jeudi 2 janvier 2014

MODULE DE FORMATION SUR LA MULTIPLICATION DES MATERIELS DE PLANTATION DE BANANIER



I. INTRODUCTION


           Le bananier et  bananier plantain sont d'importantes cultures de base et sources de revenus pour les paysans ruraux de la région de grand lac. Le bananier joue un rôle important dans la matérialisation de la présence humaine. Cependant, la productivité et le cycle de culture de ces plantes ont sévèrement chuté sous la pression de divers ravageurs, maladies et contraintes sociales.

              Une contrainte majeure à l’extension de la culture du bananier est la pénurie des matières végétales saines. Ce problème est d'autant plus grave que les paysans dépendent généralement de la régénération naturelle des plants pour l'obtention des  matériels de plantation. Ainsi, ils récupèrent leurs  matériels de plantation  dans les champs des voisins sans précautions possibles. 

             Ce procédé est très lent et produit généralement une faible quantité de rejets, le plus souvent contaminés par les divers pathogènes du sol et maladies.

La transplantation de ce matériel de plantation contaminé dissémine les agents pathogènes (nématodes et charançons) et diverses maladies (BXW, BBTD, Fusariose, cercosporiose …).
Pour faire face à cette pénurie, les chercheurs avaient mis sur pied une technique de multiplication des matériels de plantation sains appelée  à « la culture de tissus » (micro propagation ou culture in vitro). Cette technique élimine tous les risques de contamination possibles qui peut être causées par les ravageurs et maladies autres que les maladies virales à travers les rejets qui sont les matériels de plantation.
Toutefois, cette technique est trop coûteuse pour les paysans et nécessite une compétence technique. Par conséquent, c’est une technique que les paysans ne peuvent pas appliquer dans leurs fermes s’il n’ y a pas un appui externe.

        Ainsi donc dans le cadre du projet CIALCA, IITA (Institut International de l’Agriculture Tropicale), en collaboration avec ses partenaires locaux, nationaux et internationaux, a développé une alternative pour la production de matériel de plantation sains, puisqu'il parait très peu probable que les paysans développent la capacité de faire la micro propagation ou culture in vitro.


Cette méthode alternative s'appelle la « macro propagation ».
La macro propagation est une méthode ou technique de multiplication rapide de bananier.
Elle peut être  classé en 2 catégories à savoir :

1)      Techniques en plein champ basées sur la décapitation partiale ou complète
2)      Les méthodes de souche décortiquée pratiquées hors du champ (dans les serres).

Ces techniques sont vulgarisées par IITA dans la région du grand lac à travers les formations des formateurs et le suivi en partenariat avec les Programmes de Développement, ONGs, OPs et les paysans.

II. OBJECTIFS


II. 1. Objectif général

L’IITA assiste les producteurs à travers ses partenaires (ONGs et OPs) dans la multiplication et la dissémination des variétés exotiques (améliorées) introduites dans la région du grand lac qui avaient fait preuve de leurs qualités agronomiques (résistance aux maladies, résistance aux stresses, poids de régime, bref, la productivité),  cela pour améliore  l’effectivité des systèmes de production du matériel végétal de sorte que les producteurs puissent avoir une meilleure disponibilité des rejets de qualité.

II. 2. Objectif spécifiques


-          Maîtriser les contraintes de la production des rejets
-          Produire les rejets de qualité
-          Soutenir la production en augmentant le cycle de culture
-          Augmenter les rendements
-          Lutter contre la pauvreté
-          Promouvoir l’entreprenariat de producteurs des rejets.

III LES TECHNIQUES EN PLEIN CHAMP


           Les 2 techniques de décapitation entraînent la stimulation des bourgeons latéraux en détruisant le point actif de croissance (méristème apical) dans le pseudo tronc.
Les 2 techniques augmentent l’émergence des bourgeons et la multiplication des rejets.





III. 1. LA FAUSSE DECAPITATION

          Dans la fausse décapitation, une petite fenêtre est ouverte à 20 cm de hauteur sur le pseudo tronc d’un plant du bananier âgé de 6 mois, à partir de  laquelle le méristème apical de la plante est détruit.
Le feuillage reste physiologiquement actif pendant 3 mois et servent ainsi d’ombrière aux jeunes repousses.

                                


                             Les jeunes pousses issues d’une fausse décapitation

III. 2. LA DECAPITATION  COMPLETE

                 Dans la décapitation complète, le pseudo tronc d’un plant de bananier âgé de 6 mois est complètement coupé à quelques centimètres du collet et le méristème est ainsi détruit en utilisant un couteau ou la pointe d’une machette tout en creusant un trou de 5 cm de diamètre au centre du pseudo tronc.
Quelques semaines après, on observe les jeunes repousses qui ne sont que le résultat du développement des bourgeons latéraux.
                       Les jeunes pousses issues de la décapitation complète

 

IV.  LES METHODES DE SOUCHE DECORTIQUEE OU LA MACRO    PROPAGATION


              Les Méthodes de souche décortiquée comprennent: Souche entière, Quartier de souche, Bourgeon excisé, Méristème perforé, et PIF (plant issus de fragments de tige).


           Les Méthodes de souche décortiquée sont actuellement vulgarisées par l’IITA et ses partenaires à cause du nombre de rejet qu’elles produisent, l’uniformité dans la croissance lorsque ceux-ci sont établis en champ et le moindre risque de contamination par les agents pathogènes et maladies si et seulement si les principes de base sont respectés au départ, il s’agit donc de :
-          Un bon choix de rejet ballonnets à multiplier (sains)
-          Stériliser ces matériels de multiplication après parage
-          Stériliser la sciure de bois qui est généralement le substrat utilisé dans le germoir. 

Ces techniques sont simples, faciles à établir avec un minimum d’investissement pour installer les germoirs et l’ombrage pour sevrer les plantules.

IV. 1. LES ETAPES DE LA MACRO PROPAGATION

A.  Constriction des germoirs


Les germoirs doivent être construit sous l’ombrage de 50% suivant 1,2m x 5m x 1m de hauteur et bien protégés, ils doivent rester propres et complètement couvert avec du plastique transparent.
L’humidité et la température doivent être contrôlé pour qu’il ait une bonne reprise.

  Construction en matériaux durable                                           Construction en planche


B. Remplissage des germoirs


Les germoirs doivent être remplis à ¾ avec de la sciure de bois bien stérilisée à vapeur.
Toutes fois il est à noter que dans des milieux où l’on ne peut pas trouver de la sciure de bois, on peut aussi bien utiliser d’autres substrats (son de riz, parche du café et le sable)  à condition qu’ils soient aussi bien stérilisés avant utilisation,
   Une chambre humide remplie à ¾ par la sciure de bois après stérilisation à vapeur.

C. Choix et types de rejets à utiliser

 

Les rejets baïonnettes sains des variétés préférées sont les plus recommandés, toutes fois, les plantes prêtes à produire ou en production indemne des maladies et qui ne sont pas infectés par les charançons et nématodes  peuvent également être utilisées.

         Un tas des rejets avant parage                 Les rejet parés et lavés prêts pour la stérilisation

C.1. Les techniques et type de rejets correspondants


- PIF: Rejets en cônes, la propagation se fait par la manipulation du méristème apical.

- Méristème perforé: Grands rejets, la propagation se fait par la manipulation des bourgeons lateraux.

- Bulbe entier, Bulbe fragmentée et Bourgeons excisés: Tige mère, la propagation se fait par manipulation des bourgeons.

D. La préparation des rejets et la mise en germoir


Les rejets sains récoltés sont pellés (parage) pour enlever les racines ensuite lavés pour enlever les débris de plante et de la terre.

D.1. Stérilisation avec la fongicide
  Les feuilles supérieures sont enlevées à 2mm de la base de bulbe avec un couteau tranchant pour exposer tous les bourgeons et/ou le méristème.
Les bulbes ainsi préparés sont stérilisés à leur surface dans une solution de fongicide pendant 20 minutes.
Les bourgeons exposés sont scarifiés à l’aide de la pointe d’un couteau tranchant.
Les bulbes ainsi préparés sont séchés sous l’ombre pendant 24 heures avant d’être plantés dans des chambres humides (serre).

D.2. Stérilisation avec l’eau bouillante
Après Parage, les bulbes parés sont plongés dans l’eau bouillante pendant 30 secondes avant le décorticage des feuilles.
NB : Le dépassement de 30 secondes de stérilisation dans une eau bouillante risque d’endommager les bourgeons.
  Les feuilles supérieures sont en suite enlevées à 2mm de la base de bulbe avec un couteau tranchant pour exposer tous les bourgeons et/ou le méristème.
Les bourgeons exposés sont également scarifiés à l’aide de la pointe d’un couteau tranchant.
                                                                
Avec les méthodes de bulbe entier, tout le bulbe est planté dans le germoir ou fragmenté en 2 ou plusieurs fragments.

Bulbe entier prêt à la plantation                   Deux fragments de bulbe prêt à la plantation
Avec les bourgeons excisés, les bourgeons sont prélevés en petites portions d’environ 50 à 100g chacun avant la stérilisation, la scarification et la plantation.

    

Les bulbes ainsi préparés sont plantés de 5-10cm d’intervalle dépendamment de la grosseur des bulbes et couvertes avec une couche de sciure de 2cm.
Les fragments de PIF sont plantés de telle sorte que la partie sectionnée soit en haut.
Le germoir doit être bien arrosé immédiatement et après, l’arrosage est effectué 2 à 3 fois par semaine dépendamment de l’humidité du milieu. Les pousses sont observées 3 à 4 semaine selon la variété et les conditions climatiques.  
                                                                                                                                                                                             


E. Préparation du substrat

Le substrat est préparé en avance, la terre noire mélangée avec la sciure de bois et du fumier de matière organique composée à 6:3:1 est préférable.
Le substrat mélangé est stérilisé pendant 12 heures dans un fut. Un fut d’huile modifiée en ajoutant en croix  de barre de fer à 20cm de sa base.
Après stérilisation, le substrat doit se refroidir pendant 24 heures avant l’utilisation.

NB : Pour les raisons suivantes il est conseillé d’utiliser la sciure du bois non mélangée :
        - Réduction de temps de stérilisation du substrat
        - Limitation des agents pathogènes (les micros organismes)
        - Eviter le compactage du substrat qui peut rendre difficile les manipulations.
        - Les réserves se trouvant dans les bulbes suffisent pour nourrir les jeunes repousses jusqu’à la période du sevrage.

       



F. Gestion de germoir


-          L’arrosage est fait en temps nécessaire (deux à trois fois par semaine selon le besoin)
-          Les plantules plus grandes sont re-scarifiées pour obtenir des plants secondaires
-          Les plantules ayant plus de 2 à 3 feuilles sont sevrées et mises en pots ou dans le milieu favorisant le développement racinaire
-          Le germoir doit rester propre et toujours couvert.
-          Pas d’application d’engrais
-          Traiter contre les pestes (insectes et champignons).

                                  Travaux de la deuxième scarification

G. Séparation ou sevrage des plantules est conditionnement racinaire 


Les plantules sevrées avec les racines sont plantées directement dans les pots alors que les plantules sevrées sans racines sont mises en milieu favorisant le développement racinaire pendent 2 semaines. 


 
Les plantules issues d’un méristème scarifié                   Les plantules après séparation
                                               

Les plantules sevrées sans racine mises dans   Les plantules sevrées avec plus de trois 

Les conditions favorisant l’enracinement         racines sont mises en terre dans les pots.

 

H. Acclimatation


-          Utiliser 17 cm x 24 cm pots noirs pour remplir le substrat
-          Acclimatation des plantules sous serre se fait à une température atmosphérique de 25-27 oC
-          L’ombrillère doit avoir 2m de hauteur pour faciliter la gestion et l’ensoleillement
-          L’arrosage se fait 3 à 4 fois par semaine selon le climat.
-           
                                                                                           Les conditions d’acclimatation dans les pépinières après sevrage

 

 

 



I. Déplacement des plantules vers le champs


Le déplacement des plantules du pépinière ou le lieu d’acclimatation vers le nouveau champs  ou le point de vente se fait en utilisant des brouettes, bassins ou cartons si la distance n’est pas longue et dans les cas contraire, le déplacement se fait au moyen d’un véhicule (camionnette) ce dernier permet aussi bien de déplacer une grande quantité en un seul tour sans moindre risque d’endommager les jeunes plants.

                                                        


J. La plantation

Le terrain est préalablement préparé en creusant de trous de 40cm de longueur, 40cm de largeur et 40cm de profondeur, dans les quels on met 10kg de fumier de ferme bien décomposé ou du compost.
Les plantules sont en suite placées dans les trous  et bien couvert par le sol jusqu’au collet en commencent par la couche superficielle.
Quelques semaines après l’installation ou la mise en place, le paillage est recommandé.



K. Les étapes intermédiaires

Etapes
Périodes
1ère scarification
4-5 semaines selon le climat et variétés
2ème scarification
2 - 3 sémaines
Sevrage et enracinement
2 - 3 semaines
Acclimatation
4 – 7 semaines

NB : Les plantules sont prêtes  pour la plantation entre 12-18 semaines à partir du jour de l’installation.

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