TABLE DES
MATIERES
6.1.5. Actions spécifiques à
la filière pommes de terre.......................................... 31
CODERVAM : Coopérative de Développement Rizicole des Vallées du
Mutara
COOPTHE :
Coopérative des Théiculteurs
DUHAMIC ADRI : ONG Rwandaise (Association pour le Développement Rural
Intégré)
FERWATHE :
Fédération Rwandaise des Théiculteurs
FSRP :
Farming System Research Project
ICHA : Impôt sur le Chiffre d’Affaires
ISAR : Institut des Sciences Agronomiques du
Rwanda
MINAGRI : Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage
MINECOFIN : Ministère des Finances et de la Planification
Economique
MINIMEX : Minoterie de Kigali
MINITERE : Ministère des Terres, de l’Eau, des Forets, des
Ressources naturelles et de l’Environnement
OCIR : Office des Cultures Industrielles du
Rwanda (Café et Thé)
OGM : Organismes Vivants Génétiquement Modifiés
ONG : Organisation Non Gouvernementale
SOTIRU : Société Industrielle de Ruhengeri
UCORIRWA : Union des Coopératives Rizicoles du Rwanda
USD : Dollars des Etats-Unis d’Amérique
Le secteur agricole reste le secteur le plus important de l’économie du
Rwanda. Il contribue pour environ 46% du PIB en termes réels
(2001), fourni 80% des emplois et représente 80% des exportations. Le Rwanda
vient de se doter d’une nouvelle Politique Agricole Nationale qui assigne au
secteur agricole l’objectif général de contribuer d’une manière durable à la
réduction de la pauvreté et à la croissance économique du Rwanda à travers
l’augmentation des facteurs de production, la valorisation maximale des
productions, la diversification des opportunités de revenus, la préservation
des ressources naturelles et environnementales.
Cette politique est conçue en conformité avec les grandes orientations
contenues dans la Vision 2020 et la Stratégie de Réduction de la Pauvreté.
Dans le cadre de l’opérationnalisation
de la Politique agricole nationale, nous présentons dans ce document, les
stratégies relatives au sous secteur des productions végétales.
Les principales productions végétales
au Rwanda sont regroupées entre les cultures vivrières (Légumineuses, Céréales,
Tubercules et racines, Bananes) et les
cultures traditionnelles de rente (Café, Thé, Pyrèthre) et les nouvelles
cultures de rente ou d’exportation (fruits et légumes, fleurs, épices).
Les cultures vivrières occupent 92% des superficies cultivées, tandis que le
café et le thé occupent respectivement 6,3 et 1,6 % des superficies cultivées.
L’analyse des statistiques du MINAGRI montre que la moyenne des superficies
cultivées sur la période 1997-2003 est de 1.428.033 ha. Ces superficies se
décomposent en 18% pour les céréales, 26% pour les légumineuses, 26% pour la
banane, 28% pour les tubercules et les racines. En 2002, les superficies
cultivées représentaient 74% des terres disponibles, alors que les
jachères/pâturages, boisements et autres usages représentaient 14%,7% et 5%
respectivement.
L’évolution de la production des
principales cultures vivrières sur la période 1989-2003 montre des variations
importantes qui s’expliquent entre autres par l’effondrement du système de
production lors du génocide de 1994 et la relance progressive de la production
au cours de la période qui a suivi. L’analyse de la production sur la période
2000-2003 montre que 84% du volume de production provient de 4 cultures à
savoir la banane (36,3%), la patate douce (17 ,2%) ; la pomme de
terre (16,2%) et le manioc (14,4%). Ces 4 cultures occupent 50% de la
superficie cultivée et procurent 64% des besoins énergétiques. On note à ce
sujet une faible part des céréales dans la couverture des besoins énergétiques
(15,4%). Notons cependant la présence d’un marché porteur, ainsi que les
possibilités d’extension et d’intensification et l’implication accrue du secteur privé dans la
promotion des filières maïs et riz.
L’analyse du bilan alimentaire montre
un taux de couverture moyen de 87% en
énergie, 70% en protéines et 20% en lipides sur la période 2000-2003. Le
déficit de la couverture des besoins
alimentaires est général tant pour l’énergie que pour les protéines mais le
déficit lipidique chronique reste la principale caractéristique du panier des
productions au Rwanda.
Pour ce qui est des cultures traditionnelles de rente et
d’exportation, Le Rwanda exporte le café, le thé et le Pyrèthre. Le café a été pendant longtemps la première
culture d’exportation. Elle est
pratiquée par 400.000 producteurs dans 60 District qui ont été
identifiés comme les plus propices à la culture dans le cadre de la
régionalisation et de l’intensification de cette culture. Le nombre de caféiers
dans cette zone est évalué à quelques 70 millions. Le nombre des associations
travaillant avec l’ OCIR Café est de 80. Au cours de la période 2000-2003, la
valeur des exportations du café est de 19 millions USD en moyenne par an soit
environ 28% des recettes d’exportation. Le niveau de production enregistré
jusqu’au 01/09/2004 est de 25.000 t de café vert mais il reste de loin
inférieur au maximum de production obtenu en 1986 qui était de 43.000 Tonnes.
En vue d’améliorer la qualité du café, le Gouvernement rwandais a entrepris un
programme de promotion des stations de
lavage dont 13 en 2003, le nombre devant atteindre 20 en 2004 et 107 en 2010.
Le Thé constitue la seconde culture
traditionnelle d’exportation. La production de thé est faite sur 12.800 ha
dans des blocs industriels et
plantations villageoises et est traité dans les usines à thé de Mulindi,
Pfunda, Rubaya, Nyabihu, Mata, Kitabi, Gisovu, Shagasha, Gisakura et dans
l’usine privée de la SORWATHE. Les plantations de thé occupent 12.862 Ha, la
capacité installée des usines est de 15.500 t de thé usiné par an et le secteur
emploi 52.838 personnes, producteurs de thé et employés confondus. En 2002, le
thé était la source principale des
recettes d’exportation, soit 39% ou Us $ 27 millions. Le prix sur le marché
mondial fluctue énormément, en effet il est passé de 0.70 cents le kg en 1995 à
US $ 1.40 le kg en 2001et US $1,76 actuellement. La production varie entre
13,000 tonnes et 17,000 tonnes dans les
conditions normales et les recettes se situent autour de US $ 20 millions à 27
millions.
Concernant la compétitivité des
produits agricoles, les avantages comparatifs du Rwanda découlent en premier
lieu des conditions agro-écologiques qui
sont favorables. Le Rwanda a par
exemple un avantage comparatif pour le
thé, le café et le pyrèthre dans la mesure où ces cultures rencontrent les
conditions optimales de productivité et de qualité et qu’ils se conservent
relativement bien à l’état sec. Les autres avantages comparatifs sont les
perspectives intéressantes d’amélioration de la qualité du thé et du café.
Le Rwanda bénéficie en outre d’un climat
favorable à la diversification des cultures
d’exportation non traditionnelles (fruits et légumes, les fleurs et plantes
ornementales, et les plantes condimentaires, aromatiques, pharmaceutiques,
cosmétiques, tinctoriales et autres) : L’ Etude de faisabilité de l’appui
financier à la diversification des exportations agricoles (Union Européenne,
2003) a permis d’identifier 40 produits représentant un potentiel de
développement dont 8 ont fait l’objet d’analyse
détaillée. Il s’agit de l’avocat, du ricin, de la groseille du cap, du
piment, de la banane frecinnette, du miel et de ses dérivés, du Gloriosa
superba, et des plantes médicinales. Les légumes et les fruits constituent
une importante source de revenus aux producteurs à cause surtout du fait qu’ils
n’exigent pas de grandes superficies et contribuent à l’amélioration de
l’alimentation. Cette filière a un potentiel d’exportation évident compte tenu de la demande sur le marché
international. Des possibilités intéressantes d’exportation futures
existent pour les nouvelles cultures comme le Makadamia.
Au niveau des services de proximité aux producteurs , L’agriculture
rwandaise est caractérisée par un très faible niveau d’utilisation des
intrants, surtout les engrais minéraux avec une consommation nationale généralement estimée à moins de 4 kg/ha
cultivé. L’analyse des tendances des
10 dernières années montre que les quantités d’engrais importés ont rarement
dépassé les 8.000 tonnes par an. L’importation des engrais a été libéralisée en
1999, et des compagnies privées ont commencé à s’intéresser à ce secteur. Parmi
les facteurs limitant l’utilisation des engrais nous pouvons citer ; (i)
le manque de connaissances sur l’utilisation des engrais ; (ii) le coût
élevé des engrais ; (iii) l’offre inadéquate et une demande difficile à évaluer (iv) et le manque de crédits pour acheter les
engrais.
Pour ce qui est de l’organisation des producteurs, il y a
lieu de souligner l’existence à tous les niveaux d’une multitude
d’associations, groupements, intergroupements et coopératives
qui interviennent à différentes étapes des filières agricoles. La
plupart des associations et inter groupements s’occupent des productions
vivrières et maraîchères, mais on assiste depuis quelques années à la
structuration des associations de théiculteurs et des caféiculteurs. Les
associations des théiculteurs sont regroupées au niveau national dans la
Fédération Rwandaise des Associations de Théiculteurs (FERWATHE). Les
différentes coopératives rizicoles sont quant à elles regroupées au niveau
national dans l’Union des Coopératives Rizicoles du Rwanda appelée UCORIRWA .
Il existe également deux syndicats IMBARAGA et INGABO et d’aotres organisations
de producteurs qui oeuvrent en vue de la professionnalisation de l’agriculture,
la fourniture des services de proximité et la défense des intérêts des
producteurs. Les problèmes majeurs auxquels sont confrontés les
organisations des producteurs sont (i)
le faible niveau d’organisation et de participation des membres, (ii) les
capacités faibles surtout en matière de planification,de gestion et de
négociation, (iii) le manque de ressources humaines, matérielles et
financières.
La Politique agricole nationale met un
accent particulier sur l’existence d’une volonté politique ferme de restaurer la recherche et de restructurer
l’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda (ISAR). Elle souligne aussi le
défi important à lever concernant la traduction et la transmission des
résultats de la recherche aux bénéficiaires.
La nouvelle mission de l’ISAR consiste à changer d’approche et d’évoluer
rapidement vers un système de recherche
basé sur la demande.
Pour ce qui est de la Vulgarisation, la Politique Nationale Agricole
met l’accent sur la nécessité généraliser l’approche participative en
vue de permettre à tous les acteurs concernés d’être associés à
l’identification des besoins et des thèmes de vulgarisation. Cette orientation
stratégique représente une bonne innovation en terme d’approche car elle
intervient dans un contexte général favorable qui a été induit par l’adoption
par le Gouvernement rwandais du programme de bonne gouvernance, mettant
l’accent sur des concepts de participation et
de responsabilisation de la population.
On assiste depuis quelques années à certaines avancées positives allant dans le
sens de la privatisation de la vulgarisation.
Les principales contraintes qui freinent le développement des
productions végétales peuvent être
regroupées dans les catégories suivantes :
(i)
Contraintes liées aux systèmes de Production
(prédominance de l’agriculture de subsistance avec faible intégration au
marché ; morcellement extrême des terres ; surexploitation sans
restitution des éléments exportés par les cultures ou lessivés suite à
l’érosion ; rendements des cultures très bas par rapport à leur potentiel
suite à la faible utilisation du fumier, des engrais minéraux et autres
intrants ; faible capacité en matière de protection des végétaux)
(ii)
Contraintes liés aux services d’appui ( Faible taux
d’utilisation des engrais minéraux suite à la méconnaissance de leur effet par
la plupart des producteurs et leur faible disponibilité- circuits de
distribution- et accessibilité -en terme
de capacité d’achat ; La production et la commercialisation des semences améliorées qui ne répond pas à la
demande ; un système de commercialisation des engrais minéraux mal
organisé, avec une faible prise en charge par les privés et les organisations
des producteurs ; Inadéquation entre recherche et la vulgarisation
entraînant peu de transfert de
technologie chez les producteurs
(iii) Contraintes liées
au marché (productions à faible valeur ajoutée suite à l’insuffisance des
ressources, infrastructures et technologies de transformation, de conservation et de conditionnement ; Des
techniques culturales qui ne garantissent pas la qualité et la sûreté des
produits alimentaires; faibles capacités commerciales des organisation des producteurs etc.
Malgré les multiples contraintes qui
limitent son développement , le sous
secteur des productions végétales bénéficie d’un certain nombre d’opportunités qui sont autant de
facteurs permettant d’envisager l’avenir avec optimisme : Il s’agit entre
autres (i) de la volonté politique visant la modernisation et la transformation
du secteur agricole qui est clairement exprimée dans la Vision 2020, Le
Programme de Réduction de la Pauvreté, La Politique Agricole Nationale;( ii) Le
Leadership du MINAGRI ; (iii) les perspectives accrues d’implication des
investisseurs privés dans la production agricole et dans l’agribusiness en
général ; (iv) le processus d’auto organisation des producteurs et leur volonté de prendre en
charge le développement des filières
agricoles ; (v) La nouvelle Politique foncière et la future Loi foncière
qui prévoient de limiter le morcellement des terres et encouragent le
remembrement en vue d’une meilleure utilisation de la ressource terre (vi) La
mise en place prochaine d’instruments de promotion ( Fonds de garanti et crédit
agricole) ainsi que les perspectives intéressantes de la recherche (Riz, Maïs, blé, thé, café, cultures in vitro
..)
La stratégie retenue pour les productions végétales est de contribuer
à la sécurité alimentaire et à l’augmentation des revenus par :
l’augmentation des niveaux de production et des rendements des
cultures ; une meilleure utilisation des ressources (sols, eau,
intrants) ; le développement de l’agribusiness et de la compétitivité des
produits d’origine végétale.
Les éléments de la stratégie sont : (i) Créer un environnement favorable à une disponibilité accrue des
engrais minéraux et autres intrants et à leurs accès au producteur ; (ii)
Accroître le taux d’utilisation des
engrais minéraux au niveau des exploitations agricoles ;(iii) Promouvoir
une recherche innovatrice et un système de transfert de technologie qui
répondent à la demande des
producteurs ;(iv)Organiser la filière semencière ;(v) Renforcer les
capacités nationales en matière de protection des végétaux. ,(vi) Renforcer les
rôles des syndicats, fédérations et autres organisations des producteurs en vue
de la professionnalisation de l’agriculture ;(vii) Mettre en place un cadre incitatif au
développement des filières et la spécialisation régionale.
La mise en oeuvre de la stratégie sous
sectorielle des productions végétales nécessitera la définition des
programmes et des actions qui seront prioritairement orientés vers
la promotion des filières, la privatisation des services de proximité aux
producteurs ainsi que le développement
de l’agribusiness et de la compétitivité. Les critères de choix des filières
tiennent compte de l’importance du potentiel de
production et d’intensification, la génération des revenus tant sur le
marché national, régional qu’international, ainsi les possibilités de
transformation, conservation et stockage. Nous présentons dans ce rapport des projections
de production et des actions spécifiques concernant la promotion des filières
thé, café, riz, maïs, blé ; pommes de terre, haricots, cultures
oléagineuses et cultures horticoles et fruitières.
Concernant l’Agribusiness en particulier, les deux éléments
essentiels pour son développement sont
la promotion de la compétitivité des produits agricoles rwandais et la
création d’un environnement favorable aux investissements dans l’agriculture. L’analyse thématique a permis de monter que
la transformation des produits agricoles est un facteur important de
compétitivité dans la mesure où elle améliore la qualité intrinsèque des
produits, permet leur diversification et leur présentation. En effet, la compétitivité d’un produit tient
en considération le type de produit, sa qualité, son prix de revient, la
stabilité de la production et tout le “marketing” qui intervient pour approcher
les acheteurs et les fidéliser. Le
développement des infrastructures est ainsi reconnu comme un facteur important de compétitivité : Il s’agira
pour l’Etat d’investir dans les infrastructures de base (électrification,
adduction d’eau, routes etc.) en vue de créer des conditions favorables à la
mise en place des unités de transformation par les privés (stations de lavage
du café, usines à thé, minoteries et autres unités de transformation,
construction de marchés, télécommunications et ICT etc.).
Il est également envisagé que l’Etat
investisse dans certaines infrastructures indispensables avec possibilité d’en
céder la gestion aux privés.
Pour ce qui est de l’accès aux marchés, des actions de promotion seront entreprises,
notamment pour l’identification des niches ; la
certification ; le respect des
normes de qualité exigées par les marchés ; le développer du
modèle de fair-trade. Des mesures seront aussi prises pour profiter le plus
possible des avantages de l’ AGOA. Les ambassades rwandaises devront jouer un
rôle accru dans la promotion du commerce et le Gouvernement encouragera l’organisation des expositions au
niveau national et provincial ainsi que la participation des opérateurs
aux foires agricoles à l’étranger.
Le rôle essentiel du Gouvernement est
par ailleurs de créer le cadre incitatif (politique, économique, social et légal)
qui est propice à l’entreprise privée de sorte que les entrepreneurs assument
pleinement le risque de leur investissement, et bénéficient pleinement des
fruits qui en découlent.
L’aide des pouvoirs publics concernera surtout le financement des études
préalables à la création d’entreprises, y compris la visite à des entreprises
dans des pays voisins, la recherche agronomique et la recherche de prototypes
ou procédés adaptés, des essais pilotes, les études de marché et la recherche
de l’information, l’appui aux investissements (crédit bonifié, code des
investissements, avantages fiscaux).
Le secteur agricole reste le secteur le
plus important de l’économie du Rwanda. Il contribue pour environ 46% du PIB en
termes réels (2001), fourni 80% des emplois et représente 80% des exportations[1]. Le Rwanda vient
de se doter d’une nouvelle Politique Agricole Nationale qui assigne au secteur
agricole l’objectif général de contribuer d’une manière durable à la réduction
de la pauvreté et à la croissance économique du Rwanda à travers l’augmentation
des facteurs de production, la valorisation maximale des productions, la
diversification des opportunités de revenus, la préservation des ressources
naturelles et environnementales. Cette
politique est conçue en conformité avec les grandes orientations contenues dans
la Vision 2020 et la Stratégie de Réduction de la Pauvreté.
Dans le cadre de l’opérationnalisation
de la Politique agricole nationale, nous présentons dans ce document, l’analyse
thématique et les stratégies relatives
au sous secteur des productions végétales.
2.1. L’évolution de la production des cultures vivrières
2.1.1. Tendances récentes
Les principales productions végétales
au Rwanda sont regroupées entre les cultures vivrières (Légumineuses, Céréales,
Tubercules et racines, Bananes) et les
cultures de rente traditionnelles (café,
thé, pyrèthre) et les nouvelles cultures de rente et d’exportation
(horticulture, fleurs, épices).
Les cultures vivrières occupent 92% des
superficies cultivées, tandis que le café et le thé occupent respectivement 6,3
et 1,6 % des superficies cultivées. L’analyse des statistiques du MINAGRI
montre que la moyenne des superficies cultivées sur la période 1997-2003 est de
1.428.033 ha. Ces superficies se décomposent en 18% pour les céréales, 26% pour
les légumineuses, 26% pour la banane, 28% pour les tubercules et les racines[2]. En 2002, les
superficies cultivées représentaient 74% des terres disponibles, alors que les
jachères/pâturages, boisements et autres usages représentaient 14%,7% et 5%
respectivement[3]. A noter que en
1990, les boisements représentaient 11% et les pâturages et jachères 22%.
L’évolution de la production des
principales cultures vivrières sur la période 1989-2003 montre des variations
importantes qui s’expliquent entre autres par l’effondrement du système de
production lors du génocide de 1994 et la relance progressive de la production
au cours de la période qui a suivi.
En affinant l’analyse sur une période
plus récente (2000-2003), on remarque
que les cultures qui ont
enregistré les plus grands taux de croissance sont le riz (34%), le Blé (41 %)
et les fruits et légumes (74%). L’année 2002 a connu une bonne production suite
aux conditions climatiques exceptionnelles avec une augmentation de la
production de 34% par rapport à 2001[4]. On note par
ailleurs une tendance générale à la diminution de la production en 2003. Selon
le document des indicateurs de développement du Rwanda d’Août 2003, la
typologie des exploitations agricoles montre que 17% des exploitations ont
moins de 0,25 ha ; 26% entre 0,25 ha-0,5 ha ; 29% entre 0,5 ha- 1 ha
et 28% ont plus de 1ha[5].
L’analyse de la production sur la
période 2000-2003 montre que 84% du volume de production provient de 4 cultures
à savoir la banane (36,3%), la patate douce (17 ,2%) ; la pomme de
terre (16,2%) et le manioc (14,4%). Ces 4 cultures occupent 50% de la
superficie cultivée et procurent 64% des besoins énergétiques. On note à ce
sujet une faible part des céréales dans la couverture des besoins énergétiques
(15,4%). L’analyse du bilan alimentaire
montre un taux de couverture moyen de
87% en énergie, 70% en protéines et 20% en lipides sur la période 2000-2003. Le
déficit de la couverture des besoins
alimentaires est général tant pour l’énergie que pour les protéines mais le
déficit lipidique chronique reste la principale caractéristique du panier des
productions au Rwanda.
2.1.2. Cas particuliers des cultures prioritaires
2.1.2.1. Le Maïs :
Le maïs est la deuxième céréale après
le sorgho en termes de volume de production et de superficie occupée. Elle
possède cependant l’avantage d’être pratiquée dans toutes les zones
agro écologiques du Pays avec un plus grand potentiel dans les provinces
Ruhengeri, Gisenyi et dans les marais aménagés. Il a un plus grand potentiel d’intensification
et une meilleure réponse aux engrais.
La filière maïs est en pleine organisation et
connaîtra une mutation profonde, grâce notamment à l’implication du secteur
privé dans la production, la transformation et la commercialisation du maïs.
Ceci est illustré par le cas de la Société MINIMEX qui a commencé
l’installation d’une usine de transformation de maïs d’une capacité de
300t/jour en phase de croisière, soit une capacité de 60.000 T/j à raison de
200j de travail par an. Ceci équivaut à 75 % de la production nationale
actuelle.
La mise en place de cette usine est une réelle
opportunité de développement de la filière maïs : Ceci s’est concrétisé
avec la création de l’asbl IMBARUTSO qui a entrepris de mobiliser et organiser
les associations de producteurs de maïs à travers tout le Pays en vue de
produire la matière première pour cette usine. Cette association bénéficie déjà
de l’appui du Rural Sector Support Project
pour ce qui est de l’encadrement, de la formation et de la disponibilisation
des intrants. D’autres investisseurs privés sont également engagés dans la
promotion de cette filière.
2.1.2.2. Le Riz
Le Riz est une céréale dont
l’importance est grandissante au Rwanda et l’année 2004 lui a été
consacrée au niveau mondial. En 2003, le riz était cultivé sur 6.020 ha avec une production de
27.866 tonnes de riz paddy
équivalent à 18.112 tonnes de riz usiné[6].dans les
Provinces de Cyangugu, Butare, Gitarama, Kigali Ngali, Umutara et Kibungo au
niveau des périmètres rizicoles de Bugarama, Kamiranzovu,PRB,Mukunguli,
Base,Kabuye, Ngenda , Rwamagana, CODERVAM et Ntende.
La production nationale couvrait 28%
des besoins en 2001, 50% des besoins en 2002 et 60% des besoins en 2003.
L’importation de riz coûte au Rwanda une
moyenne de 3.5 milliards de Frw par an qui peuvent ainsi être économisés si la
capacité de production nationale est accrue.
L’ Etude du Schéma Directeur
d’utilisation des marais a permis d’identifier 48.000 ha de marais qui peuvent
être utilisés pour la production du Riz. Le MINAGRI prévoit d’augmenter les
superficies aménagées en rizières de façon à atteindre une superficie totale de
11.813 ha en 2009, les aménagements étant prévus sur les fonds des projets
encours.
Les recherches de l’ISAR ont montré des
résultats en milieu contrôlé allant jusqu’à 10 t /ha, contre une moyenne de 5t/ha en milieu
paysan
2.1.2.3. Le Blé :
La culture du blé est adaptée aux régions de haute
altitude du Rwanda, dans les zones agro bioclimatiques 5A (Hautes terres du
Bufundu et du Bushiru), et 5B (Hautes terres du Budaha, Ndiza et Buberuka) principalement dans les provinces de
Ruhengeri, Byumba et Gikongoro. Sa culture a été handicapée ces dernières
années par le manque des unités de transformation. Cette contrainte est a été
partiellement levée avec la mise en fonction de l’usine de la SOTIRU en
Province de Ruhengeri, dont la capacité est de mouture de 300 t/saison et la
mise en service prochaine d’une autre minoterie
à Gasarenda en Province de Gikongoro.
Le rendement moyen reste faible (0,6
T/ha) mais le potentiel de production est
élevé, de l’ordre de 3 à 4 T/ha et il existe des possibilités
d’extension des zones cultivables jusqu’à 50.000 ha[7]. Le Rwanda continue à importer chaque année
14.000 t de blé d’une valeur d’environ
20 Millions de Dollars[8].Ces importations
pourraient être stoppées si des investissements conséquents étaient consentis
en vue de valoriser le potentiel national de production du blé.
2.1.2.4. La Pomme de terre
La culture de la pomme de terre est
concentrée dans la région des hautes terres de laves en Province Ruhengeri et
Gisenyi. Elle connaît aussi un bon développement dans les zones d’altitudes des
provinces Gitarama, Gikongoro, Kibuye et Byumba. La moyenne de production
annuelle pour les années 2000-2003 est de 1.026.987 tonnes et la pomme de terre
occupe 7,67 % des superficies cultivées sur cette période.
L’analyse des flux du produit et des
acteurs impliqués dans la filière pomme de terre[9] montre 5 étapes
qui correspondent à un moment où le produit change généralement de propriétaire
et de lieu de vie. Il s’agit de (i) la production de semences, (ii) la
production des pommes de terre de consommation,(iii) la collecte et la
distribution de la pomme de terre, (iv) la commercialisation et (v) et la
consommation.
La production de semences est assurée
par l’ISAR (semences de souche) ; le Service National Semencier (semences
de base) ; et les multiplicateurs de semences (semences certifiées). Le
problème essentiel identifié à ce niveau est le manque de capacité de
production de semences à tous les niveaux. Cela est notamment dû à
l’insuffisance des intrants en qualité et quantité, aux faibles moyens
financiers et aux services d’appui insuffisants (techniques culturales,
encadrement, recherche …).
La production des pommes de terre de
consommation procure 16,2% du volume des productions végétales. La production
est concentrée dans les Provinces de Ruhengeri et Gisenyi avec respectivement
100.000 et 60.000 producteurs produisant 361.200 Tonnes et 321.431 Tonnes[10]. La production se
caractérise par une grande variabilité de rendements entre 8 et 22 T/ha avec
des producteurs qui peuvent atteindre 25 T/ha.
La collecte et la distribution ont été
étudiées à Ruhengeri et Gisenyi. Les
groupements et associations ( dont COIMU et TURWANYINZARA) vendent les pommes de terre à la coopérative
des commerçants CECMA qui achète et transporte environ 126 tonnes/jour à
Ruhengeri et 200 Tt/jour à Gisenyi soit près de 70% de toute la production
écoulée sur Kigali.
Pour ce qui est de la
commercialisation, le marché le plus important est celui de Kigali qui est de
250 t /j ; en plus des pommes de terre venant de Ruhengeri, les
autres régions commercialisent à
Kigali entre 70 et 100 tonnes par jour.
La filière pomme de terre est une
filière très prometteuse au Rwanda, mais elle est encore handicapée par les
problèmes en rapport avec :
§
La production (services d’appui insuffisants, techniques
culturales inadaptées, recherche, encadrement, pas de maîtrise de la
rentabilité, insuffisance d’intrants en qualité et quantité)
§
La collecte et la
distribution (Marché non connu, insuffisance d’infrastructures, mauvais
conditionnement)
§
La commercialisation (faible organisation, pas de
valorisation qualitative)
La filière connaît une opportunité de
développement parce que les producteurs ont commencé à s’organiser et à prendre
en charge les aspects de commercialisation. Les rendements moyens sont encore
bas (8t/ha) mais certains fermiers atteignent
18 à 22t /ha à Ruhengeri et Gisenyi.
Il existe également un projet d’appui à
l’ISAR financé par l’Ambassade des Pays-
Bas. Il existe des possibilités d’exportation des semences de souche et des
pomme de terre de consommation dans la sous région.
2.1.2.5. Le Haricot :
La culture du haricot est l’une des
caractéristiques essentielles de l’agriculture rwandaise. Le haricot est
pratiqué dans toutes les régions du Rwanda et il constitue la principale source
de protéines (38%) dans l’alimentation de la population rwandaise. Selon le
rapport sur l’état de la pauvreté au Rwanda, la consommation est d’environ 40
kg/personne /an. La culture du haricot a été
handicapée ces dernières années par des problèmes de maladies surtout
pour les variétés naines et le manque de tuteurs pour les haricots volubiles ainsi
que la baisse générale de niveau de fertilité des champs cultivés. La
production moyenne pour la période 2000-2003 dépasse les 235.000 tonnes et
vient en termes de volume après la banane et les principales tubercules et
racines. Le rendement moyen atteint pour la période 2000-2003 est très bas (678
Kg/ha) alors que le potentiel de production peut atteindre les 2,5 T/ha. Cette
situation permet d’envisager une intensification possible de cette culture
surtout si elle est combinée au maïs ou
à la pomme de terre en rotation dans les zones les plus productives.
2.1.2.6. Le soja
La culture du soja est importante au
Rwanda parce que le soja est riche en lipides et peut contribuer, si la
production est significativement augmentée, à résoudre le flagrant déficit
lipidique qui caractérise l’alimentation
des rwandais. La production du soja est
encore relativement faible
(16.800 t/an en moyenne/) mais elle a connu une augmentation régulière depuis l’an 2000. Le niveau de rendement est
aussi très bas (de l’ordre de 500Kg/ha en moyenne alors qu’il peut donner 1T/ha
avec peu d’investissements) , et ceci est dû au fait que le soja est cultivé
dans des zones marginales là où le haricot ne donne plus. Le soja est en effet
une plante plus rustique que le haricot dans les conditions marginales, pourvu
que le terrain ne soit pas acide (pH>5) et lui permette de développer ses
activités symbiotiques.
La culture du soja connaît cependant des
opportunités intéressantes de promotion, notamment avec l’augmentation prévue
de la capacité de l’ISAR de produire l’inoculum (Rhizobium) et l’émergence et
la possibilité d’augmenter le nombre des unités de transformation en
farines ; lait et tofu (DUHAMIC ADRI ; COCOF)
Nous présentons, dans les tableaux ci- dessous les statistiques sur
l’évolution des productions végétales, les rendements ainsi que l’apport des
différentes cultures dans le bilan alimentaire.
VEGETALES DE 2000 A 2003 (en tonnes)
ANNEE
|
ANNEE
|
ANNEE
|
ANNEE
|
ANNEE
|
MOYENNE
|
|
Cultures
|
1990
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2000-2003
|
Sorgho
|
142
603
|
155 106
|
175 904
|
184 351
|
171 587
|
171
737
|
Maïs
|
95
685
|
62 502
|
80 979
|
91 686
|
78 886
|
78
513
|
Blé
|
6
976
|
6 444
|
8 209
|
7 434
|
15 305
|
9
348
|
Riz
|
9
305
|
11 654
|
15 610
|
20 976
|
27 891
|
19
033
|
Haricot
|
204
708
|
215 347
|
242 157
|
246 906
|
239 394
|
235
951
|
Petit pois
|
10
948
|
15 342
|
16 293
|
16 027
|
17 697
|
16
340
|
Arachide
|
8
276
|
7 032
|
9 635
|
10 414
|
10 275
|
9
339
|
Soja
|
18
096
|
13 922
|
16 336
|
17 088
|
19 869
|
16
804
|
Banane
|
2
776 764
|
2 212 250
|
1 784 058
|
2 784 870
|
2 407 837
|
2
297 254
|
Pomme de terre
|
283
673
|
957 198
|
1 012 269
|
1 038 931
|
1 099 549
|
1
026 987
|
Patate douce
|
817
738
|
1 032 916
|
1 156 359
|
1 292 361
|
868 204
|
1
087 460
|
Colocase & igname
|
81
613
|
90 945
|
112 871
|
122 845
|
138 810
|
116
368
|
Manioc
|
265
190
|
820 992
|
788 910
|
1 031 077
|
1 003 078
|
911
014
|
Fruits
et legumes
|
73 496
|
205
675
|
211
038
|
233
643
|
710
227
|
340
146
|
TOTAL
|
4 795 071
|
5
807 325
|
5
630 628
|
7
098 608
|
6
808 608
|
6
336 292
|
Source : Statistiques du MINAGRI
Tableau N°
2 : Moyenne 2000-2003 des Superficies occupées (%) et des Productions (%)
et contribution au bilan alimentaire par culture.
Cultures
|
%
moyen
|
||||
Production
|
Superficie
|
Energie
|
Protéines
|
Lipides
|
|
Sorgho
|
2,71
|
10,92
|
9,56
|
10,23
|
4,29
|
Maïs
|
1,24
|
6,35
|
4,64
|
5,55
|
17,47
|
Blé
|
0,15
|
0,85
|
0,46
|
0,73
|
0,80
|
Riz
|
0,30
|
0,37
|
0,72
|
0,63
|
0,32
|
Total cereals
|
3,20
|
18,49
|
15,38
|
19,14
|
22,87
|
Haricot
|
3,72
|
21,99
|
13,11
|
38,47
|
18,72
|
Petit pois
|
0,26
|
2,02
|
0,93
|
2,79
|
0,97
|
Arachide
|
0,15
|
0,96
|
0,48
|
0,91
|
12,43
|
Soja
|
0,27
|
2,00
|
1,13
|
4,35
|
14,26
|
Total légumineuses
|
4,3
|
26,97
|
15,65
|
46,52
|
46,38
|
Banane
|
36,26
|
22,76
|
15,14
|
6,33
|
5,93
|
Pomme de terre
|
16,21
|
7,67
|
20,34
|
12,22
|
10,78
|
Patate douce
|
17,16
|
11,29
|
11,45
|
10,79
|
4,46
|
Colocase & igname
|
1,84
|
1,57
|
1,68
|
0,50
|
0,53
|
Manioc
|
14,38
|
8,24
|
17,09
|
3,95
|
7,85
|
Total tubercules
|
49,50
|
28,77
|
50,54
|
27,46
|
23,62
|
Fruits et legumes
|
5,37
|
3,02
|
3,26
|
2,52
|
1,18
|
TOTAL
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
Source : Nos
calculs d’après les données du MINAGRI
Tableau N° 3. Evolution des rendements
(Kg/Ha)
ANNEE
|
ANNEE
|
ANNEE
|
ANNEE
|
ANNEE
|
Moyenne
|
|
Cultures
|
1990
|
2000
|
2001
|
2
002
|
2
003
|
2000-2003
|
Sorgho
|
1 069
|
890
|
1 063
|
1 074
|
954
|
994
|
Maïs
|
971
|
702
|
767
|
876
|
767
|
781
|
Blé
|
749
|
642
|
764
|
617
|
738
|
698
|
Riz
|
1 365
|
2 732
|
3 067
|
3 266
|
3 667
|
3 255
|
Haricot
|
780
|
646
|
704
|
690
|
671
|
678
|
Petit
pois
|
239
|
512
|
507
|
513
|
510
|
510
|
Arachide
|
884
|
522
|
652
|
655
|
612
|
613
|
Soja
|
674
|
471
|
553
|
546
|
553
|
532
|
Banane
|
6 932
|
6 137
|
4 911
|
7 760
|
6 724
|
6 378
|
Pomme
de terre
|
6 745
|
8 783
|
8 622
|
8 313
|
8 208
|
8 465
|
Patate
douce
|
4 649
|
5 914
|
5 848
|
6 615
|
5 901
|
6 085
|
Colocase
et igname
|
1 565
|
4 266
|
4 397
|
4 849
|
5 115
|
4 680
|
Manioc
|
2 013
|
6 815
|
5 791
|
7 904
|
7 477
|
6 990
|
Fruits
et legumes
|
4 000
|
4 933
|
4 792
|
4 927
|
12 223
|
7 114
|
Source :
Compilation à partir des Statistiques du MINAGRI
2.2. Evolution des cultures traditionnelles de rente
2.2.1. Le café
La culture du café est concentrée dans
les zones bordurières du lac Kivu en Provinces de Cyangugu, Kibuye et
Gisenyi ; ainsi que dans les Provinces de Butare, Kigali Ngali, et
Kibungo.
Elle est pratiquée par 54% des ménages au Rwanda avec
86.3 % des ménages à Butare, 78.6% à Cyangugu, 71.5% à Kibungo et 70.5% à
Kigali Ngali.
La culture du
café est pratiquée par 400.000
producteurs dans 60 District qui ont été identifiés comme les plus propices à
la culture dans le cadre de la régionalisation et de l’intensification de cette
culture. Le nombre de caféiers dans cette zone est évalué à quelques 70
millions. Le nombre des associations travaillant avec l’ OCIR Café est de 80.
Au cours de la période 2000-2003, la valeur des exportations du café est de 19
millions USD en moyenne par an soit environ 28% des recettes d’exportation.
La production
de café a augmenté jusque au milieu des années 1980 avec un maximum de 43.088 t
enregistré en 1986. La production a par la suite continué à chuter jusqu’en
1998 et a commencé à amorcer une reprise en 1999. Le niveau de production
enregistré jusqu’au 01/09/2004 est de 25.000 t de café vert.
Tableau N° 4 : Evolution du
secteur café de 1986 à 2004
Année
|
1986
|
1990
|
1992
|
1993
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
(AU 01/09/04°
|
Production
(tonnes)
|
43 ,088
|
39,575
|
38,970
|
28,495
|
21,829
|
15,239
|
14,829
|
14,268
|
16 ,098
|
18,267
|
19,426
|
14,175
|
25.000
|
Production
café fully washed
|
17
|
51
|
29
|
333
|
700
|
||||||||
% du café
standard
|
48 ,18
|
7
|
0,32
|
4,25
|
2,4
|
0,25
|
1,8
|
7,4
|
19,5
|
18,5
|
29,4
|
32,4
|
35
|
% café
ordinaire
|
38,59
|
86,9
|
93
|
88,7
|
92,7
|
82,9
|
93,4
|
80,5
|
72,4
|
75
|
58
|
55
|
53
|
% café fully
washed
|
0,1
|
0,3
|
0,15
|
2,3
|
1,9
|
Source: Présentation Directeur OCIR
café, Séminaire MINAGRI Gisenyi, Septembre 2004
Comme le montre
le tableau ci-dessus, la qualité du café a également connu une baisse qui s’est
traduite par la diminution du café standard qui est passé de 48,18% en 1986 à
0,32% en 1992. Depuis l’an 2000, le
Gouvernement a opté pour l’amélioration de la qualité du café en général et la promotion du café fully washed de façon
qu’en 2003, le café standard représentait 32,4% et le fully washed 2,3%. En vue
d’améliorer la qualité du café, le Gouvernement rwandais a entrepris un
programme de promotion des stations de
lavages dont 13 en 2003, le nombre devant atteindre 20 en 2004. La production
de café fully washed atteint déjà 700 t au 01/09/2004.
Tableau N° 5 : Evolution des
exportations de café de 1990 à 2003.
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Valeur
exportation café
|
65,7
|
57,6
|
35,1
|
37,6
|
17,4
|
38,2
|
43,0
|
45,3
|
25,9
|
30,6
|
22,4
|
19,4
|
19,2
|
15
|
Total
exportation
|
103,0
|
95,6
|
69,0
|
67,7
|
32,2
|
51,2
|
61,7
|
93,0
|
64,4
|
62,0
|
69 ,0
|
73,0
|
65,9
|
62,9
|
%
contribution café
|
63,8
|
60,3
|
50,9
|
55,5
|
54,0
|
74,6
|
69,7
|
48 ,7
|
40,2
|
49,4
|
32,5
|
26,6
|
29,1
|
23,8
|
Source :
OCIR Café
Parmi les contraintes qui sont à la base de la
baisse de la production, nous pouvons citer la réduction de la productivité,
une grande proportion de caféiers en âge d’être régénérés, le faible potentiel
productif des variétés traditionnellement cultivées, inefficacité de la
vulgarisation, faibles capacités des
associations de producteurs, baisse des cours du café sur le marché international et
démotivation des producteurs.
La baisse de la qualité est quant à elle due à de mauvaises
techniques de lavage du café (absence de stations de lavage et d’un système
sérieux de contrôle de la qualité), au mauvais état des plantations de
caféiers, la non différenciation des prix en fonction de la qualité, et la
compétition excessive des usiniers et exportateurs qui ne favorise pas la
qualité.
2.2.2. Le Thé
Le Thé constitue la seconde culture
traditionnelle d’exportation. La production de thé est faite sur 12.800 ha
dans des blocs industriels et
plantations villageoises et est traité dans les usines à thé de Mulindi,
Pfunda, Rubaya, Nyabihu, Mata, Kitabi, Gisovu, Shagasha, Gisakura et dans
l’usine privée de la SORWATHE. Les plantations de thé occupent 12.862 Ha, la
capacité installée des usines est de 15.500 t de thé usiné par an et le secteur
emploi 52.838 personnes, producteurs de thé et employés confondus[11]. Les plantations
théicoles sont subdivisées en 8 blocs
industriels totalisant 4.005 ha, 3 Coopératives théicoles (COOPTHES) produisant
sur 1.990 Ha, 5.713Ha de
plantations villageoises et des
plantations privées de 1.141 Ha[12]. Les superficies non exploitées sont
importantes, elles sont passées de 817 Ha en 2002 à 1.105,6 en 2003 et 2004
suite aux pertes de théiers dans les plantations de Mulindi.
En 2002, le thé était la source principales des recettes
d’exportation, soit 39% ou Us $ 27 millions. Le prix sur le marché mondial
fluctue énormément, en effet il est passé de 0.70 cents le kg en 1995 à US $
1.40 le kg en 2001et US $1,76 en 2004. La production varie entre 13,000 tonnes
et 17,000 tonnes dans les conditions
normales et les recettes se situent autour de US $ 20 millions à 27 millions.
Suite à la mise en œuvre récente de la
différenciation du prix de la feuille verte en fonction de la qualité (bonus de
2frw/ kg de feuille verte si la qualité est supérieure à 70%), et à l’amélioration des conditions de
transport du thé lors de l’exportation, l’OCIR thé a enregistré une
augmentation considérable de la qualité du thé rwandais qui est actuellement
côté premier à Mombasa.
Le thé est surtout exporté vers le
Pakistan qui prend 65% de tout le volume, 20% vers le Soudan, l’Ethiopie, la
Somalie, l’Egypte, 10% vers le Moyen
Orient et 5% vers la Grande Bretagne.
Le secteur théicole connaît aussi une
importante opportunité en matière d’organisation des théiculteurs qui ont
constitué des coopératives/associations de producteurs au niveau de chaque
unité théicole avec la FERWATHE qui les fédère au niveau national.
Une autre opportunité importante est le
rendement qui peut être considérablement augmenté. La SORWATHE atteint un
rendement de 15.115 kg de thé vert par ha, alors qu’il est de 4.483 kg de thé
vert à Mata , la moyenne de l’ OCIR Thé étant de 7,051 kg /ha . Concernant la
production de thé noir, la moyenne de l’ OCIR Thé est de 1.788 kg/ ha
alors qu’elle de 3,630 kg/ha à la
SORWATHE.
Les perspectives de développement de la
culture du thé sont basées sur le programme de privatisation de 8 usines de
l’OCIR Thé. Il est également prévu de démarrer un programme de recherche en
collaboration avec l’ISAR, en vue de mettre au point des clones de bonne
qualité et à haut potentiel productif. Ce programme pourra aussi porter sur les
autres aspects destinés à rendre la filière plus compétitive.
Parmi les principales contraintes au
développement de la culture du thé, nous pouvons citer : (i) la faible
capacité des organisations des théiculteurs ; (ii) le faible rendement en
feuilles vertes surtout dans les plantations villageoises (7t/ha en moyenne
pour l’OCIR thé contre 15 t/ha à la SORWATHE) ; (iii) le coût élevé de
l’énergie ; (iv) ainsi que le coût élevé de transport pour l’exportation.
2.2.3. Le Pyrèthre
La production de pyrèthre est effectuée
dans les zones des terres de laves en Provinces de Ruhengeri et Gisenyi. Elle
peut être étendue aux zones voisines de haute altitude en Province de Byumba.
Elle a été longtemps handicapée par les prix non rémunérateurs qui faisaient
qu’elle était concurrencée par la pomme de terre. Mais depuis la privatisation
de l’usine de traitement au profit de SOPYRWA en 1999, le pyrèthre représente
une grande opportunité pour l’économie
nationale. La production de fleurs fraîches est passée de 2.500 t à
4.000 t /an et le revenu pour les 25.000
planteurs est de l’ordre de 200 millions de Frw/an et des recettes d’exportation de US$ 27
millions par saison.
Une autre opportunité est
l’installation d’une raffinerie d’une capacité de 500 Kg/j qui permettra
d’approvisionner le marché de la sous région.
2.3. Contribution des productions végétales au bilan alimentaire
Concernant les disponibilités en
énergie, la tendance générale sur la
période 2000-2003 est à la hausse mais reste en dessous des besoins
énergétiques pour le Rwanda qui sont de 2100Kcal/personne/jour avec un maximum de 96% atteint en 2002. A noter
que la couverture en énergie était de
63% en 1990.
La couverture protéinique accuse aussi
un déficit mais le déficit chronique en lipides reste l’une des
caractéristiques de l’agriculture rwandaise avec des taux de couvertures
extrêmement bas (12% en 2000, 27 % en 2003).
Tableau N° 6 : Contribution des productions végétales au Bilan alimentaire
entre 2000 et 2003.
Année
|
Energie
( kcal/Pers/j)
|
Energie
(% couverture des besoins)
|
Protéines
(g /Pers/j)
|
Protéines
(% couverture des besoins)
|
Lipides
(g /pers/j)
|
Lipides
(% couverture des besoins)
|
2000
|
1640
|
78
|
36
|
61
|
5
|
12
|
2001
|
1692
|
80
|
42
|
71
|
7
|
17
|
2002
|
2025
|
96
|
44
|
74
|
10
|
25
|
2003
|
1945
|
93
|
45
|
76
|
11
|
27
|
Source : Statistiques du MINAGRI
2.4. Les systèmes de production
Selon l’Etude sur les systèmes de
production réalisée par le MINAGRI/FAO 1997,
l’agriculture rwandaise est basée sur
de petites exploitations familiales pratiquant une production de subsistance
qui dégage peu d’excédents. L’intégration au marché est encore faible, mais les
échanges de proximité sont importants (bananes, vivriers, petits animaux,...).
L’évolution des systèmes de production
au cours des années 1960 - 1980 s’est caractérisée par une phase d’expansion de
l’agriculture, basée sur la colonisation de nouvelles terres. L’augmentation de
la production ainsi réalisée a permis de faire face aux besoins alimentaires
consécutifs à l’accroissement de la
population.
Au cours de la période 1980 - 1990, on
a assisté à la diminution des rendements et des possibilités d’extension des
zones cultivées. La stagnation de la production totale et la forte croissance
démographique (+3,6%/an), le morcellement accentué des terres et les mauvaises
conditions climatiques ont eu comme résultante
l’apparition des famines. Ceci a eu comme conséquence que les plus
petites exploitations sont condamnées à surexploiter leurs terres pour produire
toujours plus, ce qui entraîne une baisse de la fertilité des terres. Dans les
unités de plus grande taille, une partie importante n’est pas exploitée faute
de main d’œuvre et de marchés suffisamment porteurs.
2.4.1. Caractéristiques générales
Les systèmes de production au
Rwanda se caractérisent par :
·
Des petites exploitations agricoles familiales d’une
superficie moyenne inférieure à 1 hectare, pratiquant la polyculture - élevage[13]. Elles
représentent plus de 90% des unités de production et couvrent environ 1,2
millions d’hectares. Les techniques culturales sont exclusivement manuelles ce
qui demande une disponibilité en main d’oeuvre importante. Quelques 11,5% des
ménages sont sans terres[14]. L’analyse
du tableau N°7 montre que 43,2% des
ménages avaient moins de 0,5 Ha en 2000 et qu’elles occupaient seulement 25,1%
des superficies. Ceci dénote la très forte pression sur la terre et
l’implication en termes de pauvreté dans laquelle se trouvent ces ménages qui
doivent tirer leur subsistance sur des terrains si petits.
·
Des systèmes de culture complexes, basés sur la
diversification des productions et l’association des cultures. Ils se
caractérisent par :
* une base commune à l’ensemble des
régions composée de 7 cultures principales (banane, haricots, maïs, patate
douce, manioc, sorgho, pommes de terre)
* des spécificités régionales liées
aux conditions agro écologiques (altitude, sol) et socio-économiques (voies de
communication, marchés, organisation des producteurs, ...).
·
Des systèmes d’élevage qui jouent un rôle essentiel dans
l’économie familiale, et dans la gestion de la fertilité à proximité de
l’habitation familiale (disponibilité de fumier).
Tableau N° 7 : Répartition des
ménages et des superficies
0-0,25 Ha
|
0,25-0,50 Ha
|
0,50-0,75 Ha
|
0,75-1,00 Ha
|
1-2 Ha
|
2-3 Ha
|
3Ha et +
|
|
% des terres
|
3.3
|
11.8
|
12.6
|
12.8
|
31.7
|
13.3
|
14.5
|
Superficie moyenne/
Ménage
|
0.16
|
0.38
|
0.61
|
0.87
|
1.37
|
2.39
|
4.19
|
% de ménages
|
16.8
|
26.4
|
17.3
|
12.4
|
19.5
|
4.7
|
2.9
|
Source :MINAGRI/FSRP :
Production agricole , Superficies et utilisation des terres, 2002
Tableau N° 8 : Superficies
occupées par les différentes zones agro-bio-climatiques
Symbole
Sur la carte
|
Zone agrobioclimatique
|
Superficie (Km2)
|
Superficie (%)
|
1
|
IMBO
|
92.4
|
0.4
|
2A
|
IMPALA sur basaltes
|
376.9
|
1.5
|
2B
|
IMPALA sur schistes
|
370.3
|
1.4
|
3
|
Hautes terresde Cyangugu
|
90.4
|
0.4
|
4A
|
Bords du Lac Kivu
|
630.5
|
2.5
|
4B
|
Plateau du sud
|
1.230.9
|
4.8
|
4C
|
Dorsale granitique
|
1.826.3
|
7.1
|
4D
|
Plateau du Bumbogo Buliza
|
1.782.2
|
7.0
|
4E
|
Contres forts de la Crête Congo Nil
|
1.013.8
|
4.0
|
4F
|
Plateau de l’Est
|
2.191.8
|
8.6
|
5A
|
Hautes terres du Bufundu et du
Bushiru
|
2.388.6
|
9.3
|
5B
|
Hautes terres du Budaha, Ndiza et
Buberuka
|
2.609.2
|
10.2
|
5C
|
Hautes terres de laves
|
620.0
|
2.4
|
5D
|
Hautes terres à sols volcaniques de
contamination
|
126.7
|
0.5
|
6A
|
Bugesera
|
1.764.7
|
6.9
|
6B
|
Mayaga
|
684.6
|
2.7
|
6C
|
Mutara
|
1.260.0
|
4.8
|
6D
|
Kibungo Est
|
928.0
|
3.6
|
Lacs
|
1.277.7
|
5.0
|
|
Parcs nationaux,Forêts naturelles,
paturages de Gishwati
|
1.310.0
|
5.1
|
2.4.2. Typologie des systèmes de production
Selon l’Etude ci haut citée réalisée
pour le compte du MINAGRI/FAO par Japiot[15] sur les Systèmes
de production en 1997, la typologie des
systèmes de production permet de dégager trois types de producteurs avec des
caractéristiques et des stratégies spécifiques :
ü
Type A : « le petit
exploitant dépendant », avec une assise foncière qui ne permet pas de
produire suffisamment pour assurer la subsistance de la famille; les activités
« hors production » (commerce, troc, artisanat) ainsi que la vente de
la force de travail à l’extérieur vient compléter les revenus de
l’exploitation.
ü
Type B : « le producteur autosuffisant », qui
se caractérise par une juste adéquation entre la superficie de l’exploitation
et la quantité de main d’oeuvre disponible, permettant ainsi de satisfaire les
besoins alimentaires de la famille. Les activités extérieures (commerce,
artisanat) assurent une part importante du revenu de la famille.
ü
Type C : « le système de production de capitalisation »,
qui est plus hétérogène; un premier sous-groupe s’apparente au type B, avec une
quantité de facteurs de production cependant supérieure; tandis que le second
est constitué de chefs de ménage « non paysans » (fonctionnaire,
commerçants, ...) qui développe une stratégie d’accumulation foncière.
Il convient de relever les deux points
saillants ci après qui illustrent bien la complexité et la fragilité des
systèmes de production agricole au Rwanda :
·
Les plus petites unités de production ont des performances
productives très nettement supérieures aux plus grandes. Cependant, cette
« intensification » de la production (sans intrants) se traduit par
une surexploitation des terres avec de graves conséquences en matière de
fertilité et de reproduction du système. La faible disponibilité en facteurs de
production fragilise l’exploitation; les familles de type A (et B) sont
dépendantes des activités extérieures pour subvenir aux besoins de la famille.
·
les plus grandes unités de production ont un potentiel de
production important qui n’est pas toujours bien valorisé.
Tableau N° 9 :
Typologie des Structures des unités
de production
1984
|
Type
A
|
Type
B
|
Type
C
|
TOTAL
|
Classes de superficies (ha)
|
<
0,5
|
0,5
– 1,5
|
>
1,5
|
|
Taille moyenne des ménages
|
3,8
|
5,0
|
6,2
|
5,0
|
Part de la population (%)
|
20,2
|
45,4
|
34,4
|
100
|
Nombre d'actifs
|
2,4
|
3,0
|
3,6
|
3,0
|
Sup. Totale Moyenne / UP (ha)
|
0,32
|
0,90
|
2,60
|
1,21
|
Part des superficies (%)
|
6,9
|
34,1
|
59,0
|
100
|
Proportion du nombre d'UP (%)
|
26,4
|
46,1
|
27,5
|
100
|
Superficie cultivée
|
0,30
|
0,60
|
1,00
|
0,64
|
Superficie cultivable
|
0,35
|
0,77
|
1,82
|
0,95
|
Sup. Cultivée / Cultivable
|
86
|
78
|
56
|
68
|
Personnes Tot ./ Ha Sup. Tot.
|
11,9
|
5,6
|
2,4
|
4,2
|
Actifs / ha cultivables
|
6,9
|
3,9
|
2,0
|
3,2
|
1990
|
Type
A
|
Type
B
|
Type
C
|
TOTAL
|
Classes de superficies (ha)
|
<
0,5
|
0,5
– 1,5
|
>
1,5
|
|
Taille moyenne des ménages
|
4,4
|
5,6
|
6,7
|
5,4
|
Part de la population (%)
|
27,7
|
50,6
|
21,7
|
100
|
Nombre d'actifs
|
2,4
|
3,2
|
3,8
|
3,0
|
Sup. Totale Moyenne / UP (ha)
|
0,31
|
0,88
|
2,35
|
0,94
|
Part des superficies (%)
|
11,2
|
45,3
|
43,5
|
100
|
Proportion du nombre d'UP (%)
|
34,1
|
48,5
|
17,4
|
100
|
Superficie cultivée
|
0,23
|
0,64
|
1,39
|
0,63
|
Superficie cultivable
|
0,30
|
0,86
|
2,30
|
0,92
|
Sup. Cultivée / Cultivable
|
77
|
74
|
60
|
68
|
Personnes Tot ./ Ha Sup. Tot.
|
14,2
|
6,4
|
2,9
|
5,7
|
Actifs / ha cultivables
|
8,0
|
3,7
|
1,7
|
3,3
|
Source : Etude sur les systèmes de production à partir des données de l’ Enquête
Nationale Agricole (MINAGRI) 1984 & 1990
2.4.3. Evolution future des systèmes de production
Les chiffres présentés ci-dessus sur
les systèmes de production portent sur des périodes relativement éloignées,
mais la situation n’a probablement pas beaucoup changée, car les problèmes qui
sont à la base des systèmes de production n’ont pas changé.
Le Gouvernement a adopté en février
2004, la Politique Foncière dont l’objectif est de mettre sur pieds un
système foncier sécurisant pour toute la population rwandaise et de permettre
de guider les réformes foncières nécessaires en vue d’une gestion saine et une
utilisation rationnelle des ressources foncières nationales. Le projet de loi
foncière a déjà été étudié par les deux Chambres du Parlement (Octobre 2004).
Parmi les objectifs spécifiques de la Politique nationale foncière, nous
pouvons entre autres citer (i) la promotion d’une allocation des terres en vue
de favoriser une utilisation rationnelle des ressources foncières en fonction
de leurs aptitudes ; (ii) Eviter l’émiettement des parcelles et favoriser
le regroupement parcellaire ( remembrement[16]) pour induire une production optimale (iii)
instaurer l’ordre et la discipline dans
l’allocation des terres et dans les transactions foncières pour maîtriser et/ou
freiner la pression sur les terres, le
développement inapproprié , la spéculation et le trafic fonciers ; (iv)
Promouvoir la conservation et la gestion durable des zones humides.
La mise en œuvre future de la Politique
nationale foncière aura un impact positif sur la transformation des systèmes de
production dans la mesure où elle va freiner le morcellement des terres par
l’héritage ou la vente de terres. Ainsi les parcelles actuelles qui ont moins
de 1 ha ne pourront plus être subdivisées et la subdivision des
exploitations plus grande ne pourra pas
aller à des unités inférieures à 1 ha. La mise en œuvre de la politique
nationale foncière permettra également
de procéder au remembrement, qui est ici conçu
dans le sens d’une meilleure utilisation de la terre en vue d’une plus
grande productivité. C’est dans ce cadre que les membres d’une même famille
seront encouragés à gérer en commun leur patrimoine, quitte à ce que chacun
puisse faire les spéculations de son choix.
L’interdiction du morcellement des
terres en dessous de 1 Ha combiné au remembrement et à la spécialisation
régionale sont des facteurs qui contribueront à
une réelle transformation de l’agriculture rwandaise. Rappelons enfin
que selon la Vision 2020, le nombre d’exploitations modernes sera de 50% à
l’horizon 2020.
2.5. Les services d’appui à la production
2.5.1. L’organisation des producteurs
Il existe plusieurs niveaux
d’organisation des producteurs
agricoles. Il y a à la base des milliers de petites associations/groupements
composés d’une vingtaine de membres qui
se mettent en commun le plus souvent pour l’exploitation d’une parcelle dans un
marais ou pour bénéficier des services des projets ou des ONG. Le deuxième niveau
de structuration est l’intergroupement qui regroupe plusieurs associations
appartenant généralement à une même entité administrative (District par exemple) et dont la mission est
de rendre des services aux associations membres (commercialisation des produits
ou des intrants par exemple).
La plupart des associations et inter
groupements s’occupent des productions vivrières et maraîchères, mais on
assiste depuis quelques années à la structuration des associations de
théiculteurs et des caféiculteurs. Les associations des théiculteurs sont
regroupées au niveau national dans la Fédération Rwandaise des Théiculteurs
(FERWATHE).
Sur le plan juridique, ces
organisations paysannes se caractérisent par le fait qu’elles sont enregistrées
au niveau du District, lorsqu’elles opèrent dans un seul district, au niveau de
la Province lorsqu’elles opèrent sur au moins deux districts et au niveau
national lorsque leurs interventions concernent au moins deux provinces.
Il existe aussi au Rwanda des
coopératives agricoles, dont les plus importantes sont les coopératives des
riziculteurs qui regroupent les producteurs de chaque périmètre rizicoles. Ces
différentes coopératives rizicoles sont regroupées au niveau national dans
l’Union des Coopératives Rizicoles du Rwanda (UCORIRWA). Le statut juridique
des coopératives diffère de celui des associations dans ce sens que les
coopératives sont agrées par Arrêté Ministériel.
Les problèmes majeurs auxquels sont
confrontés les organisations des
producteurs sont (i) le faible niveau d’organisation et de participation des
membres, (ii) les capacités faibles surtout en matière de planification,de
gestion et de négociation, (iii) le manque de ressources humaines, matérielles
et financières .
Les agriculteurs éleveurs du Rwanda sont
par ailleurs regroupés depuis 1989 dans le Syndicat IMBARAGA qui regroupait
65.520 membres en 2003 provenant des Provinces Butare, Byumba,Cyangugu,
Gikongoro, Gisenyi et Ruhengeri. L’ambition est d’être présent dans toutes les
provinces du pays. Il s’agit d’une organisation paysanne qui s’est engagé à défendre les droits des
paysans et à leur fournir des services. C’est dans ce cadre que IMBARAGA a mené
plusieurs projets destinés à relancer la production de la pomme de terre, le
renforcement des groupements et de leur capacité de négociation.
Dans la structure organisationnelle de
ce Syndicat, il y a :
(i)
Le syndicat lui-même qui est un organe de plaidoyer et de
lobbying. Il comprend 4 niveaux d’intervention (niveau Secteur; District,
Province et National)
(ii)
Les filières
autour desquelles sont organisées les producteurs. Les structures des
fédérations des producteurs de pomme de terre, de légumes, de fruits, du blé et
du riz ont été mises en place. Le syndicat a également mis en place un réseau
de micro- finance et s’est engagé dans
un processus de recherche participative avec les institutions de recherche.
Dans le cadre du plan stratégique
2004-2006, le syndicat IMBARAGA s’est fixé comme objectif général de
« contribuer à la lutte contre la pauvreté par la professionnalisation du
métier agricole à travers le renforcement des capacités des fédérations agricoles et du Syndicat
IMBARAGA ».
Il y a lieu de noter par ailleurs qu’il
existe au niveau des provinces d’autres syndicats et organisations d’appui aux
producteurs qui ont des objectifs similaires.
2.5.2. La Recherche et la Vulgarisation
La Politique agricole nationale met un
accent particulier sur l’existence d’une volonté politique ferme de restaurer la
recherche et de restructurer l’Institut des Sciences Agronomiques du
Rwanda (ISAR). Elle souligne aussi le défi important à lever concernant la
traduction et la transmission des résultats de la recherche aux bénéficiaires.
La nouvelle mission de l’ISAR définie
dans le Plan stratégique publié en 2002 veut impliquer de façon plus engagée les communautés rurales
bénéficiaires et les autres partenaires dans la dissémination des innovations
adaptées, afin de promouvoir des niveaux élevés de productivité d’une
agriculture orientée vers le marché, qui contribue à l’ultime but d’améliorer
le revenu de la population, la sécurité alimentaire tout en préservant
l’environnement.
Les grandes stratégies pour accomplir
cette mission sont en premier lieu l’adoption d’une approche innovatrice qui
reconnaît que le modèle linéaire Recherche- Vulgarisation- Paysan, largement
suivi par l’ISAR, est peu adapté pour produire des innovations
appropriées. Ces innovations sont
plutôt possible dans un cadre de partenariat plus intime où les chercheurs et
les autres acteurs (vulgarisateurs, secteur privé) oeuvrant dans le
développement rural, ensemble avec les communautés bénéficiaires (paysans) ,
identifient les problèmes, les opportunités, testent, valident, et diffusent
les options variées d’innovations[17]. C’est ainsi que le rôle de l’ISAR doit
évoluer, pour passer du modèle de recherche basé sur l’offre à un modèle de
recherche basée sur la demande.
Les autres stratégies porteront sur (i)
la focalisation de la recherche adaptative ; (ii) la réadaptation des
programmes de recherche en vue de répondre à la nature multidimensionnelle des
problèmes du développement agricole en s’occupant de toute la chaîne depuis la
production, la transformation, la commercialisation, la consommation et
l’environnement. ; (iii) la restructuration de l’ISAR par le renforcement
de la décentralisation via la création des Centres de recherche et (iv) la
mobilisation de plus de ressources financières en plus de celles du
Gouvernement.
Pour ce qui est de la
Vulgarisation, la Politique Nationale Agricole met l’accent sur la
nécessité de généraliser l’approche participative en vue de permettre à
tous les acteurs concernés d’être associés à l’identification des besoins et
des thèmes de vulgarisation. Cette orientation stratégique représente une bonne
innovation en terme d’approche car elle intervient dans un contexte général
favorable qui a été induit par l’adoption par le Gouvernement rwandais du
programme de bonne gouvernance, mettant l’accent sur des concepts de
participation et de responsabilisation
de la population.
La vulgarisation agricole a été pendant
longtemps considérée comme une responsabilité première des services publics.
Elle a été dans l’ensemble caractérisée
par des approches dirigistes et administratives, avec peu d’impact en ce qui
concerne l’adoption des technologies vulgarisées et la transformation de
l’agriculture.
Mais on assiste depuis quelques années
à des changements d’approche qui sont autant de signes positifs indiquant une
réelle volonté de changement. Il s’agit tout d’abord de la prise en charge de
certains aspects de la vulgarisation par les organisations de producteurs. Ceci
est le cas dans certains périmètres rizicoles et les plantations de thé où les
associations de producteurs prennent en charge les agents de vulgarisation.
C’est aussi le cas du syndicat IMBARAGA qui a déjà lancé un programme de
formation des paysans qui servent de relais pour la vulgarisation. Cette
appropriation de la vulgarisation par les associations de producteurs est
source d’efficacité et de durabilité. Elle doit être appuyée.
On note également l’implication
grandissante du secteur privé dans la production agricole (riz, café, thé,
maïs, nouvelles cultures d’exportation ) et son partenariat avec les services
publics et les organisations des producteurs
dans la promotion des filières orientées vers le marché, la diffusion
des intrants et des techniques modernes
de production. Ce partenariat constitue
une opportunité pour le développement agricole et doit être soutenu.
2.5.3. Les intrants
2.5.3.1. Contexte général
L’agriculture rwandaise est
caractérisée par un très faible niveau d’utilisation des intrants. Le faible niveau d’utilisation des semences de qualité est surtout dû à
l’offre qui est insuffisante. La filière semencière est en effet peu organisée
et ne répond pas à la demande. Ainsi la capacité de production des semences de
souche par l’ISAR et des semences certifiées par le Service National Semencier
est encore faible. Bien plus, la faible organisation des groupements
multiplicateurs des semences ne permet pas de valoriser les semences de souches
et de base ainsi produites. Il subsiste également un problème de contrôle de la
qualité et de certification des semences.
Concernant les produits phytosanitaires, leur importation est actuellement assurée
par des sociétés privées. Les problèmes qui handicapent leur utilisation à plus
grande échelle sont : (i) le faible niveau de connaissance des paysans en
matière de lutte contre les maladies des cultures, (ii) les faibles capacités
(et résultats) de la recherche en phytopathologie, (iii) l’absence d’une
législation nationale et (iv) les faibles capacités nationales en inspection.
La faible utilisation de la matière organique pose encore un sérieux
problème, qui résulte de la faible intégration de l’agriculture et de l’élevage
et de la faible capacité de production ou de valorisation de la biomasse.
Citons à titre d’exemple le fait que l’ insuffisance de bois de chauffe
entraîne le recours à l’utilisation des résidus des récoltes estimés à 1,7
tonnes de matières organiques par ha et par an. Ces différentes formes de perte
d’éléments nutritifs sont équivalentes à 40.000 tonnes d’engrais et 33.000
tonnes de chaux au niveau national[18]. La problématique
des sols acides qui se trouvent dans les hautes terres de la Crête Congo Nil
mérite également une attention particulière, notamment par l’augmentation de la
capacité de production de la chaux et
autres amendements calciques.
2.5.3.2. Le cas particulier des engrais minéraux.
L’agriculture rwandaise est
caractérisée par un très faible niveau d’utilisation des intrants, surtout les
engrais minéraux. La consommation nationale d’engrais par hectare cultivé
est généralement estimée à moins de 4
kg. Ceci contraste nettement avec les moyennes (allant de 9 à 11kg/ha au cours
de la dernière décennie) pour l’Afrique subsaharienne en général, qui continue
de connaître la plus faible consommation d’engrais par rapport à toute autre
région dans le monde[19].
Année
|
1969
|
1970
|
1971
|
1972
|
1973
|
1974
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
1979
|
1980
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
Qté importée
|
531
|
945
|
1544
|
3303
|
2731
|
2289
|
835
|
1073
|
1411
|
1987
|
325
|
640
|
420
|
1780
|
2150
|
4401
|
1490
|
Année
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Qté importée
|
2294
|
4100
|
2595
|
1173
|
90
|
7423
|
5693
|
13192
|
647
|
2423
|
1913
|
4326
|
3777
|
6064
|
6537
|
8686
|
6439
|
7080
|
Comme le montre le
tableau ci dessus, les quantités d’engrais importés ont rare
ment dépassé les
8.000 tonnes par an. L’importation des engrais a été libéralisée en 1999, et
des compagnies privées ont commencé à s’intéresser à ce secteur. Le
Gouvernement a dans ce cadre pris des mesures destinées à favoriser
l’implication du secteur privé en supprimant
les distributions gratuites d’engrais ainsi que l’ICHA et les droits d’entrée
(Mai 2000).
Le Gouvernement a également mis en
place,sur financement de la Banque Mondiale, une ligne de crédit pour
l’importation des engrais à des taux d’intérêts subsidiés ( 9% au lieu de 16%)
dans le cadre du Projet de Développement des Marchés agricoles et Ruraux. Ce
Projet a clôturé en 2004. Selon le rapport d’achèvement du Projet du 28 juin
2004, un montant de US $1,28 millions a été utilisé (et totalement remboursé) à
titre de crédit via les banques commerciales, soit 64% du montant total qui
avait été budgétisé. Parmi les autres opérateurs impliqués dans la
commercialisation des engrais au Rwanda, il y a les importateurs du secteur
formel et les importateurs du secteur informel.
Les importateurs du secteur formel sont
ceux qui utilisent les licences d’importation et travaillent ainsi avec la
Banque Nationale du Rwanda et les Banques Commerciales. Il s’agit des sociétés
comme Agrotech, Agrophar, Africhem et Murenzi Supply. L’OCIR Thé reste le plus
gros client d’engrais au Rwanda. Les importateurs du secteur informel sont ceux
qui s’approvisionnent généralement à partir des pays voisins.
Le faible niveau d’utilisation des
engrais est illustré par le fait qu’en saison 2000A, ils étaient utilisés sur 3%
des superficies cultivées avec des variations significatives selon les cultures
(29% pour le riz ; 21% pour les pommes de terre ; 19% pour les
légumes). Il existe cependant un potentiel d’utilisation accrue des engrais.
Les estimations faites par Kelly et All montrent que le potentiel agro-
économique était de 22.798 Tonnes/an, soit 3 fois plus grand que les
importation et utilisation d’engrais en 2002, et que la superficie cultivée sur
laquelle la rentabilité des engrais est reconnue allait jusqu’à 16%, soit 5
fois le niveau de l’an 2002.
Parmi les facteurs limitant
l’utilisation des engrais nous pouvons citer ; (i) le manque de
connaissances sur l’utilisation des engrais ; (ii) le coût élevé des
engrais ; (iii) l’offre inadéquate et une
demande difficile à évaluer (iv)
et le manque de crédits pour acheter les engrais.
Les mesures préconisées en vue de
traduire le potentiel d’utilisation des engrais en demande effective sont (i)
l’augmentation du taux d’adoption des engrais en améliorant la recherche/développement
et la vulgarisation ; (ii) l’amélioration des connaissances des
agriculteurs sur le potentiel des engrais et la façon de les utiliser et (iii)
l’amélioration de l’offre afin que les engrais soient disponibles en tout temps
là où les producteurs en ont besoin.
2.5.4. Développement de l’agribusiness et compétitivité des filières végétales
L’agribusiness est un concept nouveau dans les pays en développement qui
vise l’intégration du développement du secteur agricole dans une approche de
marché où la demande conditionne la
productivité et la compétitivité du secteur agricole. Au lieu de concentrer les
efforts d’investissements uniquement sur
l’offre alimentaire, le débat actuel met l’accent sur les préoccupations de
connaissance et de maîtrise des marchés.
Ainsi, l’agri business englobe tous les
facteurs de promotion des marchés agricoles
pour stimuler la production destinée à répondre à la demande des
consommateurs. Or, les goûts et les exigences des consommateurs pour la qualité et les normes de sécurité des
aliments constituent de plus en plus des barrières au développement des marchés
tant nationaux qu’internationaux dont le
potentiel est pourtant significatif dans le contexte de la globalisation. L’agribusiness
fait recours à beaucoup de main d’oeuvre, utilise et valorise à travers la
transformation les matières premières locales et crée beaucoup de valeur
ajoutée et contribue ainsi à la croissance économique de manière substantielle.
L’agribusiness concerne en particulier
le secteur agro-alimentaire dans le sens large (collecte, transformation,
conservation, conditionnement et marketing des produits d’origine agricole) et
le secteur des intrants agricoles.
Il convient par ailleurs de souligner
que la production pour le marché dans un contexte de libéralisation et de
mondialisation des échanges implique que les produits mis sur le marché doivent
être compétitifs.
Le Gouvernement rwandais s’est engagé à
promouvoir l’agribusiness à travers (i)
le développement des filières, (ii) la transformation et la
compétitivité des produits agricoles pour faciliter l’accès aux marchés.
2.5.4.1. Promotion des filières
La promotion des filières doit être
conçue dans le cadre d’une agriculture orientée vers le marché. L’agribusiness
valorise les produits agricoles, aide à la diversification de l’agriculture,
élargit le marché des produits agricoles, crée des emplois en aval de
l’agriculture et procure des revenus supplémentaires.
L'agriculture rwandaise est peu
intégrée aux marchés. Comme déjà souligné dans les parties relatives aux
productions végétales et animales, les activités de soutien à la production
souffrent de nombreuses défaillances tant en amont (services de proximité tels
que approvisionnement en intrants, crédit, organisation et encadrement du monde
rural) qu'en aval (commercialisation, conservation et transformation des
produits). L’approche filière constitue
un des axes essentiels de la méthodologie d’intervention du Gouvernement et
s’appuiera sur le renforcement de la professionnalisation, la spécialisation et
la régionalisation de l’agriculture. La recherche constitue un appui important
car elle doit intervenir à tous les maillons de la filière. La promotion des
produits d’exportation ainsi que l’implication accrue du secteur privé revêtent
une importance particulière.
2.5.4.2. Transformation des produits agricoles, compétitivité et accès aux marchés
La compétitivité est un concept complexe à plusieurs dimensions. Elle
tient en considération le type de produit, sa qualité, son prix de revient, la
stabilité de la production et tout le “marketing” qui intervient pour approcher
les acheteurs et les fidéliser. Une
production est donc compétitive si elle trouve facilement dans un marché libre
des acheteurs prêts à payer le prix de revient du produit, y compris une marge
bénéficiaire normale. Si le produit est
exporté, le taux de change pour convertir le prix de revient local en devises
joue un rôle prépondérant.
Pour les produits agricoles, les
facteurs qui influence la compétitivité sont : (i) la productivité (rapport output/input) et tout élément qui concourt à l’augmentation de la
productivité (Recherche, utilisation des intrants etc.) améliore en principe la
compétitivité ; (ii) la technicité
et la qualification des producteurs d’où l’importance de la formation et de
l’appui conseil aux producteurs (iii) l’efficacité de la commercialisation
ainsi que (iv) la création d’un
environnement incitatif à l’entreprenariat et à l’innovation.
Pour les produits exportés, on mesure généralement la compétitivité par le
coût domestique des facteurs (“domestic resource cost”). Si la valeur locale des ressources utilisées
par unité de devises est plus élevée que le taux de change, la production n’est
pas compétitive. Dans le cas inverse, il
y a compétitivité car en produisant et en exportant ce produit, on fait une
économie en devises comparées à l’achat de ces mêmes devises via les bureaux de
change.
La transformation des produits
agricoles est un facteur important de compétitivité dans la mesure où elle
améliore la qualité intrinsèque des produits, permet leur diversification et
leur présentation.
La transformation des produits
agricoles est très peu développée au Rwanda. Elle est essentiellement limité
aux laiteries, aux stations de lavage du café, aux usines à thé, et à l’usine
du pyrèthre. Les autres unités de transformations comme celles de
transformation de la tomate, de la banane en vins, des fruits en jus et
confiture, les minoteries pour le blé, les unités de traitement du riz sont
encore insuffisantes et rarement ont été
conçues pour faire face à la concurrence régionale ou internationale.
D’autres unités commencent à
s’implanter dans le pays : Il s’agit de celles de la transformation du
manioc, de l’ananas, du fruit des passions et de la prune du japon, et du soja.
Il y a également des possibilités d’installer des unités de séchage des fruits
comme l’ananas et la banane.
Au niveau des marchés, le Rwanda dispose des avantages
comparatifs dont il peut tirer profit tant sur le marché local, régional et international.
Ainsi, pour les
Cultures traditionnelles de rente (Café, Thé, Pyrèthre) le premier
avantage comparatif découle de l’environnement agro-écologique favorable qui offre des conditions optimales
de productivité et de qualité. Ces produits
se conservent par ailleurs
relativement bien à l’état sec, ce qui représente un avantage pour un
Pays enclavé comme le Rwanda qui est à plus de 1.500 Km de la mer. Un autre
facteur important dans la compétitivité internationale est la relative
abondance et faible coût de la main-d’œuvre. Cependant, cette main d’œuvre doit
être formée pour atteindre le niveau
technique indispensable pour assurer la
qualité et la fiabilité des produits.
La culture du café connaît un contexte
particulièrement favorable avec l’amélioration de la qualité grâce à la
promotion des stations de lavage. Ceci fait que le café rwandais de qualité est
de plus en plus connu, ce qui représente
une opportunité à valoriser pour l’avenir.
La culture du thé offre également
l’avantage d’associer la culture industrielle à la culture familiale et de
faire bénéficier les petits planteurs familiaux des économies d’échelle des
grandes exploitations. Elle permet surtout un meilleur encadrement des petits
producteurs et un contrôle strict de la qualité.
La culture du Pyrèthre trouve une
opportunité dans le contexte général qui
est plus favorable aux produits naturels qu’aux produits synthétiques. La
fabrication prochaine de la pyréthrine permettra d’accéder au marché de la sous
région.
Concernant les cultures de substitution aux importations ; celles qui
représentent un avantage comparatif pour le moment sont le Riz et le Maïs.
L’avantage comparatif du Riz découle de l’augmentation accélérée de la
production enregistrée depuis l’an 2000, de façon que la production nationale
couvrait 60% des besoins en 2003. Les
résultats de la recherche et les possibilités d’extension des superficies
permettent d’envisager la couverture totale des besoins nationaux en l’an 2010
et la possibilité ultérieure d’exporter le riz dans la sous région.
Pour ce qui est du maïs , l’implication
accrue du secteur privé dans la transformation et son partenariat avec la
société civile et les OP dans la production, ainsi que le changement progressif
des habitudes alimentaires de la population fait entrevoir une mutation
profonde de cette filière.
Pour ce qui est des nouvelles cultures de rente
et d’exportation, le Rwanda bénéficie d’un climat favorable à la
polyculture. Parmi les cultures d’exportation non traditionnelles, les
nouvelles opportunités concernent surtout les fruits et légumes, les fleurs et
plantes ornementales, et les plantes condimentaires, aromatiques,
pharmaceutiques, cosmétiques, tinctoriales et autres. En général, l’élasticité
-revenu pour ces produits “exotiques” est assez élevée dans les pays
industrialisés.
L’ Etude de faisabilité de l’appui financier à
la diversification des exportations agricoles (Union Européenne, 2003) a permis
d’identifier 40 produits représentant un potentiel de développement dont 8 ont
fait l’objet d’analyse détaillée. Il
s’agit de l’avocat, du ricin, de la groseille du cap, du piment, de la banane
frecinnette, du miel et de ses dérivés, du Gloriosa superba, et des plantes
médicinales. L’analyse a montré que ces produits peuvent d’une part être
cultivés avec profit pour les producteurs et d’autre part exportés avec
bénéfice vers l’Europe en utilisant selon le cas la voie aérienne ou maritime,
à l’exception de la banane à cause des faibles cours à Bruxelles.
Les besoins d’investissements ont été
ainsi évalués à 964 millions de Francs rwandais
dont 350 millions pour le l’huile de Ricin ; 350 millions pour
l’avocat ; 125 millions pour la Groseille du cap ; 125 millions pour
le piment, et 14 millions pour le miel et ses dérivés.
Le Gouvernement rwandais a pris des
mesures visant à créer un environnement
favorable qui favorise la compétitivité notamment à travers la mise en place
d’un cadre réglementaire et institutionnel qui favorise le développent du
secteur privé, la libéralisation des échanges et l’amélioration du système de
taxation, la libéralisation des prix et du commerce, la privatisation des
entreprises publiques,la libéralisation de la gestion de l’eau, de l’énergie et
des télécommunications, du taux de change
et la privatisation secteur du thé.
La restructuration du RIPA en RIEPA montre une volonté politique
ferme de promouvoir les exportations .La Fédération Rwandaise du Secteur Privé
devra également jouer un rôle essentiel pour le développement de l’agribusiness
au Rwanda.
Ce processus doit être poursuivi et
soutenu afin de créer un environnement de plus en plus favorable au
développement de l’agribusiness et de la compétitivité des produits agricoles
rwandais.
Parmi les contraintes qui entravent le développement de l’agribusiness,
nous pouvons citer :
- L’agriculture rwandaise n’est pas encore orientée vers le marché
- Les niveaux de productions et de productivité sont encore bas
- Les acteurs des filières ne sont pas organisés en interprofessions
- L’enclavement du Rwanda fait que le prix du transport à l’exportation est élevé (entre Kigali, Mombassa et Dar es Salaam, le coût du transport varie par exemple entre $ 3000 et US $ 4000 par container de 40 pieds)
- Manque de chaîne de froid
- Le nombre limité de cargo qui fait que certains produits doivent passer 5 jours dans des lieux de conservation et ceci a un impact négatif sur la qualité des produits si l’on sait qu’ il y a des produits qui doivent être livrés sur le marché endéans 24 heures.
- La non disponibilité de matériel végétal de base en quantité et qualité
- L’insuffisance des technologies appropriées et des infrastructures de transformation et de valorisation des produits agricoles
- Des techniques de productions et des produits qui ne remplissent pas les normes de standards exigés pour le marché à l’exportation qui est de ce fait limité par l’existence de barrières non tarifaires.
- Un faible niveau de technicité de la plupart des producteurs et acteurs des filières agricoles.
- Le manque d’entrepreneurs disposant de capacités financières et de détermination pour réaliser les projets d’agribusiness.
Les principales contraintes qui
freinent le développement de la production des cultures vivrières peuvent être
regroupées dans différentes catégories.
(i) Les contraintes
liées aux systèmes de production sont en rapport avec la prédominance
de l’agriculture de subsistance avec une faible intégration au marché ;
morcellement extrême des terres ; surexploitation sans restitution des
éléments exportés par les cultures ou lessivés suite à l’érosion ;
rendements des cultures très bas par rapport à leur potentiel suite à la faible
utilisation du fumier, des engrais minéraux et autres intrants ; faible
capacité en matière de protection des végétaux.
(ii) Les contraintes
liés aux services d’appui s’observent aux niveaux du faible taux d’utilisation des
engrais minéraux suite à la méconnaissance de leur effet par la plupart des
producteurs et leur faible disponibilité (circuits de distribution) et de la faible accessibilité (pouvoir
d’achat) ; la production et la commercialisation des semences améliorées
qui ne répondent pas à la demande ; un système de commercialisation des
engrais minéraux mal organisé, avec une faible prise en charge par les privés
et les organisations des producteurs ; l’inadéquation entre recherche et
la vulgarisation entraînant peu de
transfert de technologie chez les producteurs.
(iii) Les contraintes
liées au marché sont notamment le fait que les productions sont à faible
valeur ajoutée suite à l’insuffisance des ressources, des infrastructures et de
technologies de transformation, de
conservation et de conditionnement ; des techniques culturales qui
ne garantissent pas la qualité et la sécurité des produits alimentaires;( food
quality and safety); faibles capacités commerciales des organisations des producteurs, etc.
Parmi les contraintes au développement
des principales cultures d’exportation,
on relève concernant la production de café la réduction de la
productivité, une grande proportion de caféiers en âge d’être régénérés, le
faible potentiel productif des variétés traditionnellement cultivées,
l’inefficacité de la vulgarisation, la faible capacité des associations de producteurs, la baisse des
cours du café sur le marché
international et la démotivation des producteurs.
La
baisse de la qualité est quant à elle due à l’absence de stations de
lavage et d’un système efficace de contrôle de la qualité, au mauvais état des
plantations de caféiers, la non différenciation des prix en fonction de la
qualité, et la compétition excessive des usiniers et exportateurs qui ne
favorise pas la qualité.
Parmi les principales contraintes au
développement de la culture du thé, se retrouvent: (i) la faible capacité des
organisations des théiculteurs ; (ii) le faible rendement en feuille verte
surtout dans les plantations villageoises (7t/ha en moyenne pour l’OCIR thé
contre 15 t/ha à la SORWATHE) ;
(iii) ainsi que les coûts élevés de l’énergie et de transport pour
l’exportation.
Malgré les multiples contraintes qui
limitent son développement , le sous
secteur des productions végétales bénéficie d’un certain nombre d’opportunité
qui sont autant de facteurs permettant d’envisager l’avenir avec
optimisme : Il s’agit entre autres (i) de la volonté politique visant la
modernisation et la transformation du secteur agricole qui est clairement
exprimée dans la Vision 2020, Le Programme de Réduction de la Pauvreté, la Politique
Agricole Nationale;( ii) le Leadership du MINAGRI ; (iii)les perspectives
accrues d’implication des investisseurs privés dans la production agricole et
dans l’agri business en général ; (iv) le processus d’auto organisation
des producteurs et leur volonté de
prendre en charge le développement des
filières agricoles ; (v) la nouvelle Politique foncière et la future Loi
foncière qui prévoient de limiter le morcellement des terres et encouragent le
remembrement en vue d’une meilleure utilisation de la ressource terre (vi) la
mise en place prochaine d’instruments de promotion ( Fonds de garanti et crédit
agricole) ainsi que les perspectives intéressantes de la recherche (Riz, Maïs, blé, thé, café, cultures in vitro
..).
La stratégie retenue pour les
productions végétales est de contribuer à la sécurité alimentaire et à
l’augmentation des revenus par : l’augmentation des niveaux de production
et des rendements des cultures ; une meilleure utilisation des ressources
(sols, eau, intrants) ; le développement de l’agribusiness et de la
compétitivité des produits d’origine végétale.
Les éléments de la stratégie sont :
5.1. Créer un environnement favorable à une disponibilité accrue des engrais minéraux et autres intrants et à leurs accès au producteur
-
Renforcer le rôle et la capacité du secteur privé à
prendre en charge la filière engrais minéraux et autres intrants :
Accroître les facilités d’importation, renforcer les capacités de stockage et
de distribution, assurer la formation et faciliter l’accès à l’information et
le contact avec les fournisseurs étrangers)
-
Réaliser le désengagement progressif des Etablissements
publics dans le commerce des intrants
-
Développer un partenariat entre les services de
vulgarisation, les associations de producteurs et le secteur privé pour une
meilleure évaluation de la demande solvable en intrants
-
Développer la
capacité nationale de production des
fertilisants et amendements (engrais minéraux à long terme ; chaux et
travertin à court et moyen terme…)
5.2. Accroître le taux d’utilisation des engrais minéraux au niveau des exploitations agricoles
-
Généraliser les
démonstrations sur l’efficacité de
l’utilisation des intrants sur les cultures prioritaires et les nouvelles
opportunités fournies par la recherche ou le marché
-
Faciliter l’utilisation des intrants via la chaîne de
conditionnement des intrants (fiches techniques, paquet technologique etc.)
-
Adapter les systèmes de financement aux besoins des
petits et des grands producteurs
5.3. Promouvoir une recherche innovatrice et un système de transfert de technologie qui répondent à la demande des producteurs
-
Promouvoir un
système de recherche basé sur la demande sur contrat avec des privés, des ONG
et des organisations de producteurs
-
Adapter les programmes de recherche aux orientations de
planification du développement des filières
-
Intégrer les préoccupations des femmes rurales dans les
programmes de recherche et de
vulgarisation
-
Promouvoir le partenariat entre les Services de
vulgarisation, les investisseurs privés et les organisations des producteurs
dans les programmes de vulgarisation (Définition des thèmes de vulgarisation,
prise en charge des agents de vulgarisation, suivi évaluation, partenariat avec les organismes d’appui)
5.4. Organiser la filière semencière
-
Mettre en œuvre des mesures destinées à professionnaliser
la production semencière pour les cultures prioritaires : Impliquer les
organisations des producteurs à prendre en charge la filière semencière
-
Renforcer les capacités du Service National Semencier
pour l’organisation de la filière semencière et le contrôle de la qualité des
semences. (Equipements de laboratoire, formation des agents, Mise en place des
antennes régionales etc.)
-
Mettre en place des réseaux de démonstration du potentiel
des nouvelles variétés mises au point
par la recherche en insistant sur la notion de paquet technologique
-
Promouvoir l’utilisation des biotechnologies (culture in
vitro), et définir la politique nationale en ce qui concerne les Organismes
vivants Génétiquement Modifiés (OGM).
5.5. Renforcer les capacités nationales en matière de protection des végétaux.
-
Renforcer les capacités du secteur privé et des
organisations des producteurs pour la prise en charge de la commercialisation
des produits phytosanitaires.
-
Renforcer les capacités du Département de phytopathologie
de l’ISAR
-
Mettre en place un système efficace d’inspection
phytosanitaire et en particulier un mécanisme de contrôle des mouvements
transfrontaliers des produits (produits végétaux et /ou phytosanitaires)
-
Mettre en place la législation sur la protection des
végétaux
-
Promouvoir les techniques de lutte intégrée
5.6. Renforcer les rôles des syndicats, fédérations et autres organisations des producteurs en vue de la professionnalisation de l’agriculture
-
Mettre en place un cadre de concertation avec les
représentants du secteur privé et des organisations des producteurs.
-
Mettre en place des programmes de renforcement des
capacités des organisations de
producteur notamment pour ce qui est de la maîtrise des circuits de
commercialisation.
-
Promouvoir des programmes de formation destinés à
intégrer les petits producteurs à
l’agriculture de marché (Techniques modernes de production, planification de la
production en fonction des opportunités de marché,)
-
Renforcer les capacités de négociation commerciale et
financière des organisations de producteurs
5.7. 5.7. Mettre en place un cadre incitatif au développement des filières et la spécialisation régionale
-
Développer des programmes et mobiliser les investissements
nécessaires pour le développement de la filière maïs, riz , pomme de terres,
café, thé, pyrèthre, haricot,cultures oléagineuses, fruits et légumes (
Infrastructures, fonds de garantie , fonds spéciaux de promotion etc.)
-
Développer les programmes de recherche et de vulgarisation en vue d’accroître la quantité
et la qualité de la production des principales filières.
-
Définir pour chaque filière le cadre de planification et
de coordination des intervenants
Les programmes retenus doivent viser à opérationnaliser les
priorités du MINAGRI dans le cadre de la promotion des filières, la
professionnalisation et la spécialisation régionale. Concernant les productions
végétales, ces programmes seront sous-tendus par les éléments ci-après :
(i) la promotion des filières café, thé,
pyrèthre, riz, maïs, blé, Pomme de terre, haricots, cultures oléagineuses,
légumes et fruits ;(ii) le renforcement et la restructuration de la
recherche et de la vulgarisation ; (iii) l’organisation de la filière
semencière ; ( iv) la prise en charge effective de la commercialisation
des intrants par le secteur privé et les organisations de producteurs; (v)
le renforcement des capacités nationales en protection des végétaux, (vi)
l’appui à la professionnalisation et à l’organisation des producteurs
6.1. Promotion des filières
Les critères de choix des filières
tiennent compte de l’importance du potentiel de
production et d’intensification, la génération des revenus tant sur le
marché national, régional qu’international, ainsi les possibilités de
transformation, conservation et stockage.
La mise en œuvre de ces programmes se
fera en phases. Il est retenu que au cours de l’année 2005, l’accent sera mis
sur la promotion de manière holistique de la filière Thé et Riz tout en
assurant la propulsion et le soutien aux autres filières. Les actions
d’organisation et de préparation de l’expansion des autres filières seront
ainsi également entreprises, de manière à réunir toutes les conditions requises
pour leur développement au cours des années suivantes. Les programmes d’accompagnement (intrants,
semences, recherche et protection des végétaux) seront aussi
préparés/développés dès l’année 2005.
6.1.1. Actions spécifiques à la filière Thé
L’objectif prévu pour le
thé est d’atteindre une production de 39.000 t de thé noir en l’an 2010. Pour
cela, il est envisagé de mener les actions suivantes :
Ø
Intensification en vue de multiplier par 3 le
rendement de feuilles vertes d’ici l’an 2010. (Fertilisation, nouveaux clones
plus productifs, meilleur encadrement des producteurs et de leurs associations
etc.)
Ø
Améliorer la qualité de la feuille verte de
67% à 80%.
Ø
Mise en place d’une usine à thé à Mushubi et
Nshili
Ø
Poursuite du programme de privatisation des 8
usines de l’OCIR Thé.
Ø
Renforcer le partenariat en matière de
recherche avec l’ISAR (Mise en place d’un laboratoire de culture de tissus in
vitro, recherche de nouveaux clones etc.)
Ø
Mettre en oeuvre des actions spécifiques de
vulgarisation sur le thé (partenariat avec les associations de producteurs,
partenariat avec les Banques populaires pour les facilités de crédits intrants
etc.)
Ø
Diversifier les produits mis sur le marché
(thé noir, thé vert etc.)
Ø
Assurer la promotion du Thé rwandais au
Rwanda et à l’étranger
6.1.2. Actions spécifiques à la filière Riz
Elles visent l’élimination
des importations et la couverture des besoins nationaux ainsi que la réalisation à terme de surplus exportables. Les hypothèses
retenues dans le cadre de ce plan
d’action sont basées sur la poursuite des aménagements de périmètres rizicoles
de façon à atteindre 11.800 ha en l’an
2009 et des rendements moyens de 5 T de riz paddy/:ha de façon à atteindre une
production d’environ 69.000 t de riz usiné en l’an 2010. C ‘est dans ce cadre
que les actions suivantes seront menées :
Ø
Mobiliser les fonds supplémentaires pour
poursuivre les aménagements de nouveaux périmètres rizicoles de façon à atteindre 11.800 ha en l’an 2009.
Ø
Renforcer la recherche variétale, notamment
pour les variétés hautement productives et à cycle court, garantissant 2
récoltes par an
Ø
Renforcer les capacités des associations de
producteurs pour une meilleure maîtrise
du circuit d’approvisionnement en
intrants
Ø
Renforcer les capacités des associations, dans la gestion du calendrier cultural, la gestion de l’eau et la prise en charge du
personnel d’encadrement sur la base d’expériences régionales éprouvées sur le
Système de Riziculture Intensif
Ø
Mettre en œuvre le processus de privatisation
des unités de transformation
Ø
Mettre en place des mesures incitatives aux
privés pour l’installation de nouvelles
unités de transformation.
6.1.3. Actions spécifiques à la filière Maïs
Elles visent à augmenter
les rendements et la production de maïs dans un contexte d’augmentation de la
demande suite au changement des habitudes alimentaire. Il est prévu de doubler
la production et atteindre 160.000 t à l’horizon 2010.
C’est dans ce cadre que les
actions suivantes seront entreprises :
Ø
Renforcer la recherche variétale en vue
d’améliorer la gamme de variétés disponibles
Ø
Appuyer les initiatives privées pour une prise en charge accrue de la filière
(organisation des producteurs, fourniture d’intrants.)
Ø
Mettre en œuvre des mesures de promotion du
maïs en rotation avec la pomme de terre dans les zones de Ruhengeri et Gisenyi
pour éviter les problèmes de monoculture de la pomme de terre.
Ø
Promouvoir un partenariat entre l’ISAR, les
services de vulgarisation, les privés et les organisations des producteurs pour
un meilleur transfert de technologies
Ø
Faciliter les privés et les OP pour l’accès
au marché offert par les services publics et organisations humanitaires
oeuvrant au Rwanda ou dans la sous région
Ø
Mettre en place des mécanismes destinés à favoriser le changement des
habitudes alimentaires des rwandais et augmenter la part du mais et de ses
dérivés dans la ration alimentaire
6.1.4. Actions spécifiques à la filière Blé
Elles s’inscrivent dans la
même logique de contribuer à la
réduction des importations, de façon à atteindre une production
d’environ 39.000 t en l’an 2010. C’est dans ce cadre que les actions suivantes
seront développées.
Ø
Prendre des mesures facilitant la mise en
service rapide des minoteries de Gikongoro et Byumba et la relance de la
production dans ces régions
Ø
Renforcer le programme de recherche sur les
variétés panifiables
Ø
Offrir des facilités aux privés en vue
d’assurer le partenariat avec les organisations des producteurs pour la
disponibilisation des intrants et l’encadrement de la production
Ø
Appuyer la formation des boulangers locaux en
vue de promouvoir la consommation du pain et d’autres produits à base de farine
de blé.
Ø
Promouvoir des programmes de technologies
alimentaires destinés à valoriser au maximum le blé.
6.1.5. Actions spécifiques à la filière pommes de terre
Elles permettront de
satisfaire l’offre au niveau national,
notamment par l‘augmentation des rendements Il s’agira en particulier de :
Ø
Renforcer la recherche diversifier les
variétés, améliorer la qualité et le potentiel productif en général
Ø
Augmenter la capacité de production des
semences de souche (actuellement on a 30% des besoins nationaux) en vue de
satisfaire le marché national et sous régional
Ø
Appuyer la professionnalisation de la production des semences commerciales et en
garantir la qualité.
Ø
Renforcer les capacités commerciales des
organisations de producteurs et des acteurs commerciaux en vue de garantir un
approvisionnement régulier et des prix rémunérateurs aux producteurs
6.1.6. Actions spécifiques à la filière Haricot
Elles visent à augmenter la
production et le rendement de cette culture qui reste d’une importance capitale
dans l’alimentation des rwandais, notamment pour ce qui est des protéines. Il
s’agira ainsi de :
Ø
Développer les programmes de recherche pour
améliorer la qualité des semences de
haricot volubile (cycle végétatif court, présentation des graines et
productivité)
Ø
Assurer une disponibilité accrue des tuteurs
via le développement accéléré de
l’agroforesterie
Ø
Promouvoir la culture en rotation avec le
maïs ou la pomme de terre
6.1.7. Actions spécifiques aux cultures oléagineuses
Elles visent surtout à contribuer à réduire le déficit
chronique en lipides. Les interventions
seront concentrées sur le soja avec diversification par la promotion du
tournesol et de l’arachide.
Ø
Accroître la capacité de production des
semences de bonne qualité et de l’inoculum pour le soja (Rhizobium)
Ø
Développer des programmes de recherche
développement sur la fertilisation minérale afin d’augmenter le potentiel de
production même dans les régions à sols acides
Ø
Appuyer le développement des unités de
transformation du soja en farines et autres produits dérivés (lait et tofu)
Ø
Vulgariser la consommation des produits à
base de soja
6.1.8. Actions spécifiques pour la filière café[21]
L’objectif visé pour le café est une production de
37.000 t de café vert en 2010 dont 60% de café fully washed.
Les actions de
promotion de la filière café visent à la
fois l’augmentation de la quantité et de la qualité :
a) Concernant
l’augmentation de la quantité, il est prévu :
Ø
L’intensification et l’amélioration des
techniques culturales (Taille de régénération, fertilisation minérale, lutte
contre les maladies …)
Ø
Le remplacement des vieux caféiers et
extension des plantations de café avec de nouvelles variétés productives et
résistantes aux maladies (production de 69 millions de plants d’ici l’an 2010)
Ø
Renforcement de la recherche sur les nouvelles variétés et la lutte contre les
maladies
Ø
La restructuration de la vulgarisation avec
la mise en place de 5 zones caféicoles
Ø
L’appui aux associations de caféiculteurs (accès plus facile aux
intrants et matériel)
b) Les Actions
visant l’amélioration de la qualité
Ø
Augmenter la quantité de café standard
(centres de dépulpage, accès au crédit)
Ø
Augmentation de la quantité de café fully
washed (viser 60% de café fully washed avec la mise en place de 107 stations de
lavage d’ici 2010 d’une capacité de 200t/an de café vert)
Ø
Faire la marketing du café rwandais (recherche de marché, organisation et
participation aux foires et expositions)
Ø
Assurer le contrôle de la qualité
Ø
Promouvoir la consommation du café rwandais
au Rwanda.
6.1.9. Actions spécifiques pour la filière hortofruiticole
L’objectif visé pour
l’hortofruiticulture est de relancer l’activité de production sur une base pérenne.
Cela suppose la mise en place d’un mécanisme de fret aérien approprié et
durable; le perfectionnement technique en matière de production ;
l’amélioration du cadre organisationnel et la professionnalisation en matière
d’exportation.
Sur le plan technique, les
actions à mettre en œuvre ont trait à : la mise en place dans le cadre de
la vulgarisation d’un service spécialisé pour la formation d’encadreurs,
l’agréage de proximité (champs et centres de conditionnement) en matière de
normes et de qualité de la production, d’emballage et de procédures de
traçabilité.
Un appui institutionnel
sera apporté aux exportateurs en vue d’une meilleure organisation et de la
professionnalisation de leur métier notamment en matière d’exploration
permanente des marchés (veille commerciale) ; la promotion continue des
produits rwandais sur les marchés extérieurs ; l’organisation rationnelle
et efficace de l’exportation ; et des contrôles très stricts de qualité.
Il est envisagé de coopérer
avec les autres Ministères concernés, en vue de mettre en place une
infrastructure et des équipements de support appropriés, notamment la mise en
place d’une chaîne de froid adéquate en commençant par la réhabilitation des chambres froides de l’aéroport
de Kanombe.
6.2. Agribusiness et compétitivité.
La stratégie retenue est de développer l’agribusiness par la promotion de la compétitivité des produits
agricoles rwandais et la création d’un environnement favorable aux investissements
dans l’agriculture.
6.2.1. Compétitivité et Productivité
La productivité est un facteur
important de la compétitivité des produits agricoles. Les actions et mesures
destinées à augmenter la productivité sont présentées dans le programme
traitant du développement des systèmes de production durables. Elles concernent
surtout l’investissement dans la protection/valorisation des sols et l’amélioration des services de
proximité (disponibilité et utilisation accrue des intrants, recherche
agronomique et conseil vulgarisation réformés et orientés vers la demande)
6.2.2. Compétitivité et transformation des produits
L’analyse thématique a permis de
montrer que la transformation des produits agricoles est un facteur important
de compétitivité dans la mesure où elle améliore la qualité intrinsèque des
produits, permet leur diversification et leur présentation. En effet, la compétitivité d’un produit tient
en considération le type de produit, sa qualité, son prix de revient, la
stabilité de la production et tout le “marketing” qui intervient pour approcher
les acheteurs et les fidéliser.
La deuxième série d’actions jouant sur l’accroissement de la
compétitivité est ainsi en rapport avec le développement des infrastructures.
Il s’agira pour l’Etat d’investir dans les infrastructures de base (électrification,
adduction d’eau, routes etc.) en vue de créer des conditions favorables à la
mise en place des unités de transformation par les privés (stations de lavage
du café, usines à thé, minoteries et autres unités de transformation,
construction de marchés, télécommunications et ICT etc.).
Il est également envisagé que l’Etat
investisse dans certaines infrastructures indispensables avec possibilité d’en
céder la gestion aux privés (usines ou unités de transformation, chambres
froides à l’aéroport pour attirer les
investisseurs étrangers et promouvoir l’exportation ;).
Les opérateurs privés seront encouragés
à investir dans les camions frigorifiques pour la collecte de produits
périssables dans des zones éloignées en vue disposer d’une chaîne de froid
ininterrompue.
6.2.3. Accès aux marchés
La recherche et la pénétration sur les
nouveaux marchés sont capitales en matière d’agribusiness et de compétitivité.
C’est dans ce cadre que des actions de promotion seront entreprises, notamment
pour l’identification des niches ; la certification ; le respect des normes de qualité exigées par
les marchés ; le développer du modèle de fair-trade. Des mesures seront
aussi prises pour profiter le plus possible des avantages de l’ AGOA. Les
ambassades rwandaises devront jouer un rôle accru dans la promotion du commerce
et le Gouvernement encouragera
l’organisation des expositions au niveau national et provincial ainsi que la
participation des opérateurs aux foires
agricoles à l’étranger.
6.2.4. Création d’un environnement incitatif
Le rôle essentiel du Gouvernement est
de créer le cadre politique, économique, social et légal qui est suffisamment
incitatif et propice à l’entreprise privée de sorte que les entrepreneurs
assument pleinement le risque de leur investissement, et bénéficient pleinement
des fruits qui en découlent.
L’aide des pouvoirs publics concernera surtout le financement des études
préalables à la création d’entreprises, y compris la visite à des entreprises
dans des pays voisins, la recherche agronomique et la recherche de prototypes ou
procédés adaptés, des essais pilotes, les études de marché et la recherche de
l’information, l’appui aux investissements (crédit bonifié, code des
investissements, avantages fiscaux).
C’est dans ce cadre que : (i) les
interventions du CAPMER seront accrues ;
(ii) le code des investissements sera réactualisé en vue de le rendre
plus incitatif, en tenant compte des
propositions de différentes parties prenantes (RIEPA , Fédération Rwandaise du
Secteur Privé, Interprofessions etc. ) ; (iii) La coopération dans le
domaine de l’agribusiness avec des pays partenaires sera être encouragée ;
(iv), un centre d’information avec facilités de
e-commerce sera créé pour le recueil et la diffusion d’informations sur
les opportunités d’affaires et de marchés agricoles ; (v) des mesures
incitatives pour favoriser les PME/PMI seront développées (formation des
investisseurs potentiels pour la préparation des dossiers de projet en vue de
soumission à la banque - approche CEFE ou autres ; création d’un centre d’incubation
pour les innovations et la promotion d’entreprises agricoles)
[2] Politique Nationale Agricole, Mai 2004
[3] MINAGRI/FSRP : Statistiques agricoles 2002.
[6] MINAGRI, Point focal Riz
[7] Commission Nationale de l’Agriculture, Rapport de
synthèse 1992
[8] ISAR, Programme de Recherche Développement dans
les filières pomme de terre, horticulture, blé et élevage de bovins laitiers,
Août 2003
[9] Etude des Filières Pomme de terre, et Légumes,
Agriterra Avril 2003
[10] Données de l’an 2001
[11] OCIR Thé, A New Tea Sector Strategy For Rwanda, Year 2003-2010
[12] OCIR Thé, Rapport Premier Semestre 2004
[13] Etude sur les systèmes de production,
MINAGRI/FAO, 1997.
[14] Un Profil de la Pauvreté au Rwanda, MINECOFIN,
Février 2002
[15] Etude sur
les systèmes de production, MINAGRI/FAO,1997
[16] Politique Nationale Foncière, MINITERRE 2004
[17] ISAR, Projet de Réhabilitation et Renforcement
des capacités de recherche/Développement des Centres de Karama et
Ruhengeri ; 2003
[18] ISAR, ICRAF : Promotion de l’Agroforesterie
pour augmenter son impact sur la réduction de la pauvreté et la Protection de
l’Environnement au Rwanda.
[19] Document de l’atelier sur les politiques
d’utilisation, de commercialisation des engrais , 22-23 Février 2001.
[21] Source : OCIR Café 2004
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