I. INTRODUCTION
Le bananier et bananier plantain sont d'importantes cultures
de base et sources de revenus pour les paysans ruraux de la région de grand
lac. Le bananier joue un rôle important dans la matérialisation de la présence
humaine. Cependant, la productivité et le cycle de culture de ces plantes ont
sévèrement chuté sous la pression de divers ravageurs, maladies et contraintes
sociales.
Une contrainte majeure à l’extension de la culture du bananier est la
pénurie des matières végétales saines.
Ce problème est d'autant plus grave que les paysans dépendent généralement de
la régénération naturelle des plants pour l'obtention des matériels de plantation. Ainsi, ils récupèrent
leurs matériels de plantation dans les champs des voisins sans précautions
possibles.
Ce procédé est très lent et produit généralement une faible quantité de
rejets, le plus souvent contaminés par les divers pathogènes du sol et
maladies.
La transplantation de ce matériel de
plantation contaminé dissémine les agents pathogènes (nématodes et charançons)
et diverses maladies (BXW, BBTD, Fusariose, cercosporiose …).
Pour faire face à
cette pénurie, les chercheurs avaient mis sur pied une technique de
multiplication des matériels de plantation sains appelée à « la culture de tissus » (micro
propagation ou culture in vitro). Cette technique élimine tous les risques de
contamination possibles qui peut être causées par les ravageurs et maladies
autres que les maladies virales à travers les rejets qui sont les matériels de
plantation.
Toutefois, cette technique est trop coûteuse pour
les paysans et nécessite une compétence technique. Par conséquent, c’est une
technique que les paysans ne peuvent pas appliquer dans leurs fermes s’il n’ y
a pas un appui externe.
Ainsi donc dans le cadre du projet
CIALCA, IITA (Institut International de l’Agriculture Tropicale), en
collaboration avec ses partenaires locaux, nationaux et internationaux, a
développé une alternative pour la production de matériel de plantation sains,
puisqu'il parait très peu probable que les paysans développent la capacité de
faire la micro propagation ou culture in vitro.
Cette méthode alternative s'appelle la « macro
propagation ».
La macro propagation est une méthode ou technique
de multiplication rapide de bananier.
Elle peut être classé en 2 catégories à savoir :
1)
Techniques en plein champ basées sur la
décapitation partiale ou complète
2)
Les méthodes de souche décortiquée pratiquées hors
du champ (dans les serres).
Ces techniques sont vulgarisées par
IITA dans la région du grand lac à travers les formations des formateurs et le
suivi en partenariat avec les Programmes de Développement, ONGs, OPs et les
paysans.
II. OBJECTIFS
II. 1. Objectif général
L’IITA assiste les producteurs à
travers ses partenaires (ONGs et OPs) dans la multiplication et la dissémination
des variétés exotiques (améliorées) introduites dans la région du grand lac qui
avaient fait preuve de leurs qualités agronomiques (résistance aux maladies,
résistance aux stresses, poids de régime, bref, la productivité), cela pour améliore l’effectivité des systèmes de production du
matériel végétal de sorte que les producteurs puissent avoir une meilleure
disponibilité des rejets de qualité.
II. 2. Objectif spécifiques
-
Maîtriser les contraintes de la production des
rejets
-
Produire les rejets de qualité
-
Soutenir la production en augmentant le cycle de
culture
-
Augmenter les rendements
-
Lutter contre la pauvreté
-
Promouvoir l’entreprenariat de producteurs des
rejets.
III LES TECHNIQUES EN PLEIN CHAMP
Les 2 techniques de décapitation
entraînent la stimulation des bourgeons latéraux en détruisant le point actif
de croissance (méristème apical) dans le pseudo tronc.
Les 2 techniques augmentent
l’émergence des bourgeons et la multiplication des rejets.
III. 1. LA FAUSSE DECAPITATION
Dans la fausse décapitation, une
petite fenêtre est ouverte à 20 cm de hauteur sur le pseudo tronc d’un plant du
bananier âgé de 6 mois, à partir de laquelle
le méristème apical de la plante est détruit.
Le feuillage reste physiologiquement
actif pendant 3 mois et servent ainsi d’ombrière aux jeunes repousses.
Les jeunes pousses issues d’une fausse décapitation
III. 2. LA DECAPITATION COMPLETE
Dans la décapitation complète,
le pseudo tronc d’un plant de bananier âgé de 6 mois est complètement coupé à
quelques centimètres du collet et le méristème est ainsi détruit en utilisant
un couteau ou la pointe d’une machette tout en creusant un trou de 5 cm de
diamètre au centre du pseudo tronc.
Quelques semaines après, on observe
les jeunes repousses qui ne sont que le résultat du développement des bourgeons
latéraux.
Les jeunes pousses
issues de la décapitation complète
IV. LES METHODES DE SOUCHE DECORTIQUEE OU LA MACRO PROPAGATION
Les Méthodes de souche
décortiquée comprennent: Souche entière,
Quartier de souche, Bourgeon excisé, Méristème perforé, et PIF (plant issus de fragments de
tige).
Les Méthodes de souche décortiquée
sont actuellement vulgarisées par l’IITA et ses partenaires à cause du nombre
de rejet qu’elles produisent, l’uniformité dans la croissance lorsque ceux-ci
sont établis en champ et le moindre risque de contamination par les agents
pathogènes et maladies si et seulement si les principes de base sont respectés
au départ, il s’agit donc de :
-
Un bon choix de rejet ballonnets à multiplier
(sains)
-
Stériliser ces matériels de multiplication après
parage
-
Stériliser la sciure de bois qui est généralement
le substrat utilisé dans le germoir.
Ces techniques sont simples, faciles
à établir avec un minimum d’investissement pour installer les germoirs et
l’ombrage pour sevrer les plantules.
IV. 1. LES ETAPES DE LA MACRO
PROPAGATION
A. Constriction des germoirs
Les germoirs doivent être construit
sous l’ombrage de 50% suivant 1,2m x 5m x 1m de hauteur et bien protégés, ils
doivent rester propres et complètement couvert avec du plastique transparent.
L’humidité et la température doivent
être contrôlé pour qu’il ait une bonne reprise.
Construction
en matériaux durable Construction en planche
B. Remplissage des germoirs
Les germoirs doivent être remplis à
¾ avec de la sciure de bois bien stérilisée à vapeur.
Toutes fois il est à noter que dans
des milieux où l’on ne peut pas trouver de la sciure de bois, on peut aussi
bien utiliser d’autres substrats (son de riz, parche du café et le sable) à condition qu’ils soient aussi bien
stérilisés avant utilisation,
Une chambre humide remplie à ¾ par la sciure de
bois après stérilisation à vapeur.
C. Choix et types de rejets à utiliser
Les rejets baïonnettes sains des
variétés préférées sont les plus recommandés, toutes fois, les plantes prêtes à
produire ou en production indemne des maladies et qui ne sont pas infectés par
les charançons et nématodes peuvent également
être utilisées.
Un tas des
rejets avant parage Les
rejet parés et lavés prêts pour la stérilisation
C.1. Les techniques et type de rejets correspondants
- PIF: Rejets en cônes, la
propagation se fait par la manipulation du méristème apical.
- Méristème perforé: Grands rejets,
la propagation se fait par la manipulation des bourgeons lateraux.
- Bulbe entier, Bulbe fragmentée et
Bourgeons excisés: Tige mère, la propagation se fait par manipulation des
bourgeons.
D. La préparation des rejets et la mise en germoir
Les rejets sains récoltés sont
pellés (parage) pour enlever les racines ensuite lavés pour enlever les débris
de plante et de la terre.
D.1. Stérilisation avec la fongicide
Les feuilles supérieures sont enlevées à 2mm de la base de bulbe avec un
couteau tranchant pour exposer tous les bourgeons et/ou le méristème.
Les bulbes ainsi préparés sont stérilisés
à leur surface dans une solution de fongicide pendant 20 minutes.
Les bourgeons exposés sont scarifiés
à l’aide de la pointe d’un couteau tranchant.
Les bulbes ainsi préparés sont
séchés sous l’ombre pendant 24 heures avant d’être plantés dans des chambres
humides (serre).
D.2. Stérilisation avec l’eau
bouillante
Après Parage, les bulbes parés sont
plongés dans l’eau bouillante pendant 30 secondes avant le décorticage des
feuilles.
NB : Le dépassement de 30
secondes de stérilisation dans une eau bouillante risque d’endommager les
bourgeons.
Les feuilles supérieures sont en suite enlevées à 2mm de la base de
bulbe avec un couteau tranchant pour exposer tous les bourgeons et/ou le
méristème.
Les bourgeons exposés sont également
scarifiés à l’aide de la pointe d’un couteau tranchant.
Avec les
méthodes de bulbe entier, tout le bulbe est planté dans le germoir ou fragmenté
en 2 ou plusieurs fragments.
Bulbe entier prêt à la plantation Deux fragments de bulbe prêt
à la plantation
Avec les bourgeons excisés, les
bourgeons sont prélevés en petites portions d’environ 50 à 100g chacun avant la
stérilisation, la scarification et la plantation.
Les bulbes ainsi préparés sont
plantés de 5-10cm d’intervalle dépendamment de la grosseur des bulbes et couvertes
avec une couche de sciure de 2cm.
Les fragments de PIF sont plantés de
telle sorte que la partie sectionnée soit en haut.
Le germoir doit être bien arrosé
immédiatement et après, l’arrosage est effectué 2 à 3 fois par semaine
dépendamment de l’humidité du milieu. Les pousses sont observées 3 à 4 semaine
selon la variété et les conditions climatiques.
E. Préparation du substrat
Le substrat est préparé en avance, la
terre noire mélangée avec la sciure de bois et du fumier de matière organique
composée à 6:3:1 est préférable.
Le substrat mélangé est stérilisé
pendant 12 heures dans un fut. Un fut d’huile modifiée en ajoutant en
croix de barre de fer à 20cm de sa base.
Après stérilisation, le substrat
doit se refroidir pendant 24 heures avant l’utilisation.
NB : Pour les raisons suivantes
il est conseillé d’utiliser la sciure du bois non mélangée :
- Réduction de temps de stérilisation
du substrat
- Limitation des agents pathogènes (les
micros organismes)
- Eviter le compactage du substrat qui
peut rendre difficile les manipulations.
- Les réserves se trouvant dans les
bulbes suffisent pour nourrir les jeunes repousses jusqu’à la période du
sevrage.
F. Gestion de germoir
-
L’arrosage
est fait en temps nécessaire (deux à trois fois par semaine selon le besoin)
-
Les plantules
plus grandes sont re-scarifiées pour obtenir des plants secondaires
-
Les plantules
ayant plus de 2 à 3 feuilles sont sevrées et mises en pots ou dans le milieu
favorisant le développement racinaire
-
Le germoir
doit rester propre et toujours couvert.
-
Pas
d’application d’engrais
-
Traiter
contre les pestes (insectes et champignons).
Travaux de la
deuxième scarification
G. Séparation ou sevrage des plantules est conditionnement racinaire
Les plantules sevrées avec les racines sont plantées directement dans les pots alors que les plantules sevrées sans racines sont mises en milieu favorisant le développement racinaire pendent 2 semaines.
Les plantules
issues d’un méristème scarifié
Les plantules après séparation
Les plantules sevrées sans racine mises dans Les plantules sevrées avec plus de trois
Les conditions favorisant l’enracinement racines sont mises en terre dans les pots.
H. Acclimatation
-
Utiliser 17
cm x 24 cm pots noirs pour remplir le substrat
-
Acclimatation
des plantules sous serre se fait à une température atmosphérique de 25-27 oC
-
L’ombrillère
doit avoir 2m de hauteur pour faciliter la gestion et l’ensoleillement
-
L’arrosage se
fait 3 à 4 fois par semaine selon le climat.
-
Les conditions d’acclimatation dans les pépinières après sevrage
I. Déplacement des plantules vers le champs
Le déplacement des plantules du pépinière ou le lieu d’acclimatation vers le
nouveau champs ou le point de vente se
fait en utilisant des brouettes, bassins ou cartons si la distance n’est pas
longue et dans les cas contraire, le déplacement se fait au moyen d’un véhicule
(camionnette) ce dernier permet aussi bien de déplacer une grande quantité en
un seul tour sans moindre risque d’endommager les jeunes plants.
J. La plantation
Le terrain est préalablement préparé en creusant de trous de 40cm de
longueur, 40cm de largeur et 40cm de profondeur, dans les quels on met 10kg de
fumier de ferme bien décomposé ou du compost.
Les plantules sont en suite placées dans les trous et bien couvert par le sol jusqu’au collet en
commencent par la couche superficielle.
Quelques semaines après l’installation ou la mise en place, le paillage est
recommandé.
K. Les étapes
intermédiaires
Etapes
|
Périodes
|
1ère scarification
|
4-5 semaines selon le
climat et variétés
|
2ème scarification
|
2 - 3 sémaines
|
Sevrage et enracinement
|
2 - 3 semaines
|
Acclimatation
|
4 – 7 semaines
|
NB : Les plantules
sont prêtes pour la plantation entre
12-18 semaines à partir du jour de l’installation.
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