Renforcer les rôles des syndicats, fédérations et autres organisations des producteurs en vue de la professionnalisation de l’agriculture ;(vii)  Mettre en place un cadre incitatif au développement des filières et la spécialisation régionale.

La mise en oeuvre de la stratégie sous sectorielle des productions végétales nécessitera la définition des  programmes et des actions qui seront prioritairement orientés vers la promotion des filières, la privatisation des services de proximité aux producteurs ainsi  que le développement de l’agribusiness et de la compétitivité. Les critères de choix des filières tiennent compte de l’importance du potentiel de  production et d’intensification, la génération des revenus tant sur le marché national, régional qu’international, ainsi les possibilités de transformation, conservation et stockage. Nous présentons dans ce rapport des projections de production et des actions spécifiques concernant la promotion des filières thé, café, riz, maïs, blé ; pommes de terre, haricots, cultures oléagineuses et cultures horticoles et fruitières.

Concernant l’Agribusiness en particulier, les deux éléments essentiels pour son développement sont  la promotion de la compétitivité des produits agricoles rwandais et la création d’un environnement favorable aux investissements dans l’agriculture.  L’analyse thématique a permis de monter que la transformation des produits agricoles est un facteur important de compétitivité dans la mesure où elle améliore la qualité intrinsèque des produits, permet leur diversification et leur présentation.  En effet, la compétitivité d’un produit tient en considération le type de produit, sa qualité, son prix de revient, la stabilité de la production et tout le “marketing” qui intervient pour approcher les acheteurs et les fidéliser.  Le développement des infrastructures est ainsi reconnu comme un facteur  important de compétitivité : Il s’agira pour l’Etat d’investir dans les infrastructures de base (électrification, adduction d’eau, routes etc.) en vue de créer des conditions favorables à la mise en place des unités de transformation par les privés (stations de lavage du café, usines à thé, minoteries et autres unités de transformation, construction de marchés, télécommunications et ICT etc.).

Il est également envisagé que l’Etat investisse dans certaines infrastructures indispensables avec possibilité d’en céder la gestion aux privés.

Pour ce qui est de l’accès aux marchés,  des actions de promotion seront entreprises, notamment pour l’identification des niches ; la certification ;  le respect des normes de qualité exigées par les marchés ; le développer du modèle de fair-trade. Des mesures seront aussi prises pour profiter le plus possible des avantages de l’ AGOA. Les ambassades rwandaises devront jouer un rôle accru dans la promotion du commerce et le Gouvernement  encouragera l’organisation des expositions au niveau national et provincial ainsi que la participation des opérateurs aux  foires agricoles à l’étranger.

Le rôle essentiel du Gouvernement est par ailleurs de  créer le cadre incitatif (politique, économique, social et légal) qui est propice à l’entreprise privée de sorte que les entrepreneurs assument pleinement le risque de leur investissement, et bénéficient pleinement des fruits qui en découlent. 

L’aide des pouvoirs publics  concernera surtout le financement des études préalables à la création d’entreprises, y compris la visite à des entreprises dans des pays voisins, la recherche agronomique et la recherche de prototypes ou procédés adaptés, des essais pilotes, les études de marché et la recherche de l’information, l’appui aux investissements (crédit bonifié, code des investissements, avantages fiscaux).





Le secteur agricole reste le secteur le plus important de l’économie du Rwanda. Il contribue pour environ 46% du PIB en termes réels (2001), fourni 80% des emplois et représente 80% des exportations[1]. Le Rwanda vient de se doter d’une nouvelle Politique Agricole Nationale qui assigne au secteur agricole l’objectif général de contribuer d’une manière durable à la réduction de la pauvreté et à la croissance économique du Rwanda à travers l’augmentation des facteurs de production, la valorisation maximale des productions, la diversification des opportunités de revenus, la préservation des ressources naturelles et environnementales.  Cette politique est conçue en conformité avec les grandes orientations contenues dans la Vision 2020 et la Stratégie de Réduction de la Pauvreté.

Dans le cadre de l’opérationnalisation de la Politique agricole nationale, nous présentons dans ce document, l’analyse thématique et  les stratégies relatives au sous secteur des productions végétales.       


2.1.        L’évolution de la  production des cultures vivrières


2.1.1.    Tendances récentes


Les principales productions végétales au Rwanda sont regroupées entre les cultures vivrières (Légumineuses, Céréales, Tubercules et racines, Bananes)  et les cultures de rente traditionnelles  (café, thé, pyrèthre) et les nouvelles cultures de rente et d’exportation (horticulture, fleurs, épices).
Les cultures vivrières occupent 92% des superficies cultivées, tandis que le café et le thé occupent respectivement 6,3 et 1,6 % des superficies cultivées. L’analyse des statistiques du MINAGRI montre que la moyenne des superficies cultivées sur la période 1997-2003 est de 1.428.033 ha. Ces superficies se décomposent en 18% pour les céréales, 26% pour les légumineuses, 26% pour la banane, 28% pour les tubercules et les racines[2]. En 2002, les superficies cultivées représentaient 74% des terres disponibles, alors que les jachères/pâturages, boisements et autres usages représentaient 14%,7% et 5% respectivement[3]. A noter que en 1990, les boisements représentaient 11% et les pâturages et jachères 22%.

L’évolution de la production des principales cultures vivrières sur la période 1989-2003 montre des variations importantes qui s’expliquent entre autres par l’effondrement du système de production lors du génocide de 1994 et la relance progressive de la production au cours de la période qui a suivi.

En affinant l’analyse sur une période plus récente (2000-2003), on remarque  que  les cultures qui ont enregistré les plus grands taux de croissance sont le riz (34%), le Blé (41 %) et les fruits et légumes (74%). L’année 2002 a connu une bonne production suite aux conditions climatiques exceptionnelles avec une augmentation de la production de 34% par rapport à 2001[4]. On note par ailleurs une tendance générale à la diminution de la production en 2003. Selon le document des indicateurs de développement du Rwanda d’Août 2003, la typologie des exploitations agricoles montre que 17% des exploitations ont moins de 0,25 ha ; 26% entre 0,25 ha-0,5 ha ; 29% entre 0,5 ha- 1 ha et 28% ont plus de 1ha[5].

L’analyse de la production sur la période 2000-2003 montre que 84% du volume de production provient de 4 cultures à savoir la banane (36,3%), la patate douce (17 ,2%) ; la pomme de terre (16,2%) et le manioc (14,4%). Ces 4 cultures occupent 50% de la superficie cultivée et procurent 64% des besoins énergétiques. On note à ce sujet une faible part des céréales dans la couverture des besoins énergétiques (15,4%).   L’analyse du bilan alimentaire montre un taux de couverture  moyen de 87% en énergie, 70% en protéines et 20% en lipides sur la période 2000-2003. Le déficit de la  couverture des besoins alimentaires est général tant pour l’énergie que pour les protéines mais le déficit lipidique chronique reste la principale caractéristique du panier des productions au Rwanda.

2.1.2.    Cas particuliers des cultures prioritaires

      

2.1.2.1.        Le Maïs :


Le maïs est la deuxième céréale après le sorgho en termes de volume de production et de superficie occupée. Elle possède cependant l’avantage d’être pratiquée dans toutes les zones agro écologiques du Pays avec un plus grand potentiel dans les provinces Ruhengeri, Gisenyi et dans les marais aménagés. Il  a un plus grand potentiel d’intensification et une meilleure réponse aux engrais.

 La filière maïs est en pleine organisation et connaîtra une mutation profonde, grâce notamment à l’implication du secteur privé dans la production, la transformation et la commercialisation du maïs. Ceci est illustré par le cas de la Société MINIMEX qui a commencé l’installation d’une usine de transformation de maïs d’une capacité de 300t/jour en phase de croisière, soit une capacité de 60.000 T/j à raison de 200j de travail par an. Ceci équivaut à 75 % de la production nationale actuelle.
 La mise en place de cette usine est une réelle opportunité de développement de la filière maïs : Ceci s’est concrétisé avec la création de l’asbl IMBARUTSO qui a entrepris de mobiliser et organiser les associations de producteurs de maïs à travers tout le Pays en vue de produire la matière première pour cette usine. Cette association bénéficie déjà de l’appui du Rural Sector Support Project  pour ce qui est de l’encadrement, de la formation et de la disponibilisation des intrants. D’autres investisseurs privés sont également engagés dans la promotion de cette filière.

2.1.2.2.        Le Riz


Le Riz est une céréale dont l’importance est grandissante au Rwanda et l’année 2004 lui a été consacrée au niveau mondial. En 2003, le riz était cultivé sur 6.020 ha  avec une production de 27.866 tonnes  de riz paddy équivalent à 18.112 tonnes de riz usiné[6].dans les Provinces de Cyangugu, Butare, Gitarama, Kigali Ngali, Umutara et Kibungo au niveau des périmètres rizicoles de Bugarama, Kamiranzovu,PRB,Mukunguli, Base,Kabuye, Ngenda , Rwamagana, CODERVAM et Ntende.
La production nationale couvrait 28% des besoins en 2001, 50% des besoins en 2002 et 60% des besoins en 2003. L’importation de riz coûte au Rwanda  une moyenne de 3.5 milliards de Frw par an qui peuvent ainsi être économisés si la capacité de production nationale est accrue.

L’ Etude du Schéma Directeur d’utilisation des marais a permis d’identifier 48.000 ha de marais qui peuvent être utilisés pour la production du Riz. Le MINAGRI prévoit d’augmenter les superficies aménagées en rizières de façon à atteindre une superficie totale de 11.813 ha en 2009, les aménagements étant prévus sur les fonds des projets encours.

Les recherches de l’ISAR ont montré des résultats en milieu contrôlé allant jusqu’à 10 t /ha,  contre une moyenne de 5t/ha en milieu paysan 

2.1.2.3.        Le Blé :


La culture  du blé est adaptée aux régions de haute altitude du Rwanda, dans les zones agro bioclimatiques 5A (Hautes terres du Bufundu et du Bushiru), et 5B (Hautes terres du Budaha, Ndiza et Buberuka)  principalement dans les provinces de Ruhengeri, Byumba et Gikongoro. Sa culture a été handicapée ces dernières années par le manque des unités de transformation. Cette contrainte est a été partiellement levée avec la mise en fonction de l’usine de la SOTIRU en Province de Ruhengeri, dont la capacité est de mouture de 300 t/saison et la mise en service prochaine d’une autre minoterie  à Gasarenda en Province de Gikongoro.

Le rendement moyen reste faible (0,6 T/ha) mais le potentiel de production est  élevé, de l’ordre de 3 à 4 T/ha et il existe des possibilités d’extension des zones cultivables jusqu’à 50.000 ha[7].  Le Rwanda continue à importer chaque année 14.000 t  de blé d’une valeur d’environ 20 Millions de Dollars[8].Ces importations pourraient être stoppées si des investissements conséquents étaient consentis en vue de valoriser le potentiel national de production du blé.

2.1.2.4.        La Pomme de terre


La culture de la pomme de terre est concentrée dans la région des hautes terres de laves en Province Ruhengeri et Gisenyi. Elle connaît aussi un bon développement dans les zones d’altitudes des provinces Gitarama, Gikongoro, Kibuye et Byumba. La moyenne de production annuelle pour les années 2000-2003 est de 1.026.987 tonnes et la pomme de terre occupe 7,67 % des superficies cultivées sur cette période.

L’analyse des flux du produit et des acteurs impliqués dans la filière pomme de terre[9] montre 5 étapes qui correspondent à un moment où le produit change généralement de propriétaire et de lieu de vie. Il s’agit de (i) la production de semences, (ii) la production des pommes de terre de consommation,(iii) la collecte et la distribution de la pomme de terre, (iv) la commercialisation et (v) et la consommation.

La production de semences est assurée par l’ISAR (semences de souche) ; le Service National Semencier (semences de base) ; et les multiplicateurs de semences (semences certifiées). Le problème essentiel identifié à ce niveau est le manque de capacité de production de semences à tous les niveaux. Cela est notamment dû à l’insuffisance des intrants en qualité et quantité, aux faibles moyens financiers et aux services d’appui insuffisants (techniques culturales, encadrement, recherche …).
  
La production des pommes de terre de consommation procure 16,2% du volume des productions végétales. La production est concentrée dans les Provinces de Ruhengeri et Gisenyi avec respectivement 100.000 et 60.000 producteurs produisant 361.200 Tonnes et 321.431 Tonnes[10]. La production se caractérise par une grande variabilité de rendements entre 8 et 22 T/ha avec des producteurs qui peuvent atteindre 25 T/ha.

La collecte et la distribution ont été étudiées à Ruhengeri et Gisenyi.  Les groupements et associations ( dont COIMU et TURWANYINZARA)  vendent les pommes de terre à la coopérative des commerçants CECMA qui achète et transporte environ 126 tonnes/jour à Ruhengeri et 200 Tt/jour à Gisenyi soit près de 70% de toute la production écoulée sur Kigali.

Pour ce qui est de la commercialisation, le marché le plus important est celui de Kigali qui est de 250 t /j ; en plus des pommes de terre venant de Ruhengeri, les autres    régions commercialisent à Kigali entre 70 et 100 tonnes par jour.

La filière pomme de terre est une filière très prometteuse au Rwanda, mais elle est encore handicapée par les problèmes en  rapport avec :
§  La production (services d’appui insuffisants, techniques culturales inadaptées, recherche, encadrement, pas de maîtrise de la rentabilité, insuffisance d’intrants en qualité et quantité)
§  La  collecte et la distribution (Marché non connu, insuffisance d’infrastructures, mauvais conditionnement)
§  La commercialisation (faible organisation, pas de valorisation qualitative)

La filière connaît une opportunité de développement parce que les producteurs ont commencé à s’organiser et à prendre en charge les aspects de commercialisation. Les rendements moyens sont encore bas (8t/ha) mais certains fermiers atteignent  18 à 22t /ha à Ruhengeri et Gisenyi.

Il existe également un projet d’appui à l’ISAR financé par l’Ambassade des  Pays- Bas. Il existe des possibilités d’exportation des semences de souche et des pomme de terre de consommation dans la sous région.

2.1.2.5.        Le Haricot :


La culture du haricot est l’une des caractéristiques essentielles de l’agriculture rwandaise. Le haricot est pratiqué dans toutes les régions du Rwanda et il constitue la principale source de protéines (38%) dans l’alimentation de la population rwandaise. Selon le rapport sur l’état de la pauvreté au Rwanda, la consommation est d’environ 40 kg/personne /an. La culture du haricot a été  handicapée ces dernières années par des problèmes de maladies surtout pour les variétés naines et le manque de tuteurs pour les haricots volubiles ainsi que la baisse générale de niveau de fertilité des champs cultivés. La production moyenne pour la période 2000-2003 dépasse les 235.000 tonnes et vient en termes de volume après la banane et les principales tubercules et racines. Le rendement moyen atteint pour la période 2000-2003 est très bas (678 Kg/ha) alors que le potentiel de production peut atteindre les 2,5 T/ha. Cette situation permet d’envisager une intensification possible de cette culture surtout si elle est combinée  au maïs ou à la pomme de terre en rotation dans les zones les plus productives. 

2.1.2.6.        Le soja


La culture du soja est importante au Rwanda parce que le soja est riche en lipides et peut contribuer, si la production est significativement augmentée, à résoudre le flagrant déficit lipidique  qui caractérise l’alimentation des rwandais. La production du soja est  encore  relativement faible (16.800 t/an en moyenne/) mais elle a connu une augmentation régulière  depuis l’an 2000. Le niveau de rendement est aussi très bas (de l’ordre de 500Kg/ha en moyenne alors qu’il peut donner 1T/ha avec peu d’investissements) , et ceci est dû au fait que le soja est cultivé dans des zones marginales là où le haricot ne donne plus. Le soja est en effet une plante plus rustique que le haricot dans les conditions marginales, pourvu que le terrain ne soit pas acide (pH>5) et lui permette de développer ses activités symbiotiques.

 La culture du soja connaît cependant des opportunités intéressantes de promotion, notamment avec l’augmentation prévue de la capacité de l’ISAR de produire l’inoculum (Rhizobium) et l’émergence et la possibilité d’augmenter le nombre des unités de transformation en farines ; lait et tofu (DUHAMIC ADRI ; COCOF)

Nous présentons, dans les tableaux ci- dessous les statistiques sur l’évolution des productions végétales, les rendements ainsi que l’apport des différentes cultures dans le bilan alimentaire.



VEGETALES DE 2000 A 2003 (en tonnes)










   ANNEE
   ANNEE
   ANNEE
   ANNEE
   ANNEE
MOYENNE
Cultures
1990
2000
2001
2002
2003
2000-2003







Sorgho
142 603
155 106
175 904
184 351
171 587
171 737
Maïs
95 685
62 502
80 979
91 686
78 886
78 513
Blé
6 976
6 444
8 209
7 434
15 305
9 348
Riz
9 305
11 654
15 610
20 976
27 891
19 033







Haricot
204 708
215 347
242 157
246 906
239 394
235 951
Petit pois
10 948
15 342
16 293
16 027
17 697
16 340
Arachide
8 276
7 032
9 635
10 414
10 275
9 339
Soja
18 096
13 922
16 336
17 088
19 869
16 804







Banane
2 776 764
2 212 250
1 784 058
2 784 870
2 407 837
2 297 254







Pomme de terre
283 673
957 198
1 012 269
1 038 931
1 099 549
1 026 987
Patate douce
817 738
1 032 916
1 156 359
1 292 361
868 204
1 087 460
Colocase & igname
81 613
90 945
112 871
122 845
138 810
116 368
Manioc
265 190
820 992
788 910
1 031 077
1 003 078
911 014







Fruits et legumes
73 496
205 675
211 038
233 643
710 227
340 146







TOTAL
4 795 071
5 807 325
5 630 628
7 098 608
6 808 608
6 336 292







Source : Statistiques du MINAGRI




Tableau N° 2 : Moyenne 2000-2003 des Superficies occupées (%) et des Productions (%) et contribution au bilan alimentaire par culture.

Cultures
% moyen

Production
Superficie
Energie
Protéines
Lipides
Sorgho
2,71
10,92
9,56
10,23
4,29
Maïs
1,24
6,35
4,64
5,55
17,47
Blé
0,15
0,85
0,46
0,73
0,80
Riz
0,30
0,37
0,72
0,63
0,32
 Total cereals
           3,20
 18,49
15,38 
19,14 
22,87 






Haricot
3,72
21,99
13,11
38,47
18,72
Petit pois
0,26
2,02
0,93
2,79
0,97
Arachide
0,15
0,96
0,48
0,91
12,43
Soja
0,27
2,00
1,13
4,35
14,26
 Total légumineuses
 4,3
26,97 
15,65 
46,52 
46,38 






Banane
36,26
22,76
15,14
6,33
5,93






Pomme de terre
16,21
7,67
20,34
12,22
10,78
Patate douce
17,16
11,29
11,45
10,79
4,46
Colocase & igname
1,84
1,57
1,68
0,50
0,53
Manioc
14,38
8,24
17,09
3,95
7,85
 Total tubercules
49,50 
 28,77
50,54 
27,46 
23,62 






Fruits et legumes
5,37
3,02
3,26
2,52
1,18






TOTAL
100,00
100,00
100,00
100,00
100,00
Source : Nos calculs d’après les données du MINAGRI


Tableau N° 3. Evolution des rendements (Kg/Ha)


   ANNEE
   ANNEE
   ANNEE
   ANNEE
ANNEE
Moyenne
Cultures
1990
2000
2001
2 002 
2 003
2000-2003

Sorgho
1 069 
890 
1 063 
1 074 
954 
994 
Maïs
971 
702 
767 
876 
767 
781 
Blé
749 
642  
764 
617 
738 
698 
Riz
1 365 
2 732 
3 067 
3 266 
3 667 
3 255 







Haricot
780 
646 
704 
690 
671 
678 
Petit pois
239 
512 
507 
513 
510 
510 
Arachide
884 
522 
652 
655 
612 
613 
Soja
674 
471 
553 
546 
553 
532 







Banane
6 932 
6 137 
4 911 
7 760 
6 724 
6 378 







Pomme de terre
6 745 
8 783 
8 622 
8 313 
8 208 
8 465 
Patate douce
4 649 
5 914 
5 848 
6 615 
5 901 
6 085 
Colocase et igname
1 565 
4 266 
4 397 
4 849 
5 115 
4 680 
Manioc
2 013 
6 815 
5 791 
7 904 
7 477 
6 990 







Fruits et legumes
4 000 
4 933 
4 792 
4 927 
12 223 
7 114 
Source : Compilation à partir des Statistiques du MINAGRI

2.2.        Evolution des cultures traditionnelles de rente


2.2.1.    Le café


La culture du café est concentrée dans les zones bordurières du lac Kivu en Provinces de Cyangugu, Kibuye et Gisenyi ; ainsi que dans les Provinces de Butare, Kigali Ngali, et Kibungo.

Elle est  pratiquée par 54% des ménages au Rwanda avec 86.3 % des ménages à Butare, 78.6% à Cyangugu, 71.5% à Kibungo et 70.5% à Kigali Ngali.

La culture du café est  pratiquée par 400.000 producteurs dans 60 District qui ont été identifiés comme les plus propices à la culture dans le cadre de la régionalisation et de l’intensification de cette culture. Le nombre de caféiers dans cette zone est évalué à quelques 70 millions. Le nombre des associations travaillant avec l’ OCIR Café est de 80. Au cours de la période 2000-2003, la valeur des exportations du café est de 19 millions USD en moyenne par an soit environ 28% des recettes d’exportation.

La production de café a augmenté jusque au milieu des années 1980 avec un maximum de 43.088 t enregistré en 1986. La production a par la suite continué à chuter jusqu’en 1998 et a commencé à amorcer une reprise en 1999. Le niveau de production enregistré jusqu’au 01/09/2004 est de 25.000 t de café vert.



Tableau N° 4 : Evolution du secteur café de 1986 à 2004

Année
1986
1990
1992
1993
1995
1996
1997
1998
2000
2001
2002
2003
2004
(AU 01/09/04°
Production (tonnes)
43 ,088
39,575
38,970
28,495
21,829
15,239
14,829
14,268
16 ,098
18,267
19,426
14,175
25.000
Production café fully washed








17
51
29
333
700
% du café standard
48 ,18
7
0,32
4,25
2,4
0,25
1,8
7,4
19,5
18,5
29,4
32,4
35
% café ordinaire
38,59
86,9
93
88,7
92,7
82,9
93,4
80,5
72,4
75
58
55
53
% café fully washed








0,1
0,3
0,15
2,3
1,9
Source: Présentation Directeur OCIR café, Séminaire MINAGRI Gisenyi, Septembre 2004

Comme le montre le tableau ci-dessus, la qualité du café a également connu une baisse qui s’est traduite par la diminution du café standard qui est passé de 48,18% en 1986 à 0,32% en 1992. Depuis  l’an 2000, le Gouvernement a opté pour l’amélioration de la qualité du café en général  et la promotion du café fully washed de façon qu’en 2003, le café standard représentait 32,4% et le fully washed 2,3%. En vue d’améliorer la qualité du café, le Gouvernement rwandais a entrepris un programme de promotion des stations  de lavages dont 13 en 2003, le nombre devant atteindre 20 en 2004. La production de café fully washed atteint déjà 700 t au 01/09/2004.

Tableau N° 5 : Evolution des exportations de café de 1990 à 2003.

Année
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
Valeur exportation café
65,7
57,6
35,1
37,6
17,4
38,2
43,0
45,3
25,9
30,6
22,4
19,4
19,2
15
Total exportation
103,0
95,6
69,0
67,7
32,2
51,2
61,7
93,0
64,4
62,0
69 ,0
73,0
65,9
62,9
% contribution café
63,8
60,3
50,9
55,5
54,0
74,6
69,7
48 ,7
40,2
49,4
32,5
26,6
29,1
23,8
 Source : OCIR Café



Parmi les contraintes qui sont à la base de la baisse de la production, nous pouvons citer la réduction de la productivité, une grande proportion de caféiers en âge d’être régénérés, le faible potentiel productif des variétés traditionnellement cultivées, inefficacité de la vulgarisation, faibles capacités des  associations de producteurs, baisse des cours  du café sur le marché international et démotivation des producteurs.

La  baisse de la qualité  est quant à elle due à de mauvaises techniques de lavage du café (absence de stations de lavage et d’un système sérieux de contrôle de la qualité), au mauvais état des plantations de caféiers, la non différenciation des prix en fonction de la qualité, et la compétition excessive des usiniers et exportateurs qui ne favorise pas la qualité.

2.2.2.    Le Thé


Le Thé constitue la seconde culture traditionnelle d’exportation. La production de thé est faite sur 12.800 ha dans  des blocs industriels et plantations villageoises et est traité dans les usines à thé de Mulindi, Pfunda, Rubaya, Nyabihu, Mata, Kitabi, Gisovu, Shagasha, Gisakura et dans l’usine privée de la SORWATHE. Les plantations de thé occupent 12.862 Ha, la capacité installée des usines est de 15.500 t de thé usiné par an et le secteur emploi 52.838 personnes, producteurs de thé et employés confondus[11]. Les plantations théicoles sont subdivisées en 8  blocs industriels totalisant 4.005 ha, 3 Coopératives théicoles (COOPTHES) produisant sur  1.990 Ha,  5.713Ha de  plantations villageoises  et des plantations privées de 1.141 Ha[12].  Les superficies non exploitées sont importantes, elles sont passées de 817 Ha en 2002 à 1.105,6 en 2003 et 2004 suite aux pertes de théiers dans les plantations de  Mulindi.

En 2002, le thé était  la source principales des recettes d’exportation, soit 39% ou Us $ 27 millions. Le prix sur le marché mondial fluctue énormément, en effet il est passé de 0.70 cents le kg en 1995 à US $ 1.40 le kg en 2001et US $1,76 en 2004. La production varie entre 13,000 tonnes et 17,000 tonnes  dans les conditions normales et les recettes se situent autour de US $ 20 millions à 27 millions.

Suite à la mise en œuvre récente de la différenciation du prix de la feuille verte en fonction de la qualité (bonus de 2frw/ kg de feuille verte si la qualité est supérieure à 70%),  et à l’amélioration des conditions de transport du thé lors de l’exportation, l’OCIR thé a enregistré une augmentation considérable de la qualité du thé rwandais qui est actuellement côté premier à Mombasa.
Le thé est surtout exporté vers le Pakistan qui prend 65% de tout le volume, 20% vers le Soudan, l’Ethiopie, la Somalie, l’Egypte, 10% vers  le Moyen Orient et 5% vers la Grande Bretagne.

Le secteur théicole connaît aussi une importante opportunité en matière d’organisation des théiculteurs qui ont constitué des coopératives/associations de producteurs au niveau de chaque unité théicole avec la FERWATHE qui les fédère au niveau national.

Une autre opportunité importante est le rendement qui peut être considérablement augmenté. La SORWATHE atteint un rendement de 15.115 kg de thé vert par ha, alors qu’il est de 4.483 kg de thé vert à Mata , la moyenne de l’ OCIR Thé étant de 7,051 kg /ha . Concernant la production de thé  noir,  la moyenne de l’ OCIR Thé est de 1.788 kg/ ha alors qu’elle  de 3,630 kg/ha à la SORWATHE.

Les perspectives de développement de la culture du thé sont basées sur le programme de privatisation de 8 usines de l’OCIR Thé. Il est également prévu de démarrer un programme de recherche en collaboration avec l’ISAR, en vue de mettre au point des clones de bonne qualité et à haut potentiel productif. Ce programme pourra aussi porter sur les autres aspects destinés à rendre la filière plus compétitive.

Parmi les principales contraintes au développement de la culture du thé, nous pouvons citer : (i) la faible capacité des organisations des théiculteurs ; (ii) le faible rendement en feuilles vertes surtout dans les plantations villageoises (7t/ha en moyenne pour l’OCIR thé contre 15 t/ha à la SORWATHE) ; (iii) le coût élevé de l’énergie ; (iv) ainsi que le coût élevé de transport pour l’exportation.

2.2.3.    Le Pyrèthre


La production de pyrèthre est effectuée dans les zones des terres de laves en Provinces de Ruhengeri et Gisenyi. Elle peut être étendue aux zones voisines de haute altitude en Province de Byumba. Elle a été longtemps handicapée par les prix non rémunérateurs qui faisaient qu’elle était concurrencée par la pomme de terre. Mais depuis la privatisation de l’usine de traitement au profit de SOPYRWA en 1999, le pyrèthre représente une grande opportunité pour l’économie  nationale. La production de fleurs fraîches est passée de 2.500 t à 4.000 t /an  et le revenu pour les 25.000 planteurs est de l’ordre de 200 millions de Frw/an  et des recettes d’exportation de US$ 27 millions par saison.

Une autre opportunité est l’installation d’une raffinerie d’une capacité de 500 Kg/j qui permettra d’approvisionner le marché de la sous région.

2.3.        Contribution des productions végétales au bilan alimentaire


Concernant les disponibilités en énergie, la  tendance générale sur la période 2000-2003 est à la hausse mais reste en dessous des besoins énergétiques pour le Rwanda qui sont de 2100Kcal/personne/jour avec  un maximum de 96% atteint en 2002. A noter que la couverture  en énergie était de 63% en 1990.
 
La couverture protéinique accuse aussi un déficit mais le déficit chronique en lipides reste l’une des caractéristiques de l’agriculture rwandaise avec des taux de couvertures extrêmement bas (12% en 2000, 27 % en 2003).


Tableau N° 6 : Contribution des productions végétales au Bilan alimentaire entre 2000 et 2003.

Année
Energie
( kcal/Pers/j)
Energie
(% couverture des  besoins)
Protéines
(g /Pers/j)
Protéines
(% couverture des besoins)
Lipides
(g /pers/j)
Lipides
(% couverture des besoins)
2000
1640
78
36
61
5
12
2001
1692
80
42
71
7
17
2002
2025
96
44
74
10
25
2003
1945
93
45
76
11
27
Source : Statistiques du MINAGRI

2.4.        Les systèmes de production

           
Selon l’Etude sur les systèmes de production réalisée par le MINAGRI/FAO 1997,  l’agriculture rwandaise est basée sur  de petites exploitations familiales pratiquant une production de subsistance qui dégage peu d’excédents. L’intégration au marché est encore faible, mais les échanges de proximité sont importants (bananes, vivriers, petits animaux,...).

L’évolution des systèmes de production au cours des années 1960 - 1980 s’est caractérisée par une phase d’expansion de l’agriculture, basée sur la colonisation de nouvelles terres. L’augmentation de la production ainsi réalisée a permis de faire face aux besoins alimentaires consécutifs à  l’accroissement de la population.

Au cours de la période 1980 - 1990, on a assisté à la diminution des rendements et des possibilités d’extension des zones cultivées. La stagnation de la production totale et la forte croissance démographique (+3,6%/an), le morcellement accentué des terres et les mauvaises conditions climatiques ont eu comme résultante  l’apparition des famines. Ceci a eu comme conséquence que les plus petites exploitations sont condamnées à surexploiter leurs terres pour produire toujours plus, ce qui entraîne une baisse de la fertilité des terres. Dans les unités de plus grande taille, une partie importante n’est pas exploitée faute de main d’œuvre et de marchés suffisamment porteurs.

2.4.1.    Caractéristiques générales

           
Les systèmes de production au Rwanda se caractérisent par :
·         Des petites exploitations agricoles familiales d’une superficie moyenne inférieure à 1 hectare, pratiquant la polyculture - élevage[13]. Elles représentent plus de 90% des unités de production et couvrent environ 1,2 millions d’hectares. Les techniques culturales sont exclusivement manuelles ce qui demande une disponibilité en main d’oeuvre importante. Quelques 11,5% des ménages sont sans terres[14]. L’analyse du  tableau N°7 montre que 43,2% des ménages avaient moins de 0,5 Ha en 2000 et qu’elles occupaient seulement 25,1% des superficies. Ceci dénote la très forte pression sur la terre et l’implication en termes de pauvreté dans laquelle se trouvent ces ménages qui doivent tirer leur subsistance sur des terrains si petits.

·         Des systèmes de culture complexes, basés sur la diversification des productions et l’association des cultures. Ils se caractérisent par :
*   une base commune à l’ensemble des régions composée de 7 cultures principales (banane, haricots, maïs, patate douce, manioc, sorgho, pommes de terre)
*   des spécificités régionales liées aux conditions agro écologiques (altitude, sol) et socio-économiques (voies de communication, marchés, organisation des producteurs, ...).
·         Des systèmes d’élevage qui jouent un rôle essentiel dans l’économie familiale, et dans la gestion de la fertilité à proximité de l’habitation familiale (disponibilité de fumier).

Tableau N° 7 : Répartition des ménages et des superficies 

0-0,25 Ha
0,25-0,50 Ha
0,50-0,75 Ha
0,75-1,00 Ha
1-2 Ha
2-3 Ha
3Ha et +
% des terres
3.3
11.8
12.6
12.8
31.7
13.3
14.5
Superficie moyenne/
Ménage
0.16
0.38
0.61
0.87
1.37
2.39
4.19
% de ménages
16.8
26.4
17.3
12.4
19.5
4.7
2.9
Source :MINAGRI/FSRP : Production agricole , Superficies et utilisation des terres, 2002

Tableau N° 8 : Superficies occupées par les différentes zones agro-bio-climatiques
Symbole
Sur la carte
Zone agrobioclimatique
Superficie (Km2)
Superficie (%)
1
IMBO
92.4
0.4
2A
IMPALA sur basaltes
376.9
1.5
2B
IMPALA sur schistes
370.3
1.4
3
Hautes terresde Cyangugu
90.4
0.4
4A
Bords du Lac Kivu
630.5
2.5
4B
Plateau du sud
1.230.9
4.8
4C
Dorsale granitique
1.826.3
7.1
4D
Plateau du Bumbogo Buliza
1.782.2
7.0
4E
Contres forts de la Crête Congo Nil
1.013.8
4.0
4F
Plateau de l’Est
2.191.8
8.6
5A
Hautes terres du Bufundu et du Bushiru
2.388.6
9.3
5B
Hautes terres du Budaha, Ndiza et Buberuka
2.609.2
10.2
5C
Hautes terres de laves
620.0
2.4
5D
Hautes terres à sols volcaniques de contamination
126.7
0.5
6A
Bugesera
1.764.7
6.9
6B
Mayaga
684.6
2.7
6C
Mutara
1.260.0
4.8
6D
Kibungo Est
928.0
3.6

Lacs
1.277.7
5.0

Parcs nationaux,Forêts naturelles, paturages de Gishwati
1.310.0
5.1

2.4.2.    Typologie des systèmes de production


Selon l’Etude ci haut citée réalisée pour le compte du MINAGRI/FAO par Japiot[15] sur les Systèmes de production en 1997, la  typologie des systèmes de production permet de dégager trois types de producteurs avec des caractéristiques et des stratégies spécifiques :

ü  Type A : « le petit exploitant dépendant », avec une assise foncière qui ne permet pas de produire suffisamment pour assurer la subsistance de la famille; les activités « hors production » (commerce, troc, artisanat) ainsi que la vente de la force de travail à l’extérieur vient compléter les revenus de l’exploitation.

ü  Type B : « le producteur autosuffisant », qui se caractérise par une juste adéquation entre la superficie de l’exploitation et la quantité de main d’oeuvre disponible, permettant ainsi de satisfaire les besoins alimentaires de la famille. Les activités extérieures (commerce, artisanat) assurent une part importante du revenu de la famille.

ü  Type C : « le système de production de capitalisation », qui est plus hétérogène; un premier sous-groupe s’apparente au type B, avec une quantité de facteurs de production cependant supérieure; tandis que le second est constitué de chefs de ménage « non paysans » (fonctionnaire, commerçants, ...) qui développe une stratégie d’accumulation foncière.

Il convient de relever les deux points saillants ci après qui illustrent bien la complexité et la fragilité des systèmes de production agricole au Rwanda :
·         Les plus petites unités de production ont des performances productives très nettement supérieures aux plus grandes. Cependant, cette « intensification » de la production (sans intrants) se traduit par une surexploitation des terres avec de graves conséquences en matière de fertilité et de reproduction du système. La faible disponibilité en facteurs de production fragilise l’exploitation; les familles de type A (et B) sont dépendantes des activités extérieures pour subvenir aux besoins de la famille.
·         les plus grandes unités de production ont un potentiel de production important qui n’est pas toujours bien valorisé.




Tableau N° 9 : Typologie des  Structures des unités de production






1984
Type A
Type B
Type C
TOTAL
Classes de superficies (ha)
< 0,5
0,5 – 1,5
> 1,5

Taille moyenne des ménages
3,8
5,0
6,2
5,0
Part de la population (%)
20,2
45,4
34,4
100
Nombre d'actifs
2,4
3,0
3,6
3,0
Sup. Totale Moyenne / UP (ha)
0,32
0,90
2,60
1,21
Part des superficies (%)
6,9
34,1
59,0
100
Proportion du nombre d'UP (%)
26,4
46,1
27,5
100
Superficie cultivée
0,30
0,60
1,00
0,64
Superficie cultivable
0,35
0,77
1,82
0,95
Sup. Cultivée / Cultivable
86
78
56
68
Personnes Tot ./ Ha Sup. Tot.
11,9
5,6
2,4
4,2
Actifs / ha cultivables
6,9
3,9
2,0
3,2





1990
Type A
Type B
Type C
TOTAL
Classes de superficies (ha)
< 0,5
0,5 – 1,5
> 1,5

Taille moyenne des ménages
4,4
5,6
6,7
5,4
Part de la population (%)
27,7
50,6
21,7
100
Nombre d'actifs
2,4
3,2
3,8
3,0
Sup. Totale Moyenne / UP (ha)
0,31
0,88
2,35
0,94
Part des superficies (%)
11,2
45,3
43,5
100
Proportion du nombre d'UP (%)
34,1
48,5
17,4
100
Superficie cultivée
0,23
0,64
1,39
0,63
Superficie cultivable
0,30
0,86
2,30
0,92
Sup. Cultivée / Cultivable
77
74
60
68
Personnes Tot ./ Ha Sup. Tot.
14,2
6,4
2,9
5,7
Actifs / ha cultivables
8,0
3,7
1,7
3,3
Source : Etude sur les systèmes de production à partir des données de l’ Enquête Nationale Agricole (MINAGRI) 1984 & 1990

2.4.3.    Evolution future des systèmes de production


Les chiffres présentés ci-dessus sur les systèmes de production portent sur des périodes relativement éloignées, mais la situation n’a probablement pas beaucoup changée, car les problèmes qui sont à la base des systèmes de production n’ont pas changé.

Le Gouvernement a adopté en février 2004, la Politique Foncière dont l’objectif est de mettre sur pieds un système foncier sécurisant pour toute la population rwandaise et de permettre de guider les réformes foncières nécessaires en vue d’une gestion saine et une utilisation rationnelle des ressources foncières nationales. Le projet de loi foncière a déjà été étudié par les deux Chambres du Parlement (Octobre 2004). Parmi les objectifs spécifiques de la Politique nationale foncière, nous pouvons entre autres citer (i) la promotion d’une allocation des terres en vue de favoriser une utilisation rationnelle des ressources foncières en fonction de leurs aptitudes ; (ii) Eviter l’émiettement des parcelles et favoriser le regroupement parcellaire ( remembrement[16])  pour induire une production optimale (iii) instaurer l’ordre et la discipline  dans l’allocation des terres et dans les transactions foncières pour maîtriser et/ou freiner  la pression sur les terres, le développement inapproprié , la spéculation et le trafic fonciers ; (iv) Promouvoir la conservation et la gestion durable des zones humides.  

La mise en œuvre future de la Politique nationale foncière aura un impact positif sur la transformation des systèmes de production dans la mesure où elle va freiner le morcellement des terres par l’héritage ou la vente de terres. Ainsi les parcelles actuelles qui ont moins de 1 ha ne pourront plus être subdivisées et la subdivision des exploitations  plus grande ne pourra pas aller à des unités inférieures à 1 ha. La mise en œuvre de la politique nationale foncière  permettra également de procéder au remembrement, qui est ici conçu  dans le sens d’une meilleure utilisation de la terre en vue d’une plus grande productivité. C’est dans ce cadre que les membres d’une même famille seront encouragés à gérer en commun leur patrimoine, quitte à ce que chacun puisse faire les spéculations de son choix.

L’interdiction du morcellement des terres en dessous de 1 Ha combiné au remembrement et à la spécialisation régionale sont des facteurs qui contribueront à  une réelle transformation de l’agriculture rwandaise. Rappelons enfin que selon la Vision 2020, le nombre d’exploitations modernes sera de 50% à l’horizon 2020. 

2.5.        Les services d’appui à la production


2.5.1.    L’organisation des producteurs


Il existe plusieurs niveaux d’organisation  des producteurs agricoles. Il y a à la base des milliers de petites associations/groupements composés d’une vingtaine  de membres qui se mettent en commun le plus souvent pour l’exploitation d’une parcelle dans un marais ou pour bénéficier des services des projets ou des ONG. Le deuxième niveau de structuration est l’intergroupement qui regroupe plusieurs associations appartenant généralement à une même entité administrative  (District par exemple) et dont la mission est de rendre des services aux associations membres (commercialisation des produits ou des intrants par exemple).

La plupart des associations et inter groupements s’occupent des productions vivrières et maraîchères, mais on assiste depuis quelques années à la structuration des associations de théiculteurs et des caféiculteurs. Les associations des théiculteurs sont regroupées au niveau national dans la Fédération Rwandaise des Théiculteurs (FERWATHE). 

Sur le plan juridique, ces organisations paysannes se caractérisent par le fait qu’elles sont enregistrées au niveau du District, lorsqu’elles opèrent dans un seul district, au niveau de la Province lorsqu’elles opèrent sur au moins deux districts et au niveau national lorsque leurs interventions concernent au moins deux provinces.

Il existe aussi au Rwanda des coopératives agricoles, dont les plus importantes sont les coopératives des riziculteurs qui regroupent les producteurs de chaque périmètre rizicoles. Ces différentes coopératives rizicoles sont regroupées au niveau national dans l’Union des Coopératives Rizicoles du Rwanda (UCORIRWA). Le statut juridique des coopératives diffère de celui des associations dans ce sens que les coopératives sont agrées par Arrêté Ministériel.

Les problèmes majeurs auxquels sont confrontés les organisations  des producteurs sont (i) le faible niveau d’organisation et de participation des membres, (ii) les capacités faibles surtout en matière de planification,de gestion et de négociation, (iii) le manque de ressources humaines, matérielles et financières .

Les agriculteurs éleveurs du Rwanda sont par ailleurs regroupés depuis 1989 dans le Syndicat IMBARAGA qui regroupait 65.520 membres en 2003 provenant des Provinces Butare, Byumba,Cyangugu, Gikongoro, Gisenyi et Ruhengeri. L’ambition est d’être présent dans toutes les provinces du pays. Il s’agit d’une organisation paysanne   qui s’est engagé à défendre les droits des paysans et à leur fournir des services. C’est dans ce cadre que IMBARAGA a mené plusieurs projets destinés à relancer la production de la pomme de terre, le renforcement des groupements et de leur capacité de négociation.

Dans la structure organisationnelle de ce Syndicat, il y a :
(i)            Le syndicat lui-même qui est un organe de plaidoyer et de lobbying. Il comprend 4 niveaux d’intervention (niveau Secteur; District, Province et National)
(ii)            Les filières autour desquelles sont organisées les producteurs. Les structures des fédérations des producteurs de pomme de terre, de légumes, de fruits, du blé et du riz ont été mises en place. Le syndicat a également mis en place un réseau de micro- finance  et s’est engagé dans un processus de recherche participative avec les institutions de recherche.

Dans le cadre du plan stratégique 2004-2006, le syndicat IMBARAGA s’est fixé comme objectif général de « contribuer à la lutte contre la pauvreté par la professionnalisation du métier agricole à travers le renforcement des capacités  des fédérations agricoles et du Syndicat IMBARAGA ».

Il y a lieu de noter par ailleurs qu’il existe au niveau des provinces d’autres syndicats et organisations d’appui aux producteurs qui ont des objectifs similaires.

2.5.2.    La Recherche et la Vulgarisation


La Politique agricole nationale met un accent particulier sur l’existence d’une volonté politique ferme de restaurer la recherche et de restructurer l’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda (ISAR). Elle souligne aussi le défi important à lever concernant la traduction et la transmission des résultats de la recherche aux bénéficiaires.

La nouvelle mission de l’ISAR définie dans le Plan stratégique publié en 2002 veut impliquer  de façon plus engagée les communautés rurales bénéficiaires et les autres partenaires dans la dissémination des innovations adaptées, afin de promouvoir des niveaux élevés de productivité d’une agriculture orientée vers le marché, qui contribue à l’ultime but d’améliorer le revenu de la population, la sécurité alimentaire tout en préservant l’environnement.

Les grandes stratégies pour accomplir cette mission sont en premier lieu l’adoption d’une approche innovatrice qui reconnaît que le modèle linéaire Recherche- Vulgarisation- Paysan, largement suivi par l’ISAR, est peu adapté pour produire des innovations appropriées.    Ces innovations sont plutôt possible dans un cadre de partenariat plus intime où les chercheurs et les autres acteurs (vulgarisateurs, secteur privé) oeuvrant dans le développement rural, ensemble avec les communautés bénéficiaires (paysans) , identifient les problèmes, les opportunités, testent, valident, et diffusent les options variées d’innovations[17].   C’est ainsi que le rôle de l’ISAR doit évoluer, pour passer du modèle de recherche basé sur l’offre à un modèle de recherche basée sur la demande.

Les autres stratégies porteront sur (i) la focalisation de la recherche adaptative ; (ii) la réadaptation des programmes de recherche en vue de répondre à la nature multidimensionnelle des problèmes du développement agricole en s’occupant de toute la chaîne depuis la production, la transformation, la commercialisation, la consommation et l’environnement. ; (iii) la restructuration de l’ISAR par le renforcement de la décentralisation via la création des Centres de recherche et (iv) la mobilisation de plus de ressources financières en plus de celles du Gouvernement.

Pour ce qui est de la Vulgarisation, la Politique Nationale Agricole met l’accent sur la nécessité de généraliser l’approche participative en vue de permettre à tous les acteurs concernés d’être associés à l’identification des besoins et des thèmes de vulgarisation. Cette orientation stratégique représente une bonne innovation en terme d’approche car elle intervient dans un contexte général favorable qui a été induit par l’adoption par le Gouvernement rwandais du programme de bonne gouvernance, mettant l’accent sur des concepts de participation et de  responsabilisation de la population. 

La vulgarisation agricole a été pendant longtemps considérée comme une responsabilité première des services publics. Elle a  été dans l’ensemble caractérisée par des approches dirigistes et administratives, avec peu d’impact en ce qui concerne l’adoption des technologies vulgarisées et la transformation de l’agriculture.

Mais on assiste depuis quelques années à des changements d’approche qui sont autant de signes positifs indiquant une réelle volonté de changement. Il s’agit tout d’abord de la prise en charge de certains aspects de la vulgarisation par les organisations de producteurs. Ceci est le cas dans certains périmètres rizicoles et les plantations de thé où les associations de producteurs prennent en charge les agents de vulgarisation. C’est aussi le cas du syndicat IMBARAGA qui a déjà lancé un programme de formation des paysans qui servent de relais pour la vulgarisation. Cette appropriation de la vulgarisation par les associations de producteurs est source d’efficacité et de durabilité. Elle doit être appuyée.

On note également l’implication grandissante du secteur privé dans la production agricole (riz, café, thé, maïs, nouvelles cultures d’exportation ) et son partenariat avec les services publics et les organisations des producteurs  dans la promotion des filières orientées vers le marché, la diffusion des intrants  et des techniques modernes de production.  Ce partenariat constitue une opportunité pour le développement agricole et doit être soutenu.

2.5.3.    Les intrants


2.5.3.1.        Contexte général


L’agriculture rwandaise est caractérisée par un très faible niveau d’utilisation des intrants. Le faible niveau d’utilisation des semences de qualité est surtout dû à l’offre qui est insuffisante. La filière semencière est en effet peu organisée et ne répond pas à la demande. Ainsi la capacité de production des semences de souche par l’ISAR et des semences certifiées par le Service National Semencier est encore faible. Bien plus, la faible organisation des groupements multiplicateurs des semences ne permet pas de valoriser les semences de souches et de base ainsi produites. Il subsiste également un problème de contrôle de la qualité et de certification des semences.   

Concernant les produits phytosanitaires, leur importation est actuellement assurée par des sociétés privées. Les problèmes qui handicapent leur utilisation à plus grande échelle sont : (i) le faible niveau de connaissance des paysans en matière de lutte contre les maladies des cultures, (ii) les faibles capacités (et résultats) de la recherche en phytopathologie, (iii) l’absence d’une législation nationale et (iv) les faibles capacités nationales en inspection.

La faible utilisation de la matière organique pose encore un sérieux problème, qui résulte de la faible intégration de l’agriculture et de l’élevage et de la faible capacité de production ou de valorisation de la biomasse. Citons à titre d’exemple le fait que l’ insuffisance de bois de chauffe entraîne le recours à l’utilisation des résidus des récoltes estimés à 1,7 tonnes de matières organiques par ha et par an. Ces différentes formes de perte d’éléments nutritifs sont équivalentes à 40.000 tonnes d’engrais et 33.000 tonnes de chaux au niveau national[18]. La problématique des sols acides qui se trouvent dans les hautes terres de la Crête Congo Nil mérite également une attention particulière, notamment par l’augmentation de la capacité de production de la chaux et autres amendements calciques.   
   

2.5.3.2.        Le cas particulier  des engrais minéraux.


L’agriculture rwandaise est caractérisée par un très faible niveau d’utilisation des intrants, surtout les engrais minéraux. La consommation nationale d’engrais par hectare cultivé est   généralement estimée à moins de 4 kg. Ceci contraste nettement avec les moyennes (allant de 9 à 11kg/ha au cours de la dernière décennie) pour l’Afrique subsaharienne en général, qui continue de connaître la plus faible consommation d’engrais par rapport à toute autre région dans le monde[19].



 Tableau N° 10 : Tendance d’importation  des engrais   (Tonnes)[20]  

Année
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
Qté importée
531
945
1544
3303
2731
2289
835
1073
1411
1987
325
640
420
1780
2150
4401
1490

Année
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
Qté importée
2294
4100
2595
1173
90
7423
5693
13192
647
2423
1913
4326
3777
6064
6537
8686
6439
7080


Comme le montre le tableau ci dessus, les quantités d’engrais importés ont rare
ment dépassé les 8.000 tonnes par an. L’importation des engrais a été libéralisée en 1999, et des compagnies privées ont commencé à s’intéresser à ce secteur. Le Gouvernement a dans ce cadre pris des mesures destinées à favoriser l’implication du secteur privé en  supprimant les distributions gratuites d’engrais ainsi que l’ICHA et les droits d’entrée (Mai 2000).



Le Gouvernement a également mis en place,sur financement de la Banque Mondiale, une ligne de crédit pour l’importation des engrais à des taux d’intérêts subsidiés ( 9% au lieu de 16%) dans le cadre du Projet de Développement des Marchés agricoles et Ruraux. Ce Projet a clôturé en 2004. Selon le rapport d’achèvement du Projet du 28 juin 2004, un montant de US $1,28 millions a été utilisé (et totalement remboursé) à titre de crédit via les banques commerciales, soit 64% du montant total qui avait été budgétisé. Parmi les autres opérateurs impliqués dans la commercialisation des engrais au Rwanda, il y a les importateurs du secteur formel et les importateurs du secteur informel.

Les importateurs du secteur formel sont ceux qui utilisent les licences d’importation et travaillent ainsi avec la Banque Nationale du Rwanda et les Banques Commerciales. Il s’agit des sociétés comme Agrotech, Agrophar, Africhem et Murenzi Supply. L’OCIR Thé reste le plus gros client d’engrais au Rwanda. Les importateurs du secteur informel sont ceux qui s’approvisionnent généralement à partir des pays voisins. 

Le faible niveau d’utilisation des engrais est illustré par le fait qu’en saison 2000A, ils étaient utilisés sur 3% des superficies cultivées avec des variations significatives selon les cultures (29% pour le riz ; 21% pour les pommes de terre ; 19% pour les légumes). Il existe cependant un potentiel d’utilisation accrue des engrais. Les estimations faites par Kelly et All montrent que le potentiel agro- économique était de 22.798 Tonnes/an, soit 3 fois plus grand que les importation et utilisation d’engrais en 2002, et que la superficie cultivée sur laquelle la rentabilité des engrais est reconnue allait jusqu’à 16%, soit 5 fois le niveau de l’an 2002.

Parmi les facteurs limitant l’utilisation des engrais nous pouvons citer ; (i) le manque de connaissances sur l’utilisation des engrais ; (ii) le coût élevé des engrais ; (iii) l’offre inadéquate et une  demande difficile à évaluer  (iv) et le manque de crédits pour acheter les engrais.    

Les mesures préconisées en vue de traduire le potentiel d’utilisation des engrais en demande effective sont (i) l’augmentation du taux d’adoption des engrais en améliorant la recherche/développement et la vulgarisation ; (ii) l’amélioration des connaissances des agriculteurs sur le potentiel des engrais et la façon de les utiliser et (iii) l’amélioration de l’offre afin que les engrais soient disponibles en tout temps là où les producteurs en ont besoin.

2.5.4.    Développement de l’agribusiness et  compétitivité des filières végétales


L’agribusiness est un concept nouveau dans les pays en développement qui vise l’intégration du développement du secteur agricole dans une approche de marché où la demande conditionne  la productivité et la compétitivité du secteur agricole. Au lieu de concentrer les efforts d’investissements  uniquement sur l’offre alimentaire, le débat actuel met l’accent sur les préoccupations de connaissance et de maîtrise des marchés.

Ainsi, l’agri business englobe tous les facteurs de promotion des marchés agricoles  pour stimuler la production destinée à répondre à la demande des consommateurs. Or, les goûts et les exigences des consommateurs  pour la qualité et les normes de sécurité des aliments constituent de plus en plus des barrières au développement des marchés tant nationaux  qu’internationaux dont le potentiel est pourtant significatif dans le contexte de la globalisation. L’agribusiness fait recours à beaucoup de main d’oeuvre, utilise et valorise à travers la transformation les matières premières locales et crée beaucoup de valeur ajoutée et contribue ainsi à la croissance économique de manière substantielle.

L’agribusiness concerne en particulier le secteur agro-alimentaire dans le sens large (collecte, transformation, conservation, conditionnement et marketing des produits d’origine agricole) et le secteur des intrants agricoles.
Il convient par ailleurs de souligner que la production pour le marché dans un contexte de libéralisation et de mondialisation des échanges implique que les produits mis sur le marché doivent être compétitifs.

Le Gouvernement rwandais s’est engagé à promouvoir l’agribusiness à travers (i)  le développement des filières, (ii) la transformation et la compétitivité des produits agricoles pour faciliter l’accès aux marchés.

2.5.4.1.        Promotion des filières


La promotion des filières doit être conçue dans le cadre d’une agriculture orientée vers le marché. L’agribusiness valorise les produits agricoles, aide à la diversification de l’agriculture, élargit le marché des produits agricoles, crée des emplois en aval de l’agriculture et procure des revenus supplémentaires.

L'agriculture rwandaise est peu intégrée aux marchés. Comme déjà souligné dans les parties relatives aux productions végétales et animales, les activités de soutien à la production souffrent de nombreuses défaillances tant en amont (services de proximité tels que approvisionnement en intrants, crédit, organisation et encadrement du monde rural) qu'en aval (commercialisation, conservation et transformation des produits).  L’approche filière constitue un des axes essentiels de la méthodologie d’intervention du Gouvernement et s’appuiera sur le renforcement de la professionnalisation, la spécialisation et la régionalisation de l’agriculture. La recherche constitue un appui important car elle doit intervenir à tous les maillons de la filière. La promotion des produits d’exportation ainsi que l’implication accrue du secteur privé revêtent une importance particulière.

2.5.4.2.        Transformation des produits agricoles, compétitivité et accès aux marchés


La compétitivité est un concept complexe à plusieurs dimensions. Elle tient en considération le type de produit, sa qualité, son prix de revient, la stabilité de la production et tout le “marketing” qui intervient pour approcher les acheteurs et les fidéliser.  Une production est donc compétitive si elle trouve facilement dans un marché libre des acheteurs prêts à payer le prix de revient du produit, y compris une marge bénéficiaire normale.  Si le produit est exporté, le taux de change pour convertir le prix de revient local en devises joue un rôle prépondérant.

Pour les produits agricoles, les facteurs qui influence la compétitivité sont : (i) la productivité (rapport output/input) et tout élément  qui concourt à l’augmentation de la productivité (Recherche, utilisation des intrants etc.) améliore en principe la compétitivité ; (ii) la technicité et la qualification des producteurs d’où l’importance de la formation et de l’appui conseil aux producteurs (iii) l’efficacité de la commercialisation ainsi que (iv) la création d’un environnement incitatif à l’entreprenariat et à l’innovation.

Pour les produits exportés, on mesure généralement la compétitivité par le coût domestique des facteurs (“domestic resource cost”).  Si la valeur locale des ressources utilisées par unité de devises est plus élevée que le taux de change, la production n’est pas compétitive.  Dans le cas inverse, il y a compétitivité car en produisant et en exportant ce produit, on fait une économie en devises comparées à l’achat de ces mêmes devises via les bureaux de change.

La transformation des produits agricoles est un facteur important de compétitivité dans la mesure où elle améliore la qualité intrinsèque des produits, permet leur diversification et leur présentation.

La transformation des produits agricoles est très peu développée au Rwanda. Elle est essentiellement limité aux laiteries, aux stations de lavage du café, aux usines à thé, et à l’usine du pyrèthre. Les autres unités de transformations comme celles de transformation de la tomate, de la banane en vins, des fruits en jus et confiture, les minoteries pour le blé, les unités de traitement du riz sont encore insuffisantes et rarement ont  été conçues pour faire face à la concurrence régionale ou internationale.

D’autres unités commencent à s’implanter dans le pays : Il s’agit de celles de la transformation du manioc, de l’ananas, du fruit des passions et de la prune du japon, et du soja. Il y a également des possibilités d’installer des unités de séchage des fruits comme l’ananas et la banane. 

Au niveau des marchés, le Rwanda dispose des avantages comparatifs dont il peut tirer profit tant sur le marché local, régional et international.

Ainsi, pour les  Cultures traditionnelles de rente (Café, Thé, Pyrèthre) le premier avantage comparatif découle de l’environnement agro-écologique  favorable qui offre des conditions optimales de productivité et de qualité. Ces produits   se conservent par ailleurs  relativement bien à l’état sec, ce qui représente un avantage pour un Pays enclavé comme le Rwanda qui est à plus de 1.500 Km de la mer. Un autre facteur important dans la compétitivité internationale est la relative abondance et faible coût de la main-d’œuvre. Cependant, cette main d’œuvre doit être  formée pour atteindre le niveau technique  indispensable pour assurer la qualité et la fiabilité des produits.

La culture du café connaît un contexte particulièrement favorable avec l’amélioration de la qualité grâce à la promotion des stations de lavage. Ceci fait que le café rwandais de qualité est de plus en plus connu, ce qui  représente une opportunité à valoriser pour l’avenir. 

La culture du thé offre également l’avantage d’associer la culture industrielle à la culture familiale et de faire bénéficier les petits planteurs familiaux des économies d’échelle des grandes exploitations. Elle permet surtout un meilleur encadrement des petits producteurs et un contrôle strict de la qualité.

La culture du Pyrèthre trouve une opportunité  dans le contexte général qui est plus favorable aux produits naturels qu’aux produits synthétiques. La fabrication prochaine de la pyréthrine permettra d’accéder au marché de la sous région.    

Concernant les cultures de substitution aux importations ; celles qui représentent un avantage comparatif pour le moment sont le Riz et le Maïs. L’avantage comparatif du Riz découle de l’augmentation accélérée de la production enregistrée depuis l’an 2000, de façon que la production nationale couvrait 60% des besoins  en 2003. Les résultats de la recherche et les possibilités d’extension des superficies permettent d’envisager la couverture totale des besoins nationaux en l’an 2010 et la possibilité ultérieure d’exporter le riz dans la sous région. 

Pour ce qui est du maïs , l’implication accrue du secteur privé dans la transformation et son partenariat avec la société civile et les OP dans la production, ainsi que le changement progressif des habitudes alimentaires de la population fait entrevoir une mutation profonde de cette filière.

Pour ce qui est  des nouvelles cultures de rente et d’exportation, le Rwanda bénéficie d’un climat favorable à la polyculture. Parmi les cultures d’exportation non traditionnelles, les nouvelles opportunités concernent surtout les fruits et légumes, les fleurs et plantes ornementales, et les plantes condimentaires, aromatiques, pharmaceutiques, cosmétiques, tinctoriales et autres. En général, l’élasticité -revenu pour ces produits “exotiques” est assez élevée dans les pays industrialisés.

 L’ Etude de faisabilité de l’appui financier à la diversification des exportations agricoles (Union Européenne, 2003) a permis d’identifier 40 produits représentant un potentiel de développement dont 8 ont fait l’objet d’analyse  détaillée. Il s’agit de l’avocat, du ricin, de la groseille du cap, du piment, de la banane frecinnette, du miel et de ses dérivés, du Gloriosa superba, et des plantes médicinales. L’analyse a montré que ces produits peuvent d’une part être cultivés avec profit pour les producteurs et d’autre part exportés avec bénéfice vers l’Europe en utilisant selon le cas la voie aérienne ou maritime, à l’exception de la banane à cause des faibles cours à Bruxelles.

Les besoins d’investissements ont été ainsi évalués à 964 millions de Francs rwandais  dont 350 millions pour le l’huile de Ricin ; 350 millions pour l’avocat ; 125 millions pour la Groseille du cap ; 125 millions pour le piment, et 14 millions pour le miel et ses dérivés.

Le Gouvernement rwandais a pris des mesures visant à créer  un environnement favorable qui favorise la compétitivité notamment à travers la mise en place d’un cadre réglementaire et institutionnel qui favorise le développent du secteur privé, la libéralisation des échanges et l’amélioration du système de taxation, la libéralisation des prix et du commerce, la privatisation des entreprises publiques,la libéralisation de la gestion de l’eau, de l’énergie et des télécommunications, du taux de change  et la privatisation secteur du thé.
La restructuration du  RIPA en RIEPA montre une volonté politique ferme de promouvoir les exportations .La Fédération Rwandaise du Secteur Privé devra également jouer un rôle essentiel pour le développement de l’agribusiness au Rwanda.

Ce processus doit être poursuivi et soutenu afin de créer un environnement de plus en plus favorable au développement de l’agribusiness et de la compétitivité des produits agricoles rwandais. 
    

Parmi les contraintes qui entravent le développement de l’agribusiness, nous pouvons citer :
  • L’agriculture rwandaise n’est pas encore orientée vers le marché
  • Les niveaux de productions et de productivité sont encore bas
  • Les acteurs des filières ne sont pas organisés en interprofessions
  • L’enclavement du Rwanda fait que le prix du transport à l’exportation est élevé (entre Kigali, Mombassa et Dar es Salaam, le coût du transport  varie par exemple entre $ 3000 et US $ 4000 par container de 40 pieds)
  • Manque de chaîne de froid
  • Le nombre limité de cargo qui fait que certains produits doivent passer 5 jours dans des lieux de conservation et ceci  a un impact négatif sur la qualité des produits si l’on sait qu’ il y a des produits qui doivent être livrés sur le marché endéans 24 heures.
  • La non disponibilité de matériel végétal de base en quantité et qualité 
  • L’insuffisance des  technologies appropriées et des infrastructures de transformation et de valorisation des produits agricoles
  • Des techniques de productions et des produits qui ne remplissent pas les normes de standards exigés pour le marché à  l’exportation qui est de ce fait limité  par l’existence de  barrières non tarifaires.
  • Un faible niveau de technicité de la plupart des producteurs et acteurs des filières agricoles.
  • Le manque d’entrepreneurs disposant de capacités financières et de détermination pour réaliser les projets d’agribusiness.


Les principales contraintes qui freinent le développement de la production des cultures vivrières peuvent être regroupées dans différentes catégories.
             (i)    Les contraintes liées aux systèmes de production sont en rapport avec la prédominance de l’agriculture de subsistance avec une faible intégration au marché ; morcellement extrême des terres ; surexploitation sans restitution des éléments exportés par les cultures ou lessivés suite à l’érosion ; rendements des cultures très bas par rapport à leur potentiel suite à la faible utilisation du fumier, des engrais minéraux et autres intrants ; faible capacité en matière de protection des végétaux.
            (ii)    Les contraintes liés aux services d’appui s’observent aux niveaux du faible taux d’utilisation des engrais minéraux suite à la méconnaissance de leur effet par la plupart des producteurs et leur faible disponibilité (circuits de distribution)  et de la faible accessibilité (pouvoir d’achat) ; la production et la commercialisation des semences améliorées qui ne répondent pas à la demande ; un système de commercialisation des engrais minéraux mal organisé, avec une faible prise en charge par les privés et les organisations des producteurs ; l’inadéquation entre recherche et la vulgarisation entraînant peu de  transfert de technologie chez les producteurs.
           (iii)    Les contraintes liées au marché sont notamment le fait que les productions sont à faible valeur ajoutée suite à l’insuffisance des ressources, des infrastructures et de technologies de transformation, de  conservation et de conditionnement ; des techniques culturales qui ne garantissent pas la qualité et la sécurité des produits alimentaires;( food quality and safety); faibles capacités commerciales  des organisations des producteurs, etc.

Parmi les contraintes au développement des principales cultures d’exportation,  on relève concernant la production de café la réduction de la productivité, une grande proportion de caféiers en âge d’être régénérés, le faible potentiel productif des variétés traditionnellement cultivées, l’inefficacité de la vulgarisation, la faible capacité des  associations de producteurs, la baisse des cours  du café sur le marché international et la démotivation des producteurs.

La  baisse de la qualité est quant à elle due à l’absence de stations de lavage et d’un système efficace de contrôle de la qualité, au mauvais état des plantations de caféiers, la non différenciation des prix en fonction de la qualité, et la compétition excessive des usiniers et exportateurs qui ne favorise pas la qualité.

Parmi les principales contraintes au développement de la culture du thé, se retrouvent: (i) la faible capacité des organisations des théiculteurs ; (ii) le faible rendement en feuille verte surtout dans les plantations villageoises (7t/ha en moyenne pour l’OCIR thé contre 15 t/ha à la SORWATHE) ;  (iii) ainsi que les coûts élevés de l’énergie et de transport pour l’exportation.



Malgré les multiples contraintes qui limitent son développement , le  sous secteur des productions végétales bénéficie d’un certain nombre d’opportunité qui sont autant de facteurs permettant d’envisager l’avenir avec optimisme : Il s’agit entre autres (i) de la volonté politique visant la modernisation et la transformation du secteur agricole qui est clairement exprimée dans la Vision 2020, Le Programme de Réduction de la Pauvreté, la Politique Agricole Nationale;( ii) le Leadership du MINAGRI ; (iii)les perspectives accrues d’implication des investisseurs privés dans la production agricole et dans l’agri business en général ; (iv) le processus d’auto organisation des  producteurs et leur volonté de prendre en charge le  développement des filières agricoles ; (v) la nouvelle Politique foncière et la future Loi foncière qui prévoient de limiter le morcellement des terres et encouragent le remembrement en vue d’une meilleure utilisation de la ressource terre (vi) la mise en place prochaine d’instruments de promotion ( Fonds de garanti et crédit agricole) ainsi que les perspectives intéressantes de la recherche  (Riz, Maïs, blé, thé, café, cultures in vitro ..).



La stratégie retenue pour les productions végétales est de contribuer à la sécurité alimentaire et à l’augmentation des revenus par : l’augmentation des niveaux de production et des rendements des cultures ; une meilleure utilisation des ressources (sols, eau, intrants) ; le développement de l’agribusiness et de la compétitivité des produits d’origine végétale. 

Les éléments de la stratégie sont :

5.1.        Créer un environnement favorable à une disponibilité accrue des engrais minéraux et autres intrants et à leurs accès au producteur


-                Renforcer le rôle et la capacité du secteur privé à prendre en charge la filière engrais minéraux et autres intrants : Accroître les facilités d’importation, renforcer les capacités de stockage et de distribution, assurer la formation et faciliter l’accès à l’information et le contact avec les fournisseurs étrangers)
-                Réaliser le désengagement progressif des Etablissements publics dans le commerce des intrants
-                Développer un partenariat entre les services de vulgarisation, les associations de producteurs et le secteur privé pour une meilleure évaluation de la demande solvable en intrants
-                Développer  la capacité nationale de production  des fertilisants et amendements (engrais minéraux à long terme ; chaux et travertin à court et moyen terme…)

5.2.        Accroître  le taux d’utilisation des engrais minéraux au niveau des exploitations agricoles


-                Généraliser  les démonstrations  sur l’efficacité de l’utilisation des intrants sur les cultures prioritaires et les nouvelles opportunités fournies par la recherche ou le marché
-                Faciliter l’utilisation des intrants via la chaîne de conditionnement des intrants (fiches techniques, paquet technologique etc.)
-                Adapter les systèmes de financement aux besoins des petits et des grands producteurs

5.3.        Promouvoir une recherche innovatrice et un système de transfert de technologie qui répondent  à la demande des producteurs


-                Promouvoir  un système de recherche basé sur la demande sur contrat avec des privés, des ONG et des organisations de producteurs
-                Adapter les programmes de recherche aux orientations de planification du développement des filières
-                Intégrer les préoccupations des femmes rurales dans les programmes de  recherche et de vulgarisation
-                Promouvoir le partenariat entre les Services de vulgarisation, les investisseurs privés et les organisations des producteurs dans les programmes de vulgarisation (Définition des thèmes de vulgarisation, prise en charge des agents de vulgarisation, suivi évaluation, partenariat  avec les organismes d’appui)

5.4.        Organiser la filière semencière  


-                Mettre en œuvre des mesures destinées à professionnaliser la production semencière pour les cultures prioritaires : Impliquer les organisations des producteurs à prendre en charge la filière semencière
-                Renforcer les capacités du Service National Semencier pour l’organisation de la filière semencière et le contrôle de la qualité des semences. (Equipements de laboratoire, formation des agents, Mise en place des antennes régionales  etc.)
-                Mettre en place des réseaux de démonstration du potentiel des nouvelles  variétés mises au point par la recherche en insistant sur la notion de paquet technologique
-                Promouvoir l’utilisation des biotechnologies (culture in vitro), et définir la politique nationale en ce qui concerne les Organismes vivants Génétiquement Modifiés (OGM).



5.5.        Renforcer les capacités nationales en matière de protection des végétaux.

           
-                Renforcer les capacités du secteur privé et des organisations des producteurs pour la prise en charge de la commercialisation des produits phytosanitaires.
-                Renforcer les capacités du Département de phytopathologie de l’ISAR
-                Mettre en place un système efficace d’inspection phytosanitaire et en particulier un mécanisme de contrôle des mouvements transfrontaliers des produits (produits végétaux et /ou phytosanitaires)
-                Mettre en place la législation sur la protection des végétaux
-                Promouvoir les techniques de lutte intégrée

                       

5.6.        Renforcer les rôles des syndicats, fédérations et autres organisations des producteurs en vue de la professionnalisation de l’agriculture


-                Mettre en place un cadre de concertation avec les représentants du secteur privé et des organisations des producteurs. 
-                Mettre en place des programmes de renforcement des capacités des  organisations de producteur notamment pour ce qui est de la maîtrise des circuits de commercialisation.
-                Promouvoir des programmes de formation destinés à intégrer les  petits producteurs à l’agriculture de marché (Techniques modernes de production, planification de la production en fonction des opportunités de marché,)
-                Renforcer les capacités de négociation commerciale et financière des organisations de producteurs

5.7.        5.7. Mettre en place un cadre incitatif au développement des filières et la spécialisation régionale


-                Développer des programmes et mobiliser les investissements nécessaires pour le développement de la filière maïs, riz , pomme de terres, café, thé, pyrèthre, haricot,cultures oléagineuses, fruits et légumes ( Infrastructures, fonds de garantie , fonds spéciaux de promotion etc.)
-                Développer les programmes de recherche et de  vulgarisation en vue d’accroître la quantité et la qualité de la production des principales filières.
-                Définir pour chaque filière le cadre de planification et de coordination des intervenants






Les programmes retenus  doivent viser à opérationnaliser les priorités du MINAGRI dans le cadre de la promotion des filières, la professionnalisation et la spécialisation régionale. Concernant les productions végétales, ces programmes seront sous-tendus par les éléments ci-après : (i) la promotion des  filières café, thé, pyrèthre, riz, maïs, blé, Pomme de terre, haricots, cultures oléagineuses, légumes et fruits ;(ii) le renforcement et la restructuration de la recherche et de la vulgarisation ; (iii) l’organisation de la filière semencière ; ( iv) la prise en charge effective de la commercialisation des intrants par le secteur privé et les organisations de producteurs; (v) le renforcement des capacités nationales en protection des végétaux, (vi) l’appui à la professionnalisation et à l’organisation des producteurs

6.1.        Promotion des filières


Les critères de choix des filières tiennent compte de l’importance du potentiel de  production et d’intensification, la génération des revenus tant sur le marché national, régional qu’international, ainsi les possibilités de transformation, conservation et stockage.
La mise en œuvre de ces programmes se fera en phases. Il est retenu que au cours de l’année 2005, l’accent sera mis sur la promotion de manière holistique de la filière Thé et Riz tout en assurant la propulsion et le soutien aux autres filières. Les actions d’organisation et de préparation de l’expansion des autres filières seront ainsi également entreprises, de manière à réunir toutes les conditions requises pour leur développement au cours des années suivantes.  Les programmes d’accompagnement (intrants, semences, recherche et protection des végétaux) seront aussi préparés/développés dès l’année 2005.

6.1.1.    Actions  spécifiques à la filière  Thé


L’objectif prévu pour le thé est d’atteindre une production de 39.000 t de thé noir en l’an 2010. Pour cela, il est envisagé de mener les actions suivantes : 
Ø  Intensification en vue de multiplier par 3 le rendement de feuilles vertes d’ici l’an 2010. (Fertilisation, nouveaux clones plus productifs, meilleur encadrement des producteurs et de leurs associations etc.)
Ø  Améliorer la qualité de la feuille verte de 67% à 80%.
Ø  Mise en place d’une usine à thé à Mushubi et Nshili
Ø  Poursuite du programme de privatisation des 8 usines de l’OCIR Thé.
Ø  Renforcer le partenariat en matière de recherche avec l’ISAR (Mise en place d’un laboratoire de culture de tissus in vitro, recherche de nouveaux clones etc.)
Ø  Mettre en oeuvre des actions spécifiques de vulgarisation sur le thé (partenariat avec les associations de producteurs, partenariat avec les Banques populaires pour les facilités de crédits intrants etc.)
Ø  Diversifier les produits mis sur le marché (thé noir, thé vert etc.)
Ø  Assurer la promotion du Thé rwandais au Rwanda et à l’étranger



6.1.2.    Actions  spécifiques à la filière  Riz


Elles visent l’élimination des importations et la couverture des besoins nationaux  ainsi que la réalisation à terme  de surplus exportables. Les hypothèses retenues  dans le cadre de ce plan d’action sont basées sur la poursuite des aménagements de périmètres rizicoles de façon  à atteindre 11.800 ha en l’an 2009 et des rendements moyens de 5 T de riz paddy/:ha de façon à atteindre une production d’environ 69.000 t de riz usiné en l’an 2010. C ‘est dans ce cadre que les actions suivantes seront menées :
Ø  Mobiliser les fonds supplémentaires pour poursuivre les aménagements de nouveaux périmètres rizicoles  de façon à atteindre 11.800 ha en l’an 2009.
Ø  Renforcer la recherche variétale, notamment pour les variétés hautement productives et à cycle court, garantissant 2 récoltes par an
Ø  Renforcer les capacités des associations de producteurs pour une meilleure maîtrise  du circuit d’approvisionnement en  intrants
Ø  Renforcer les capacités  des associations, dans  la gestion du calendrier cultural,  la gestion de l’eau et la prise en charge du personnel d’encadrement sur la base d’expériences régionales éprouvées sur le Système de Riziculture Intensif
Ø  Mettre en œuvre le processus de privatisation des unités de transformation
Ø  Mettre en place des mesures incitatives aux privés pour l’installation de nouvelles  unités de transformation.

6.1.3.    Actions  spécifiques à la filière  Maïs


Elles visent à augmenter les rendements et la production de maïs dans un contexte d’augmentation de la demande suite au changement des habitudes alimentaire. Il est prévu de doubler la production et atteindre 160.000 t à l’horizon 2010.

C’est dans ce cadre que les actions suivantes seront entreprises :
Ø  Renforcer la recherche variétale en vue d’améliorer la gamme de variétés disponibles
Ø  Appuyer les initiatives privées pour une  prise en charge accrue de la filière (organisation des producteurs, fourniture d’intrants.)
Ø  Mettre en œuvre des mesures de promotion du maïs en rotation avec la pomme de terre dans les zones de Ruhengeri et Gisenyi pour éviter les problèmes de monoculture de la pomme de terre.
Ø  Promouvoir un partenariat entre l’ISAR, les services de vulgarisation, les privés et les organisations des producteurs pour un meilleur transfert de technologies
Ø  Faciliter les privés et les OP pour l’accès au marché offert par les services publics et organisations humanitaires oeuvrant au Rwanda ou dans la sous région
Ø  Mettre en place des mécanismes  destinés à favoriser le changement des habitudes alimentaires des rwandais et augmenter la part du mais et de ses dérivés dans la ration alimentaire

6.1.4.    Actions  spécifiques à la filière  Blé


Elles s’inscrivent dans la même logique de contribuer à la  réduction des importations, de façon à atteindre une production d’environ 39.000 t en l’an 2010. C’est dans ce cadre que les actions suivantes seront développées.
Ø  Prendre des mesures facilitant la mise en service rapide des minoteries de Gikongoro et Byumba et la relance de la production dans ces régions
Ø  Renforcer le programme de recherche sur les variétés panifiables
Ø  Offrir des facilités aux privés en vue d’assurer le  partenariat avec les  organisations des producteurs pour la disponibilisation des intrants et l’encadrement de la production
Ø  Appuyer la formation des boulangers locaux en vue de promouvoir la consommation du pain et d’autres produits à base de farine de blé.
Ø  Promouvoir des programmes de technologies alimentaires destinés à valoriser au maximum le blé.

6.1.5.    Actions  spécifiques à  la filière pommes de terre


Elles permettront de satisfaire  l’offre au niveau national, notamment par l‘augmentation des rendements Il s’agira en particulier de :
Ø  Renforcer la recherche diversifier les variétés, améliorer la qualité et le potentiel productif en général
Ø  Augmenter la capacité de production des semences de souche (actuellement on a 30% des besoins nationaux) en vue de satisfaire le marché national et sous régional
Ø  Appuyer la professionnalisation de  la production des semences commerciales et en garantir la  qualité.
Ø  Renforcer les capacités commerciales des organisations de producteurs et des acteurs commerciaux en vue de garantir un approvisionnement régulier et des prix rémunérateurs aux producteurs

6.1.6.    Actions spécifiques à la filière Haricot


Elles visent à augmenter la production et le rendement de cette culture qui reste d’une importance capitale dans l’alimentation des rwandais, notamment pour ce qui est des protéines. Il s’agira ainsi de :
Ø  Développer les programmes de recherche pour améliorer la qualité des semences de  haricot volubile (cycle végétatif court, présentation des graines et productivité)
Ø  Assurer une disponibilité accrue des tuteurs via le développement accéléré  de l’agroforesterie
Ø  Promouvoir la culture en rotation avec le maïs ou la pomme de terre

6.1.7.    Actions spécifiques aux cultures oléagineuses


 Elles visent surtout  à contribuer à réduire le déficit chronique  en lipides. Les interventions seront concentrées sur le soja avec diversification par la promotion du tournesol et de l’arachide.
Ø  Accroître la capacité de production des semences de bonne qualité et de l’inoculum pour le soja (Rhizobium)
Ø  Développer des programmes de recherche développement sur la fertilisation minérale afin d’augmenter le potentiel de production même dans les régions à sols acides
Ø  Appuyer le développement des unités de transformation du soja en farines et autres produits dérivés (lait et tofu)
Ø  Vulgariser la consommation des produits à base de soja

6.1.8.    Actions spécifiques pour la filière café[21]          


L’objectif   visé pour le café est une production de 37.000 t de café vert en 2010 dont 60% de café fully washed.

Les actions de promotion  de la filière café visent à la fois l’augmentation de la quantité et de la qualité :
 a) Concernant l’augmentation de la quantité, il est prévu :
Ø  L’intensification et l’amélioration des techniques culturales (Taille de régénération, fertilisation minérale, lutte contre les maladies …)
Ø  Le remplacement des vieux caféiers et extension des plantations de café avec de nouvelles variétés productives et résistantes aux maladies (production de 69 millions de plants d’ici l’an 2010)
Ø  Renforcement de la recherche sur  les nouvelles variétés et la lutte contre les maladies
Ø  La restructuration de la vulgarisation avec la mise en place de 5 zones caféicoles
Ø  L’appui aux associations  de caféiculteurs (accès plus facile aux intrants et matériel)

 b) Les Actions visant l’amélioration de la qualité
Ø  Augmenter la quantité de café standard (centres de dépulpage, accès au crédit)
Ø  Augmentation de la quantité de café fully washed (viser 60% de café fully washed avec la mise en place de 107 stations de lavage d’ici 2010 d’une capacité de 200t/an de café vert)
Ø  Faire la marketing du café rwandais  (recherche de marché, organisation et participation aux foires et expositions)
Ø  Assurer le contrôle de la qualité
Ø  Promouvoir la consommation du café rwandais au Rwanda.

6.1.9.    Actions spécifiques pour la filière hortofruiticole


L’objectif visé pour l’hortofruiticulture est de relancer l’activité de production sur une base pérenne. Cela suppose la mise en place d’un mécanisme de fret aérien approprié et durable; le perfectionnement technique en matière de production ; l’amélioration du cadre organisationnel et la professionnalisation en matière d’exportation.

Sur le plan technique, les actions à mettre en œuvre ont trait à : la mise en place dans le cadre de la vulgarisation d’un service spécialisé pour la formation d’encadreurs, l’agréage de proximité (champs et centres de conditionnement) en matière de normes et de qualité de la production, d’emballage et de procédures de traçabilité.

Un appui institutionnel sera apporté aux exportateurs en vue d’une meilleure organisation et de la professionnalisation de leur métier notamment en matière d’exploration permanente des marchés (veille commerciale) ; la promotion continue des produits rwandais sur les marchés extérieurs ; l’organisation rationnelle et efficace de l’exportation ; et des contrôles très stricts de qualité.

Il est envisagé de coopérer avec les autres Ministères concernés, en vue de mettre en place une infrastructure et des équipements de support appropriés, notamment la mise en place d’une chaîne de froid adéquate en commençant par  la réhabilitation des chambres froides de l’aéroport de Kanombe.

6.2.        Agribusiness et compétitivité.


La stratégie retenue  est de développer l’agribusiness par  la promotion de la compétitivité des produits agricoles rwandais et la création d’un environnement favorable aux investissements dans l’agriculture. 

6.2.1.    Compétitivité et Productivité


La productivité est un facteur important de la compétitivité des produits agricoles. Les actions et mesures destinées à augmenter la productivité sont présentées dans le programme traitant du développement des systèmes de production durables. Elles concernent surtout l’investissement dans la protection/valorisation  des sols et l’amélioration des services de proximité (disponibilité et utilisation accrue des intrants, recherche agronomique et conseil vulgarisation réformés et orientés vers la demande)  

6.2.2.    Compétitivité et transformation des produits


L’analyse thématique a permis de montrer que la transformation des produits agricoles est un facteur important de compétitivité dans la mesure où elle améliore la qualité intrinsèque des produits, permet leur diversification et leur présentation.  En effet, la compétitivité d’un produit tient en considération le type de produit, sa qualité, son prix de revient, la stabilité de la production et tout le “marketing” qui intervient pour approcher les acheteurs et les fidéliser. 

La deuxième série d’actions  jouant sur l’accroissement de la compétitivité est ainsi en rapport avec le développement des infrastructures. Il s’agira pour l’Etat d’investir dans les infrastructures de base (électrification, adduction d’eau, routes etc.) en vue de créer des conditions favorables à la mise en place des unités de transformation par les privés (stations de lavage du café, usines à thé, minoteries et autres unités de transformation, construction de marchés, télécommunications et ICT etc.).

Il est également envisagé que l’Etat investisse dans certaines infrastructures indispensables avec possibilité d’en céder la gestion aux privés (usines ou unités de transformation, chambres froides  à l’aéroport pour attirer les investisseurs étrangers et promouvoir l’exportation ;).

Les opérateurs privés seront encouragés à investir dans les camions frigorifiques pour la collecte de produits périssables dans des zones éloignées en vue disposer d’une chaîne de froid ininterrompue.

6.2.3.    Accès aux marchés


La recherche et la pénétration sur les nouveaux marchés sont capitales en matière d’agribusiness et de compétitivité. C’est dans ce cadre que des actions de promotion seront entreprises, notamment pour l’identification des niches ; la certification ;  le respect des normes de qualité exigées par les marchés ; le développer du modèle de fair-trade. Des mesures seront aussi prises pour profiter le plus possible des avantages de l’ AGOA. Les ambassades rwandaises devront jouer un rôle accru dans la promotion du commerce et le Gouvernement  encouragera l’organisation des expositions au niveau national et provincial ainsi que la participation des opérateurs aux  foires agricoles à l’étranger.

6.2.4.    Création d’un environnement incitatif


Le rôle essentiel du Gouvernement est de créer le cadre politique, économique, social et légal qui est suffisamment incitatif et propice à l’entreprise privée de sorte que les entrepreneurs assument pleinement le risque de leur investissement, et bénéficient pleinement des fruits qui en découlent. 

L’aide des pouvoirs publics  concernera surtout le financement des études préalables à la création d’entreprises, y compris la visite à des entreprises dans des pays voisins, la recherche agronomique et la recherche de prototypes ou procédés adaptés, des essais pilotes, les études de marché et la recherche de l’information, l’appui aux investissements (crédit bonifié, code des investissements, avantages fiscaux).

 C’est dans ce cadre que : (i) les interventions du CAPMER seront accrues ;  (ii) le code des investissements sera réactualisé en vue de le rendre plus  incitatif, en tenant compte des propositions de différentes parties prenantes (RIEPA , Fédération Rwandaise du Secteur Privé, Interprofessions etc. ) ; (iii) La coopération dans le domaine de l’agribusiness avec des pays partenaires sera être encouragée ; (iv), un centre d’information avec facilités de  e-commerce sera créé pour le recueil et la diffusion d’informations sur les opportunités d’affaires et de marchés agricoles ; (v) des mesures incitatives pour favoriser les PME/PMI seront développées (formation des investisseurs potentiels pour la préparation des dossiers de projet en vue de soumission à la banque - approche CEFE ou autres ; création d’un centre d’incubation pour les innovations et la promotion d’entreprises agricoles)


[1] Politique Nationale Agricole, Mai 2004
[2] Politique Nationale Agricole, Mai 2004
[3] MINAGRI/FSRP : Statistiques agricoles 2002.
[4] Indicateurs de développement du Rwanda, 2003
[5] MINECOFIN , Indicateurs  de Développement Economique, 2003
[6] MINAGRI, Point focal Riz
[7] Commission Nationale de l’Agriculture, Rapport de synthèse 1992
[8] ISAR, Programme de Recherche Développement dans les filières pomme de terre, horticulture, blé et élevage de bovins laitiers, Août 2003 
[9] Etude des Filières Pomme de terre, et Légumes, Agriterra Avril 2003
[10]  Données de l’an 2001
[11] OCIR Thé, A New Tea Sector Strategy For Rwanda, Year 2003-2010
[12] OCIR Thé, Rapport Premier Semestre 2004
[13] Etude sur les systèmes de production, MINAGRI/FAO, 1997.
[14] Un Profil de la Pauvreté au Rwanda, MINECOFIN, Février 2002
[15]  Etude sur les systèmes de production, MINAGRI/FAO,1997
[16] Politique Nationale Foncière, MINITERRE 2004
[17] ISAR, Projet de Réhabilitation et Renforcement des capacités de recherche/Développement des Centres de Karama et Ruhengeri ; 2003
[18] ISAR, ICRAF : Promotion de l’Agroforesterie pour augmenter son impact sur la réduction de la pauvreté et la Protection de l’Environnement au Rwanda.
[19] Document de l’atelier sur les politiques d’utilisation, de commercialisation des engrais , 22-23 Février 2001.
[20] Données compilées par Byakweli / Banque Mondiale Kigali à partir de différentes sources
[21] Source : OCIR Café 2004

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